Le Karaté, comme la plupart des Arts Martiaux, est subordonné aux lois de la physique et chaque déplacement, chaque position, chaque technique doit répondre à certains critères pour l'obtention d'un maximum d'efficacité.
Les postures nous ont étés transmises à travers les siècles pour répondre à un maximum de situations dans un but unique : « survivre » quel que soit l'attaque (ou les attaques). Quelques-unes ont évoluées pour s'adapter aux nouvelles formes de combat mais toutes allient force, équilibre et mobilité. Ces trois notions ne peuvent être dissociées. Ce sont les clés du combat. Un combat ne doit pas être vu comme quelque chose de « loyal », avec ou « sans règle » (de toute façon, dans ce dernier cas, nous avons les mêmes), un contre un. Si les champs de bataille ne sont plus d'actualité, les agressions actuelles n'ont rien à leur envier.
Une position est un cliché pris à un instant « T » mais en aucun cas quelque chose de fini. C'est la suite d'un déplacement qui en précède un autre puis un autre... la fluidité de cet ensemble, sans début ni fin, va passer par un contrôle harmonieux de notre corps dans l'espace. Tâche difficile, mais nous avons tout notre avenir pour y travailler.
Chaque posture possède ces caractéristiques qui vont lui donner son « pouvoir ». Ce sera souvent un compromis de l'idéal utilisé pour la défense, l'attaque ou l'esquive. Le travail de chacune d'entre-elles, en Kihon avec ou sans technique, ne doit pas nous faire oublier l'essentiel : force, équilibre, mobilité.
Un facteur supplémentaire que la physique ne peut appréhender, va s'ajouter aux multiples éléments : l'esprit, toujours dirigé vers l'avant. Mais ce n'est pas le sujet de cette page.
Chokuritsu-fudo-dachi | Hachiji-dachi | Heiko-dachi | Heisoku-dachi | Musubi-dachi |
Renoji-dachi | Shizentai | Teiji-dachi | Uchi-hachiji-dachi | Yoi-dachi |
Hachiji-dachi ou Yoi-dachi
C'est une position naturelle et préparatoire à l'exécution d'une technique. On est debout et détendu, talons écartés de la largeur des hanches, orteils ouverts vers l'extérieur. Le poids du corps est réparti équitablement sur les deux pieds. Elle est généralement adoptée au début et à la fin d'un Kata. Attention à ne pas trop écarter les pieds et ne contracter que légèrement les abdominaux.Le reste du corps est détendu. |
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Heiko-dachi
Position d'attente équilibrée avec le bord externe des pieds parallèles. Les talons sont situés à la verticale des hanches et les orteils dirigés vers l'avant. |
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Heisoku-dachi
Position avec les pieds parallèles. Les talons ainsi que les orteils sont joints, le corps est droit et les jambes ne sont pas complètement tendues. Cette posture d'attente est souvent utilisée dans les Kata. Elle permet des déplacements multidirectionnels rapides. |
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Musubi-dachi ou Chokuritsu-fudo-dachi
C'est une position d'attente. Les talons sont joints et les orteils ouverts vers l'extérieur. C'est la position que l'on adopte lors du salut debout (Ritsu-rei). |
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Renoji-dachi
Position assez proche du Teiji-dachi, mais ici l'axe du pied avant passe par le talon du pied arrière formant ainsi un « L ». |
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Shizentai
Posture naturelle. Cette position est celle du Karatéka confirmé. Comme le signale un des préceptes (le 17ème) de Maître Funakoshi : Kamae wa shoshisha ni, ato wa shizentai - « Pour les débutants prendre la garde, plus tard tout doit partir de la posture naturelle ». |
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Teiji-dachi
C'est une position naturelle, telle Shizentai. Un pied est légèrement avancé formant un angle droit avec l'autre et l'axe qui passe par ce pied avant est dirigé vers le milieu du pied arrière pour former un « T » renversé. Le buste est de ¾ et offre une surface très réduite à l'adversaire. Renoji-dachi est une posture très proche du Teiji-Dachi. |
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Uchi-hachiji-dachi
Position proche de Hachiji-dachi avec les talons à la verticale des hanches et les doigts de pied dirigés vers l'intérieur. Les genoux suivent la trajectoire des pieds et font se resserrer les cuisses, protégeant ainsi les parties génitales. Cette posture permet une bonne mobilité ainsi qu'une bonne protection. |
Ensei-dachi
Position accroupie sur les orteils. Elle permet d'esquiver une attaque de poings ou éventuellement de pieds (attaque circulaire) au niveau Jodan en se baissant et de contre-attaquer de façon inattendue. Les cibles privilégiées sont les parties génitales, un amené au sol via une saisie de la cheville d’une main et poussée au niveau du genou de l’autre ou encore une remontée brutale du corps pour une attaque passant sous la garde adverse. |
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Fudo-dachi ou Sochin-Dachi
Fudo signifie « indéracinable ». C'est une position très représentative du Karaté de bon niveau. Cette position à la fois forte et mobile est celle du combattant. Elle est un excellent compromis entre toutes les postures de base prédestinées soit à l'attaque soit à la défense. La répartition du poids du corps est faite équitablement sur les deux jambes et offre une très grande mobilité.
Il existe cependant une petite différence entre Fudo et Sochin pour le courant JKA (Japon Karaté Association – crée en 1949) représenté par Maître Taiji Kasé (1929-2004) alors que le courant SKI (Shotokan Karate-do International) représenté par Maître Hirokasu Kanazawa (1931-2019) semble ne pas dissocier ces deux positions. |
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Gyaku-zenkutsu-dachi
La position des jambes est celle du Zenkutsu-dachi mais le corps est de profil et le regard dirigé vers l'arrière. |
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Hangetsu-dachi
Position très large typique du Kata Hangetsu « demi-lune ». Cette position est très similaire au Fudo-dachi mais les pieds sont exagérément écartés. C'est un compromis entre le Zenkutsu-dachi et le Sanchin-dachi dont elle est issue. La tension des genoux est orientés vers l'intérieur. C'est une position très forte et très stable. |
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Jigo-dachi
C'est une position accroupie, un genou au sol et l'autre relevé comme une des phases intermédiaires du Seiza. Les deux pieds sont sur la même ligne et on s’assoit sur le talon arrière.
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Kiba-dachi
Position dite du « cavalier de fer ». Comme son nom l'indique, c'est une position très stable et très forte mais difficile à tenir pour le néophyte. Le corps repose équitablement sur les deux pieds fortement écartés et parallèles. Les talons et les genoux sont poussés vers l'extérieur et le bassin légèrement en rétroversion. Le buste droit permet une orientation de la tête de 180°, une vision à 360° sans déplacement et des changements multidirectionnels rapides. |
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Kokutsu-dachi
C'est une position vers l'arrière plus appropriée à la défense. Les deux talons se situent sur une même ligne, le pied avant dirigé vers l'avant et le pied arrière à 90° par rapport à la ligne de déplacement. Les genoux doivent être dirigés vers leur pied respectif en évitant les genoux « rentrants ». Le poids du corps est réparti pour 30% sur l'avant et 70% sur la jambe arrière. En règle générale, elle nous donne le sentiment d'être « assis » sur le talon arrière. Cette position permet en autre une frappe rapide du pied avant simultanément à la technique de défense. |
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Moto-dachi
C’est une position de base, souvent appelé « petit Zenkutsu-dachi ». Le buste est légèrement de ¾ et le poids du corps sensiblement réparti sur les deux jambes, pratiquement droites. Les pieds sont parallèles et leur écartement correspond à la largeur des hanches. |
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Naihanchi-dachi
Aussi Naifanchi-dachi. Position apparentée au Kiba-dachi mais avec un écartement des pieds de moindre amplitude. L’attitude générale est celle d’un cavalier sur son cheval. La position est stable et forte et permet de répartir le poids du corps de façon équitable sur ses deux pieds. Ces derniers ont les orteils légèrement dirigés vers l’intérieur, les genoux sont poussés dans la même direction que les orteils et le bassin en rétroversion. Le buste reste droit. Cette position permet au combattant d’intervenir aussi bien de face que latéralement. |
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Neko-ashi-dachi
C'est une position défensive dite la « posture du chat ». Le poids du corps est essentiellement supporté par la jambe arrière, légèrement fléchie. Le pied de la jambe d'appui est dirigé à environ 45° vers l'extérieur et le pied avant, quant à lui, talon fortement relevé, repose à peine sur les orteils. Cette position assure une grande mobilité des hanches et, comme le Kokutsu-dachi, une attaque vive de la jambe avant. |
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Sanchin-dachi ou Seisan-dachi
Position dite du « sablier » (orteils vers l'intérieur). Elle est issue de la boxe chinoise et est tout à fait appropriée aux techniques puissantes nécessaires aux combats rapprochés. C'est la position de l'ancien Kata Seisan. Les genoux fortement resserrés protègent les parties génitales. Cette posture permet une excellente mobilité, aussi bien du buste que des pieds et offre ainsi vision et protection sur pratiquement 360°. |
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Shiko-dachi
C'est la position du Sumô. C'est une variante du Kiba-dachi avec les pieds tournés à environ 45° vers l'extérieur. L'intégration de cette position dans le Karaté vient certainement de son utilisation dans les combats de Sumotori. |
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Shimoku-dachi
Position de combat de l’ancien Okinawa-te. Elle correspond au Kokutsu-dachi du Shorin-ryu, entre autres. La forme générale est celle d’un Zenkutsu-dachi inversé. Le pratiquant fait face à son adversaire avec la jambe tendue dans sa direction alors que le genou de la jambe fléchie pointe dans la direction opposée. La transition vers une posture plus offensive est grandement favorisée et les contre-attaques possibles deviennent très fluides grâce à la mobilité des hanches.
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Zenkutsu-dachi
Position fente avant très basse. Dans l'idéale le travail dans cette position devrait d'effectuer avec les hanches à la même hauteur que les genoux. Le Zenkutsu-dachi est une des positions fondamentales du Karaté Shotokan. Sa force réside dans le fait que toutes les parties du corps sont « poussées » vers l'avant, l'esprit y compris. Les deux pieds sont sur deux lignes bien distinctes passant à la verticale des hanches. Le genou de la jambe avancée se situe au-dessus des orteils et la jambe arrière est tendue. Le pied avant est dirigé vers la ligne de déplacement et le pied arrière entre 30 et 45° vers l'extérieur. Les genoux suivent la direction du pied respectif. Le corps, comme pour toutes les autres positions est droit. |
Ippon-ashi-dachi
Position sur une jambe exclusivement. Contrairement à Sagi-ashi-dachi où la jambe levée reste appuyée sur l'articulation du genou de la jambe d’appui, la jambe levée reste totalement « flottante ». |
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Kosa-dachi ou Kake-dachi
C'est une position pieds croisés. Le pied avant est dirigé vers l'avant tandis que le pied arrière, talon levé, vient se placer derrière lui. Les jambes sont pliées et fermement collées l'une à l'autre afin de pouvoir exécuter des techniques puissantes. Le poids du corps est pratiquement supporté par la jambe avant et le buste est de ¾ ou de face alors que le pied arrière sert de stabilisateur. On retrouve cette position dans quelques Kata tels Heian Yodan, Heian Godan et Bassai Dai. |
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Sagi-ashi-dachi ou Tsuru-ashi-dachi ou encore Gankaku-dachi
Position de combat de la grue sur un seul pied. Le pied qui est levé, prêt à frapper, vient se positionner soit dans le creux poplité du genou de l'autre jambe, soit en avant de ce même genou. Cette position existe dans certains Kata tel Gankaku. |
Bassai Dai : C'est la grande version du Kata Bassaï « Pénétrer une forteresse ». C'est un Kata clé du Shotokan dont sont issues tous les Heian. Pour plus d'information, se référer à la page du Kata.
Gankaku : Ce Kata dont le nom peut se traduire « la Grue sur le rocher » est d'origine ancienne et nous vient probablement de la boxe chinoise du style du Héron. Un de ses points forts est la recherche de la puissance en équilibre sur une jambe. Pour plus d'information, se référer à la page du Kata.
Hangetsu : Hangetsu (demi-lune) vient des mots japonais « Han » qui veut dire demi et « Getsu » qui veut dire la lune. Ce Kata est le seul Kata respiratoire de l'école Shotokan. Selon Maître Funakoshi il tiendrait ses origines d'un ancien Kata appelé « Seisan » dont la position type est Sanchin-dachi. Pour plus d'information, se référer à la page du Kata.
Heian Godan : Le cinqième et dernier de la série des Kata Heian « esprit paisible ». Pour plus d'information, se référer à la page du Kata.
Heian Yodan : Le quatrième de la série des Kata Heian « esprit paisible » qui en compte cinq. Pour plus d'information, se référer à la page du Kata.
Jodan : Niveau haut correspondant au cou et à la tête (au-dessus des épaules).
Kihon : Entraînement de base des Arts Martiaux traditionnels. Les techniques, positions et déplacement sont généralement étudiés dans « le vide » sans partenaire.
Mae-te : Coup de poing sec et rapide donné de la main avant sans déplacement ou à partir d'un pas glissé.
Ritsu-rei : C'est un salut qui s'effectue en position debout, talons joints, pieds écartés, colonne vertébrale bien droite, les épaules basses, détendues, et les mains ouvertes avec les paumes le long des cuisses et les doigts serrés. Il est réalisé dans de nombreuses situations : en entrant et en sortant du Dojo, avant et après le travail avec un ou plusieurs partenaires, lors de la présentation des Kata,... Pour plus d'information, se référer à la page du Rituel traitant le Ritsu-rei.
Seisan : Kata d'origine chinoise, importé dans l'ile d'Okinawa en deux versions vers le milieu du XIXème siècle. Kanryo Higaonna (1853-1916) apporta sa version au style Goju-Ryu et Kanbun Uechi (1877-1948) pour le Uechi-Ryu. Une troisième version, peut être plus ancienne, connu de Anko Itosu (1830-1915), et enseigné à Gichin Funakoshi, est à l'origine du Kata Hangetsu.
Shotokan : Un des styles de Karaté Okinawaïen, tirant ses origines de la boxe chinoise, très largement diffusé au Japon par Gichin Funakoshi dès 1922. Le terme « Shotokan » est apparu en 1938. Il vient de son nom de calligraphe «Shôtô » (bruissement de la pinède) et « Kan » signifiant maison ou Dojo. Pour plus d'information, se référer à la page de l'historique du Shotokan.
Sumô : Désigne le sport traditionnel de lutte d'origine japonaise et aux racines chamanique. Le combat se déroule au centre d'un cercle. Le but étant d'en faire sortir l'autre lutteur.
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