En sortant de la gare de Makishi, nous entrons dans un univers presque irréaliste sur Okinawa. Des couleurs vives à perte de vue, nous sommes dans la « Rue internationnale » ou Kokusai Dori. Sur près de 2 km, les boutiques, restaurants, cafés et hôtels se succèdent dans une ambiance estivale ou musiques et parfums réjouissent nos sens. C’est la rue principale de Naha et les gens s’y pressent (sans bousculade, nous sommes sur une île réellement civilisée et non en France) pour faire leurs emplettes ou découvrir les spécialités vestimentaires, culinaires, etc...
Ici encore, la propreté est exceptionnelle. Pas un papier, pas une cannette, pas un mégot de cigarette ou une sculpture canine « oubliée » par son maître. Pour la cigarette, c’est presque normal car toute la rue lui est interdite. Ils sont forts ces insulaires d’autant plus que ce règlement à l’air d’être suivi à la lettre.
Cette rue porte bien son nom. De nombreuses ethnies se côtoient : okinawaïens, américains, français (et oui nous n’étions pas les seuls), coréens, vietnamiens, des indéfinissables et pour beaucoup des chinois et japonais (du Japon). Nous y avons croisés également de nombreux groupes d’écoliers et écolières en uniformes et, chose étrange, il semblerait que les filles et les garçons ne se rassemblent pas dans leurs sorties. Ici et là, des joueurs de Sanshin présentaient leur talent avec les trois uniques cordes de ce luth original.
Débouchant sur Kokusai Dori, trois artères couvertes, un peu façon ancienne gare, nous dévoilent une flopée de petites boutiques serrées les unes aux autres ou nous trouvons vraiment de tout : souvenirs, confiseries, biscuiteries, produits locaux à déguster sur place, vêtements « standards » et traditionnels, alcools (Awamori pour l’essentiel), étals complets de Shisa « customisés » et bien plus encore. Ici, aucune place n’est perdue. Quelques unes de ces échoppes ressemblent plus à des couloirs aménagés ou il est difficile de se mouvoir, surtout avec un sac sur le dos.
Ces trois longues et larges allées se rejoignent, de temps à autres, par de minuscules passages à peine visibles et tout aussi encombrés.
Certains de ses stands étaient sans surveillance, à la merci de vols éventuels. Cela me semblait inconcevable tant mon esprit d’européen est marqué par les abus de mes concitoyens qui ne manquent pas une occasion de m’alléger du peu que je possède. Eh bien NON !, la confiance qui règne à Okinawa est renversante et tellement humaine que je me pose des questions sur notre génétique cupide.
Nous sommes entrés dans de nombreuses boutiques, quelques fois seulement par curiosité, et le même accueil nous attendait. Les commerçantes, ce sont essentiellement des femmes qui tiennent ces stands, nous accueillaient « à bras ouverts », avec sourire et respect et nous proposaient de goûter leur produits locaux quand bien même nous n’étions ici que par curiosité. Si nous achetions quelque chose, aussi minime que soit notre achat, elles nous mettaient un petit quelque chose, confiseries ou babioles, en plus dans le sac et nous avions droit à tout un cérémonial de remerciements et de salut respectueux même déjà sortis de leur échoppe.
Une boutique, non, un couloir nous fit découvrir un artisan en pleine création d’un pochoir (Katagami) qui servira à teindre probablement des écharpes. Nous restâmes une petite demi-heure admiratifs devant sa dextérité même si quelques gestes nous laissèrent dubitatifs.
En poursuivant notre balade dans la rue Ichiba Chuo, une des rues couvertes, nous arrivâmes au marché de Makishi ; Makishi Ichiba comme l’appelle les gens d’ici ou « la cuisine de Naha ». Ce dernier nom tient du fait que l’on peut acheter sa viande ou son poisson sur les étals du rez-de-chaussée et les déguster dans les nombreux restaurants du premier étage qui acceptent volontiers de vous les préparer, contre quelques centaines de Yens. Le marché de Makishi est le centre stratégique du commerce de Naha. C’est parmi ce dédale d’allées que sont vendus les produits frais d’Okinawa. Nous y trouvons tous les aliments qui font la richesse de la cuisine de l’île : légumes et fruits exotiques, thé, tofu et algues, poissons de toutes tailles aux couleurs chatoyantes (poissons-perroquets, diodons, gurukun,...) et coquillages énormes, écrevisses et homards démesurés, crabes et poulpes et bien entendu l’ingrédient essentiel : le porc. Notre maxime « dans le porc tout est bon » doit avoir ses sources à Okinawa car même la tête, les pieds et les oreilles coupées en fines lamelles sont mis en valeur sur les comptoirs.
Une petite partie de Kokusai Dori, nettement moins « tape à l’œil », nous offre une promenade simplement plus Zen.
Nombre de visites : 4 061 535 | Réalisation (Décembre 2012) et Mises à jour effectuées par Claude Vuichoud | (Date de Modification : 06/12/2024) |