Définition | Historique | Les transformations | Les Kata Shotokan | Clé de la Connaissance | La pratique | Terminologie |
Un Kata est un ensemble de techniques enchaînées représentant un combat multidirectionnel (réel) contre plusieurs adversaires (imaginaires). Un Kata n'est pas uniquement un ensemble de formes, mais un système complexe ou sont codés des connaissances plus larges. Toutes les solutions propre aux combats avec ou sans arme y sont représentées. Les Kata sont normalement exécutés seul mais il existe quelques disciplines ou ils s'exécutent avec partenaire.
La plupart des Arts Martiaux d'Extrême-Orient ont en commun ce mode de passation du savoir propre à l'école (ou au style). Les écrits techniques ne se sont réellement démocratisés qu'au XXème siècle. Avant, la transmission s'effectuait oralement de maître à disciple(s) et il n'était pas rare que ces virtuoses du combat n'aient qu'un seul élève durant toute leur vie voire pas du tout d'où la perte irremplaçable de leurs connaissances. L'éducation à « grande échelle », de ce que nous appelons aujourd'hui « Karaté » ne commença qu'avec Ankô Itosu (1830-1915) au tout début du XXème siècle.
L'histoire des Kata remonte à la nuit des temps. Gardés, comme des trésors, au plus profond de l'esprit des Maîtres d'antan, ce n'est qu'avec parcimonie que ceux-ci dévoilaient leurs richesses aux rares élus de leurs écoles. Chaque Clan (ou famille) conservait jalousement les techniques qui faisaient leur renommée. Afin de mieux conserver leur patrimoine Martial (au sens propre, car les guerres et conflits faisaient leur quotidien) ces génies intégraient dans leur(s) Kata (ou forme(s)) des erreurs plus ou moins grossières que seuls des « clés » permettaient de déchiffrer. Sans ces dernières, toutes personnes à l'affût des « bottes secrètes » de leurs voisins se trouvaient en possession de quelque chose d'inutilisable voire dangereux en cas de combat. Ces clés n'étaient fournies qu'aux membres du Clan dont la confiance ne pouvait être remise en cause. Le nombre de Kata dépendait de l'école mais très souvent il n'en n'existait qu'un seul. Bien choisit, il était suffisant pour représenter le style de l'école (Ryu).
L'apprentissage des Kata s'effectuait donc étape par étape, lentement au rythme d'assimilation des disciples. Avares en explications, les Maîtres amenaient les élèves, dont le niveau de pratique le permettait, à en découvrir et comprendre les clés. Tous les Kata possédaient et possèdent encore « plusieurs niveaux de lecture » que les pratiquants découvrent au fur et à mesure que leur niveau augmente. Mais seule une pratique assidue et réfléchie permet de les découvrir.
Si Okinawa demeure le berceau du Karate-do, les influences chinoises ont fortement marquées son histoire durant plusieurs siècles, et à fortiori, ses méthodes de combat. Pour ce qui concerne le Karaté Shotokan de Maître Funakoshi, plus de la moitié des Kata tirent leur origine de la Chine et de la boxe chinoise (Quan-fa). Des modifications mineures et majeures sont intervenues depuis mais nous retrouvons encore aujourd'hui les traces de cette culture. Certaines positions du Kata « Gankaku » rappellent les positions du Bai-He-Quan ou boxe de la grue blanche. De même l'ouverture de Kanku Dai, les mains placées en triangle par le contact des pouces et index, bras tendus en avant du bas-ventre, se retrouve dans quelques saluts de boxe chinoise. Cette façon symboliserait la fleur de lotus représentant en Chine la pureté du cœur. Ailleurs, c'est la position du poing droit recouvert par la main gauche au début des Kata Jion, Jiin, Jitte ou Bassaï Dai que l'on retrouve dans le Jing Li (salut rituel de la boxe chinoise). Ce fut aussi le signe de reconnaissance, en 1664, de la rébellion des Ming contre les Mandchous en Chine.
Les plus grandes réformes ont commencé à l'époque de Sokon Matsumura (1800-1896). Ses connaissances dans le Bai-He-Quan (style de la grue blanche) apprises auprès de l'expert chinois Ason et celles du Nan-Quan de Iwha ajoutées à celles du Tode d'Okinawa qu'il maitrisait lui permirent de nous transmettre de nombreux Kata chinois, ou du moins d'origine chinoise (Naihanchi, Chinto, Seisan, Kushanku, Hakutsuru, Gojushiho) ainsi que deux autres de sa conception : Passaï et Chanan. Ce dernier, aujourd'hui disparu, serait à l'origine de nos cinq Heian.
Un des Disciples directs de Sokon Matsumura, Ankô Itosu (1830-1915) continua la réforme de ce patrimoine ancestral afin de faire accepter le Karaté comme discipline d'éducation physique dès l'école primaire. Ainsi il découpa le Naihanchi de son Maître en trois Kata distincts, Naihanchi Shodan, Nidan et Sandan qui deviendront nos Tekki actuels. Il divisa également Kushanku (Kanku) en 3 autres Kata, Kushanku Dai, Sho et Shiho. Passaï subit le même sort, il en sorti Passai Sho et Dai (nos Bassai Sho et Bassai Dai). Il fut aussi à l'origine de Rohaï (Meikyo). Il créa, en 1905, les 5 Pinan (les 5 Heian actuels) dans le but de simplifier l'apprentissage du Karaté au plus grand nombre.
Une réforme importante dans l'exécution de certains Kata fut de remplacer les techniques mains ouvertes en techniques poings serrés, les premières jugées trop dangereuses pour un enseignement scolaire. Petit à petit, ces Kata perdirent leur caractère Martial au profit d'une qualité éducative.
Gichin Funakoshi, élève d'Ankô Itosu, commença dans les années 1930, à transformer, non pas le contenu des Kata mais leur nom pour les rendre plus admissible par les japonais qui avaient encore quelques difficultés à accepter la culture venue de Chine. Les idéogrammes japonais remplacèrent ceux chinois.
Voici ces transformations :
Yoshitaka Funakoshi, un des fils de Gichin Funakoshi communément appelé Gigo, effectua d'autres changements majeurs. Entre autres, il abaissa le centre de gravité des positions et développa des attaques plus longues. Souvent envoyé à Okinawa par son père, il apprit, pendant ses séjours sur l'île, d'autres Kata qu'il ajouta à la liste du Shotokan. Le Kata Sochin (« force tranquille ») fut vraisemblablement un de ceux-ci. Dans Kanku Sho, il introduisit un saut dans la phase finale du Kata. Il fut également à l'origine des trois premiers Kata Taikyoku, destinés à fortifier le corps des pratiquants tout en restant très proche du combat.
Nijushiho (« 24 pas ») et Gojushiho (« 54 pas »), initialement enseignés dès 1922 par Gichin Funakoshi puis « abandonnés » furent réintroduit un peu plus tard par Masatoshi Nakayama. Ce dernier fût probablement à l'origine de l'introduction du Kata Unsu (« Main en nuage ») dans le style Shotokan.
Toutes ces transformations ne sont pas nécessairement négatives. Si un Kata originel a évolué pour arriver jusqu'à nous, il est le résultat d'expériences de pratiquants hors pair, qui ont su l'adapter à une époque en constante mutation. Quand bien même sa transmission serait effectuée avec des erreurs, il en restera toujours quelque chose de la personne qui l'a créé.
Aujourd'hui, il en est un peu différemment, en effet la compétition sous toutes ses formes a abolit petit à petit la forme martiale (quelque que soit l'époque de référence) du Kata pour quelque chose de plus visuel, de plus « artistique », spectaculaire. Le puriste va devoir s'armer de patience pour séparer le bon grain de l'ivraie. Dieu merci, il en existe encore un petit nombre qui tentent de protéger ces « trésors infinis », de les transmettre, à contre-sens des tendances, à un auditoire de plus en plus réduit.
Le Ten-no-Kata : « Kata du ciel »
Les 6 Taikyoku : « la première cause »
Les 5 Heian : « esprit paisible »
Les 3 Tekki : « guerrier armé chevauchant son cheval »
Les 2 Bassaï : « traverser / pénétrer la forteresse »
Les 2 Kanku : « regardez le ciel / le vide »
Les 14 Kata Supérieurs
Comme on peut regarder sans voir, écouter sans entendre, on peut « faire » un Kata sans le vivre. C'est alors la reproduction inutile d'une chose morte, sans signification. Ce que l'on voit le plus souvent, parce qu'on ne s'attache qu'a la forme extérieure ou à la performance sportive. En réalité le Kata, à travers un certain langage du corps, exprime quelque chose d'essentiel; il doit permettre de retrouver quelque chose d'intérieur, de profondément enfoui en soi, une unité corps-esprit de l'homme, perdu à mesure qu'il a perdu son animalité. Ce n'est pas seulement, à travers des gestes de défense et d'attaque soigneusement codifiés et dépouillés, une manière de réconcilier le corps avec lui-même. Bien plus, en favorisant un jaillissement quasi viscéral d'une énergie fondamentale, occultée par la vie moderne, le Kata est une voie d'accès à une sensibilité venue d'un autre âge, qui débouche sur une meilleure compréhension des êtres et des choses. A ce niveau, il n'est pas moins qu'un psychodrame qui puise ses racines dans le patrimoine humain universel ; il y a en lui du mime de scènes primitives ou sacrées, des imitations animales, de la danse guerrière réservée autrefois aux princes et aux prêtres; il est fait d'allusions, d'images brèves resurgies du fond de la mémoire, de rythmes aussi, référant à quelque chose dont on n'a plus souvenir et qui semble remonter à l'aube des temps. Le Kata, c'est une histoire, avec un début et une fin, plusieurs niveaux de lecture et d'interprétation, des potentialités à l`infini, c'est un cheminement créateur d'émotions, comme ces musiques sacrées qui finissent par imprégner le corps jusqu'à la moelle des os pour le faire communier avec ce que les initiés appellent « l'ultime Vérité ».
Mais ne décrypte pas qui veut. Il y a une trame évidente mais aussi des fausses pistes, laissées là pour induire en erreur ceux qui ne savent que copier et qui ne doivent jamais avoir accès à l'essentiel. Il y a un côté caché (Okuden), secret, dans le Kata, des lacunes dans les enchaînements, laissées là volontairement, brouillard pour qui ne doit pas avoir accès à l'Essence, rendant les interprétations actuelles (Bunkai) fragiles. Le Kata n'est pas seulement une chorégraphie de combat, aux finalités strictement physiques. Il est un peu ce qu'est le Koan pour le Zen : un processus de déstructuration de la pensée discursive, un rébus d'où peut venir le Satori, la brutale prise de conscience, l'illumination à l`instant où l'on s'y attendait le moins, engagé tout entier dans la violence de l'action. Le Kata, étudié sous son angle le plus hermétique, est une sorte de révélateur, un moyen de conditionnement qui fera, ou ne fera pas si on ne lui laisse pas le temps d'agir en profondeur, que ce « hasard » arrive. Ce conditionnement opère au niveau mental (degré de complexité des situations et des techniques, d'où l'accélération de la pensée, concentration de la volonté puis action instinctive, à la limite détachement du résultat initialement recherché) ainsi qu'aux niveaux physique et physiologique (degré de difficulté des techniques, rythme imposé par les changements de situation d'où succession d'accélérations ou de détentes au niveau respiratoire et cardiaque, rythme contrariant également le flux de la pensée « classique », utilisée dans les circonstances habituelles de la vie).
Le Kata d'origine ancienne, que l'on peut qualifier de « classique » est un « trésor infini ». Il y a dans cette expression, deux notions très précises : celle de « trésor » (donc quelque chose qui vient du passé et dont la découverte peut changer une vie) et celle « d'infini » (parce que le contenu réel du Kata n'est pas « fini », parce qu'il n'est qu'un contenant qui renferme quelque chose qui ne peut pas vraiment s'enfermer...).
L'enseignement de Gichin Funakoshi était essentiellement basé sur l'apprentissage des Kata et de leurs applications (Bunkai). C'est de ces dernières qu'est tirée toute la richesse du Karaté. Bien sûr aujourd'hui, vivant dans un monde pressé, la pratique s'est vue agrémentée de nombreuses choses. Le combat est venu s'implanter dans tous les Dojo et pour certains monopolise toute l'attention des élèves au détriment de la technique. Les formes d'apprentissage ont également évoluées, une séance de Karaté est maintenant un ensemble plus ou moins cohérent ou s'amalgament musculation, étirements, endurance, techniques (Kihon), combats (Kumite), Kata et parfois philosophie... Le tout sur une durée de 1 à 2 heures par entraînement. Il est certain qu'une séance basée sur un simple Gyaku-zuki ou sur l'exécution d'un Heian Shodan risque fort de faire fuir toute l'école vers d'autres structures ou l'apprentissage est plus varié. Donc pour la pérennité de la discipline, adoptons une démarche moins drastique et faisons pour le mieux en espérant trouver la perle rare qui pratiquera de façon honnête (avec lui-même).
Au début du Shotokan, tout le monde demandait à Maître Funakoshi combien de Kata il connaissait, quel était le prochain et ainsi de suite. J'ai vécu la même chose quand j'ai commencé à enseigner en dehors du Japon. Beaucoup de gens venaient juste pour mémoriser l'ordre des Kata. Ils m'ont demandé combien de Kata je connaissais, et m'ont dit qu'ils connaissaient quelqu'un qui en savait 100. La même chose est arrivée à Maître Funakoshi quand il est allé à Tokyo et qu'il eut à dire qu'il en connaissait 60, 80 ou je ne sais combien exactement. Peut-être connaissait-il effectivement l'ordre de ces différentes formes, mais il savait aussi que l'objectif de la pratique des Kata n'était pas de mémoriser l'ordre des formes ou de faire une collection de plusieurs ordres et variations. Il savait aussi que tous les experts, les Maîtres d'Okinawa avant cette époque, ne connaissaient pour leur part qu'un petit nombre de Kata. Et ils s'entraînèrent avec ce petit nombre toute leur vie durant. Par conséquent, la plupart d'entre eux n'en connaissaient seulement qu'un ou deux. Peut-être Maître Funakoshi était-il une exception. Peut-être en connaissait-il dix, voire moins. Mais avant de quitter les îles d'Okinawa, il avait rendu visite à ses amis et à beaucoup d'experts et rassemblé plusieurs Kata, juste pour les présenter aux habitants de Tokyo quand il y était allé en 1922.
Quand il établit le Shotokan après plusieurs années, il dût être honnête avec ses élèves et dit alors que mémoriser l'ordre des Kata n'était pas la vraie pratique des Kata. C'est pourquoi, si vous ouvrez « Karate-Do Kyohan » de Maître Funakoshi, il présente comme une autocritique le fait d'avoir introduit beaucoup de Kata différents à Tokyo. Certains de mes seniors sont extrêmement heureux de cumuler plusieurs Kata différents et sont persuadés que c'est là la vraie pratique des Kata. J'ai vu cela plusieurs fois.
Le problème est que, si vous connaissez 40 ou 50 Kata, et même si vous pratiquez chacun d'eux seulement 2000 fois, vous avez toujours 100000 Kata à faire. Un Kata 2000 fois ne permet pas de maîtriser quoi que ce soit. C'est une mode que retenir beaucoup de Kata mais Maître Funakoshi pensait que ce n'était pas la bonne voie pour la pratique du Karaté. Aussi je garde ses mots dans « Karate-Do Kyohan », parce que j'ai eu la même expérience quand j'ai quitté le Japon. Maître Funakoshi disait que même nos 18 Kata, cela était peut-être de trop. Si vous retenez l'ordre des formes et si vous en pratiquez un ou deux en tant que votre Kata favori, c'est la bonne voie. Si vous pratiquez un Kata de cinq à dix mille fois, vous commencerez seulement à le comprendre. Effectivement, cela m'a pris pas mal de temps pour comprendre les formes de Tekki. Je ne peux pas dire si cinq ou dix mille fois suffisent, mais seulement qu'il est insuffisant d'en faire moins.
Les Kata étaient à l'origine la seule manière de pratiquer le karaté. Plus tard nous les avons divisés en techniques de base pour améliorer chaque posture, chaque mouvement de hanche, chaque blocage et attaque, ou pour apprendre comment frapper avec une jambe d'appui forte et ainsi de suite.
Puis nous avons voulu pratiquer les Kata avec des partenaires pour se préparer au combat réel, ainsi nous avons inventé les Kumite. Mais toutes nos bases, tous nos Kumite, tout vient des Kata. Avec un Kata on peut s'entraîner ensemble entre amis et on peut se pousser au-delà de ses propres limites. On peut également pratiquer des Kata pendant plusieurs années, même si, parfois, on n'a pas envie de s'entraîner à quoi que se soit. Si vous mémorisez l'ordre d'un Kata et si vous vous habituez à lui, si vous l'aimez, vous pouvez continuellement vous faire face et vous polir par la pratique des Kata. Au-delà d'un certain âge, je suis sûr que les plus anciennes ceintures noires se rendent compte que sans la pratique des Kata, ils ne pourraient plus continuer à pratiquer. De mon point de vue, il y a si longtemps que les Kata existent dans le Karaté en tant qu'art martial qu'on ne devrait pas inventer. Certaines exagérations de mouvements, extravagantes ou à la mode ne sont pas réalistes. Dans les années 40 ou 50, dans les Dojo universitaires au Japon, la plupart des instructeurs avaient tout juste 20 ans. Même s'ils étaient valables en Kumite, leur maturité en Kata ne l'était pas. Il y eut aussi quelques incompréhensions et une mentalité théâtrale les conduisit à exagérer certains mouvements des Kata. De nos jours il y a des compétitions de Kata où l'appréciation n'est pas d'un bon niveau et où les mouvements sont souvent faits plus lentement ou plus rapidement pour impressionner les juges ou l'assistance. Par exemple, les premiers mouvements de Heian Yodan sont devenus de plus en plus lents. Quand j'ai appris ce Kata, ces mouvements étaient à peine plus lents que ceux de Heian Nidan.
Nous devons nous rappeler clairement que chaque mouvement doit avant tout être réaliste. Nous ne pouvons pas apporter de modifications ou exagérer certains mouvements des Kata pour impressionner le grand public. Les instructeurs doivent s'assurer que chaque mouvement du Kata se conforme au livre de Maître Funakoshi et est exécuté exactement comme il l'indique. Mais vous serez surpris, il y a beaucoup de manques dans ces Kata. Cependant, nous les pratiquons comme Maître Funakoshi l'a écrit dans son livre, avec les bonnes choses et les parties incomplètes, plusieurs milliers de fois jusqu'à ce que nous les comprenions vraiment bien. Ces notes utilisent « Karate-Do Kyohan » comme référence. Le nombre des mouvements ici correspondent au nombre de mouvement dans le livre du maître.
Le Kata est un combat réaliste formalisé dans ses lignes exactes, aussi nous pouvons pratiquer chaque mouvement encore et encore. Nous devrions avoir des yeux stricts et forts pour nous regarder. Quel genre de posture sommes-nous en train de faire ? Dans quelle position est le pied arrière ? Si un adversaire balaye notre jambe avant, comment continuons-nous à combattre ? Et quand nous bloquons, est-ce réaliste devant un adversaire qui attaque avec des techniques particulières ? Quand nous exécutons une technique, est-ce la plus forte, le meilleur Kime (énergie focalisée) que nous pouvons faire ? Même quand nous faisons le Kata à plusieurs reprises, toujours dans les parties profondes de notre esprit, nous devons imaginer des situations de combat réalistes. Par exemple, combien de fois ai-je dit à quelqu'un de ne pas le faire, certains attaquent toujours avec les jambes ouvertes, l'estomac exposé, le cou exposé, le nez exposé, tous les points vitaux exposés.
Ainsi nous adoptons cette sorte de programme éducatif où nous devons toujours être conscients de ne pas exposer notre ligne centrale tout en restant sur la ligne. Le point le plus important à souligner est comment développer un esprit droit et fort avec les yeux. Regarder directement votre adversaire, pas de regard fuyant ou détourné. Ceci aidera à rendre l'esprit droit, fort et alerte. C'est pourquoi nous soulignons les yeux comme étant d'importance première. Quand nous trouvons les parties difficiles ou compliquées d'un Kata, nous devons les répéter de nombreuses fois. Certaines parties du Kata sont très faciles.
D'autres sont très difficiles. Si certaines parties du Kata vous rendent mal à l'aise, sélectionnez-les pour un entraînement spécial et répétez-les davantage par rapport aux parties faciles.
Nous nous observons toujours nous-mêmes pour nous rendre meilleurs. C'est le point important dans la pratique des Kata. Le début du Kata est le moment le plus important. Quand vous vous tenez en Shizentai ou une autre forme de Yoi, votre esprit doit être dans toutes les directions. En d'autres termes, vous n'avez aucune idée ou direction particulière, mais votre esprit est alerte. Puis, le moment ou vous commencez, votre sensation forte va au premier adversaire et vos yeux et hanches commencent à se déplacer dans cette direction. La première technique vient naturellement de ce premier mouvement. Et se rappeler que nous nous exerçons toujours pour une vraie situation ; j'espère que tous les seniors peuvent faire des Kata pas simplement dans le Dojo, mais n'importe où, où il y a de la place, sur un endroit rocailleux, boueux ou sur la plage. Naturellement, nous ne pouvons pas enseigner à des débutants dans un endroit rocailleux. Cette pratique est le projet personnel des seniors.
Quand nous répétons un Kata, ce n'est pas simplement pour mémoriser l'ordre de la forme. Nous devons digérer chaque mouvement, et ceci prend au moins plusieurs milliers de fois. D'abord nous apprenons par cœur l'ordre du Kata. Si vous le répétez 1000 fois, votre Kata deviendra bien meilleur qu'avant. Si vous le faites 2000 fois, votre Kata devient plus puissant, en même temps vous apprenez ce que nous faisons avec chaque technique. Si vous l'avez fait 3000 fois, votre Kata semble meilleur avec des blocages, des attaques et des techniques de jambes efficaces et réalistes. Alors nous commençons à apprendre non seulement des blocages et des attaques réalistes, mais le rythme et le tempo, la lenteur, la rapidité, la dureté et la douceur et où nous contractons et défendons notre corps. Après 5000 fois, votre Kata commence à devenir votre propre Kata. Mais ce n'est pas tout, nous apprenons aussi comment respirer idéalement sans explication des instructeurs, chacun de nous découvrant pour nous-mêmes comment respirer correctement. Nous apprenons à faire le Kiai - chaque Kata en a habituellement deux - avec la respiration la plus forte du Kata. Et après quelques années, nous commençons à sentir ce que les maîtres ou les experts qui ont inventé le Kata sentaient. Nous commençons à sentir ce que ces génies, qui ont pratiqué pendant de très nombreuses années, essayèrent de nous transmettre. Et bien que nous suivions ce qu'ils nous disent à travers la pratique du Kata, nous trouvons notre propre rythme, nos propres sensations, nos propres interprétations. Finalement, nous atteignons le niveau où nous pouvons exprimer notre meilleure énergie en force et en finesse dans le Kata. Même si chacun de nous fait le même Kata, sans rien changer, sans mouvement particulier, nous avons toujours notre propre Kata. Je pense que c'est ainsi que nous devons pratiquer nos Kata.
Bunkai : Interprétation technique d'une partie d'un Kata dans ses diverses formes applicatives. Cette recherche s'effectue sur plusieurs niveaux de lecture, de la plus évidente (Bunkai officiel) à la plus « travaillée » ou va transparaître le degré de maturité du pratiquant.
Kiai : Kiai (japon), Chi-yi ou Qi-i ou Fa-sheng (Chine), Het (Vietnam) ou Kihap (Corée), désigne dans les arts martiaux, le cri de combat qui précède ou accompagne l'application d'une technique. Ce cri est utilisé notamment pour marquer une volonté d'action, ou bien pour perturber la concentration de l'adversaire.
« Ki » désigne l'énergie interne, l'âme, l'esprit, la volonté et « Ai » (contraction de « awasu ») signifie réunir.
Parfois vu à tort comme le « cri qui tue » des Karateka, il s'agit de l’extension de l’énergie interne, du souffle-énergie dans un mouvement martial. C'est la concentration de toute l'énergie du pratiquant dans un seul mouvement.
Le Kiai est un cri particulier : le son ne provient pas de la gorge mais du Tanden (le ventre) par la contraction des muscles. Anatomiquement, ce mouvement, s'il est bien contrôlé, peut provoquer la contraction simultanée de la plupart des muscles du torse et de l'abdomen, ce qui peut amortir les coups reçus par le pratiquant.
Le cri, exagérément bruyant poussé par la plupart des Karateka, n’a pas besoin d’être réellement audible pour être efficace. Miyamoto Musashi dit clairement dans son livre « Gorin no sho » (« Ecrit des 5 Roues »), « Ne poussez pas un cri fort au moment où vous frappez avec le sabre ». Il nous donne la définition des trois types de cris : « Les trois cris sont ceux qu'on pousse au début, pendant et après le combat. Il est important de pousser le cri qui convient à la situation. Le cri vient d'un élan. On pousse des cris lors d'un incendie, dans le vent ou dans des vagues. Le cri montre la force. En hyôhô (Méthodes de stratégie) de groupe, il faut pousser les cris le plus fort possible au début de la bataille ; Durant le combat il convient d'attaquer en poussant des cris bas, à partir du fond du ventre et, après avoir gagné, on pousse des cris hauts et forts. Ce sont les trois types de cris »
La maîtrise du Kiai, le Kiai-jutsu, demande une bonne connaissance et un bon contrôle de l'appareil respiratoire et des muscles de l'abdomen. Le Kiai-jutsu développe donc la force, la durée et la maîtrise de la respiration.
Comme on l'entend souvent chez un grand nombre de débutants, le Kiai est prononcé « Kiai »... Mais il n'y a pas vraiment de mot précis pour l’exprimer.
Koan : Équivaut à un énoncé de vérités paradoxales que l'intellect ne peut saisir. Ainsi après avoir suscité une grande tension mentale, cet énoncé finit par forcer la pensée au silence. Ce silence intérieur permet alors la manifestation d'un niveau de conscience supérieure (Satori). Un exemple de Koan : « Au début les montagnes sont des montagnes. Au milieu les montagnes ne sont plus des montagnes. A la fin les montagnes sont redevenus des montagnes ».
Kumite : Représente une des phases de l'apprentissage du Karaté: le combat. « Kumi » signifie « rencontre » et « Te » désigne la main. Les formes de Kumite sont nombreuses mais commence toujours par des combats conventionnés entre deux partenaires.
Se référer à la page sur les Kumite.
Okuden : Tous les Arts Martiaux proposent deux versions pour chaque chose enseignée. Quelque chose de visible, que l'on va pouvoir étudier jusqu'à sa reproduction parfaite et quelque chose de caché (face intérieure des choses). « Secret » que peu de personne aborderont par ignorance d'un possible autre(s) niveau(x) de lecture ou par facilité. Cette véritable connaissance exige un don particulier et une aide précieuse que peut donner un Maître à son élève.
Satori : Expérience de l'éveil marquant l'acquisition d'une sorte de 6ème sens. Vient du verbe « Satoru » : reconnaissance. Le Satori libère l'homme, après une longue maturation intérieure des illusions et lui fait apparaitre la force du vide. Ce concept du Zen est également présent dans la recherche des arts martiaux classiques dont il est l'aboutissement ultime pour celui qui chemine sur la voie (DO).
Shizentai : Posture naturelle. Cette position est celle du Karatéka confirmé. Comme le signale un des préceptes (le 17ème) de Maître Funakoshi : Kamae wa shoshisha ni, ato wa shizentai - « Pour les débutants prendre la garde, plus tard tout doit partir de la posture naturelle ». Se référer à la page sur les positions.
Yoi : C'est une position naturelle et préparatoire à l'exécution d'une technique. Elle est généralement adoptée au début et à la fin d'un Kata. Se référer à la page sur les positions.
Zen : Représente l'effort humain pour atteindre par la méditation les sphères de la pensée qui se trouve au-delà du champ de l'expression verbale ». Son but est d'atteindre à la conviction intime de l'existence d'un principe qui régit tous les phénomènes et si cela se peut, à la conviction intime de l'Absolu lui-même pour enfin parvenir à une harmonie personnelle avec cet Absolu. Quiconque a atteint à la perception de l'Absolu, s'élève au-dessus des choses et s'éveille « à un ciel nouveau, à une terre nouvelle ».
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