Disparition d’un MONSIEUR du Karaté français. Henry Plée nous a quitté le mardi 19 août 2014 en début d'après-midi à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Il avait 91 ans.
Avec sa disparition c’est toute une page, que dis-je, une bibliothèque des Arts Martiaux qui s’en est allé. Ce fut le pionnier du Karaté aussi bien en France qu’en Europe au début des années 1950. Les premiers Maîtres japonais à venir en France le firent sur sa demande ; Hiroo Mochizuki, Tetsuji Murakami, Tsutomu Ohshima, Mitsusuke Harada, Taiji Kase, Hiroshi Shiraï, Keinosuke Enoeda, Tsuneyoshi Ogura,....
Avec son 10ème Dan (Hanshi, grade décerné au Japon par Maître Tsuneyoshi Ogura en 1987) c’est le plus haut gradé français et, c’est d’ailleurs également le plus haut gradé hors Japon. La plus-part des hauts gradés français sont issus de son Dojo de la Montagne-Sainte-Geneviève dans le 5ème arrondissement parisien.
Voici quelques un de ses élèves remarquables : Jean Pierre Lavorato (9ème Dan Karaté), Dominique Valéra (9ème Dan Karaté, 9ème degré Boxe Américaine), Roland Habersetzer (9ème Dan Karaté et auteur de nombreux ouvrages sur les arts martiaux).
Le Karaté n’était pas sa seule compétence : Judo –> 5ème Dan , Aïkido –> 3ème Dan décerné par Maître Masamichi Noro, Kendo –> 1er Dan décerné par Maître Minoru Mochizuki, Bô-jutsu –> 1er Dan décerné par Maître Minoru Mochizuki.
Je vais laisser parler ceux qui on ont eu l’honneur de croiser son chemin.
A son niveau il n'est plus question de Maître, de Sensei, de Pionnier, de Monsieur.
Ni de titre ou de grade puisqu'il en alignait un bottin complet.
Et qu'il avait reçu le 10ème Dan au Japon pour son Oeuvre.
Henry Plée suffit.
Avec l'immense respect pour ce qu'il représente.
A la fois un monument, qui pourrait être le Sphynx, et une bibliothèque.
Mon père, Lionel Charles, qui avait étudié sous la direction de Kawaishi Shihan dans l'immédiate après guerre, voulait que je fasse du Judo et m'avait inscrit en 1958 au JJCE d'Enghien où officiaient Riva, Dupuy, Goldschmidt et quelques autres. Mais comme cela ne me convenait pas, sur le conseil de Beaujean, il avait accepté, au tout début des années soixante de m'inscrire à La Montagne Sainte Geneviève, seul cours de Karaté qui existait à Paris.
On disait simplement "La Montagne".
Le Maître des lieux, Henry Plée enseignait en Hakama ce que certains nommaient alors le >Karaplée>.
Il était de tradition que le nouvel arrivé soit présenté à son Sempai, donc un ancien, qui se devait de l'instruire pour l'essentiel : comment nouer sa ceinture, comment saluer, comment monter et descendre du >Dojo>, comment plier son Keikogi, comment balayer le parquet et des tas de choses qui semblent des détails mais qui font la différence entre la pratique en Dojo et celle du club sportif.
On était dans un Dojo.
Et mon Sempai était Jean Daniel Cauhépé, un gaillard qui était Officier parachutiste et qui me prit sous sa bienveillante protection. Il était déjà Ceinture Noire d'Aïkido de Maître Nocquet qui avait été disciple direct de Morihei Ueshiba, le Fondateur de l'Aïkido.
Et qui avait décidé de pratiquer le Karaté pour parfaire son instruction.
Autant dire que personne ne venait me chercher des embrouilles.
Henry Plée était très exigeant mais juste et reconnaissait les efforts fournis par ne petite quinzaine de jeunes pratiquants qu'il initiait également à l'art du bâton, ce qui était exceptionnel pour l'époque.
Il faisait venir, à ses frais, des experts Japonais qui dirigeaient des stages souvent très physiques, ce qui me permit de pratiquer sous la férule de Murakami, de Kasé, de Mochizuki, de Nanbu (avec deux N !). On lui a par la suite souvent reproché de les avoir utilisés à son profit mais sans son invitation ils seraient tous demeurés méconnus au Japon.
De même pour Hoang Nam qui pratiquait le Karaté sous sa direction et qui, à l'époque, obtint plusieurs Dan dans cette discipline avant de se tourner vers les arts Sino-vietnamiens. On a aussi reproché à Henry Plée d'être un habile commerçant doublé d'un habile publiciste mais il ne faisait là que d'utiliser ses capacités professionnelles. Il fut donc à l'origine des premières revues d'arts martiaux - ce terme n'existait pas à l'époque et on parlait de sports de combat- ce qui lui permettait de faire la promotion de sa boutique et de tout ce qu'il y vendait d'utile à la pratique en quasi exclusivité.
La >Montagne> devint rapidement un lieu incontournable et Henry Plée le type qui tirait les ficelles au niveau des normes qu'il était le seul à pouvoir respecter. Ses bonnes relations avec les directions fédérales, Jacques Delcourt, entre autres, ayant été son élève, lui permettaient de jouer placé à coup sur.
Mais comment reprocher à un enseignant de techniques asiatiques d'utiliser des stratégies chinoises alors que ses concurrents faisaient encore de la réclame ?
Henry Plée a toujours été un fin stratège dans ses affaires.
Ainsi que dans son enseignement.
Il me transmit au moins cette exigeance du pourquoi qui permet de ne pas se limiter au comment.
On peut ne pas être d'accord avec ses écrits et ses chroniques mais ils permettent au moins de se poser la question de ce pourquoi là où les autres se limitent au comment.
Comment donner un coup de pied est une chose.
Pourquoi continuer à donner des coups de pied passé soixante ans est une autre chose.
Il accepta, par exemple, que je puisse donner des cours de >Boxe Chinoise> (on dirait maintenant du Kung-Fu !) à la >Montagne> mais aussi des cours de Gymnastique Chinoise (on dirait maintenant du Qigong !) alors que ces pratiques étaient encore totalement inconnues. Puis récupéra la salle parce que ce n'était pas assez rentable.
Je ne lui en voulus pas et lui présentai Yang Jwing Ming avec lequel il put traiter sérieusement affaires.
Ensuite nous avons fondé l'Académie Française des Arts Martiaux avec ses deux fils, Pascal et Thierry, et pas mal de monde. Jusqu'au moment où je me rendis compte que cela faisait beaucoup trop de Tigres sur une aussi petite Montagne.
Ce fiasco ne m'empêcha pas de participer à la fondation de la FIPAM (fondation pour la préservation des arts martiaux), un peu à sa demande.
Bis repetita.
Ce faisant nous avons toujours conservé de bonnes relations et échangé pas mal de courrier où nous nous tutoyions, simplement, comme des gens bien élevés qui se connaissent depuis plus de cinquante ans.
Et qui se respectent donc mutuellement.
Il m'a aussi connu avant ses fils.
Et j'ai eu plusieurs fois l'occasion de lui rendre service.
Sa disparition est pour moi un vide et je lui ai envoyé une carte de la Margeride cinq jours avant qu'il nous quitte. Donc vendredi dernier.
Wang Zemin est disparu il y a déjà un moment. Cauhépé est parti le rejoindre.
Henry Plée venant de partir à son tour j'ai l'impression, tout à coup, de me retrouver en première ligne, ce qui n'est pas très rassurant car l'héritage n'est pas facile à assumer.
Le 18 octobre prochain à Shenzhou dans le Hebei doit être érigée une stèle franco-chinoise dans le cadre du Mémorial du Xingyiquan dédié à Li Laoneng et où je figure en bonne place, représentant la cinquième génération de cette branche. C'est beaucoup d'honneur et de charge. Sans Henry Plée je n'aurai pas eu le courage de continuer cette Voie et de persister encore et encore.
Et pour cela je te remercie.
Henry.
Je le savais très éprouvé par la maladie. Avec des hauts et des bas dans son évolution, ces dernières années. Mais parfaitement conscient de son état, jusqu'à la fin, lorsque même son humour toujours aussi juste et incisif (pour ceux qui l'ont connu) a fini par ne plus faire le poids. Il a lutté, en guerrier qu'il a toujours été, puis il lui a fallu rendre les armes, rendre le Ki...
Henry Plée s'en est donc allé en cette matinée du 19 août 2014. Encore un maillon qui vient de casser dans une transmission qui nourrit encore nombre d'entre nous, vieux pratiquants (qui le savent bien) et encore bien plus jeunes pratiquants (qui ne le savent plus, ou ne le sauront probablement jamais). Encore une bibliothèque partant en poussière.
On a beau s'y attendre, mais quand ça finit par arriver...
Je ne suis pas le mieux placé pour vous parler de son départ. A évoquer une vie consacrée à la passion et à la divulgation des arts martiaux, notamment du Karaté, à partir de 1954, à travers toute l'Europe. Ils furent si nombreux dans les années 50, 60, 70, 80, à pousser la porte de son Dojo ouvert à >Judo international>, rue de la Montagne Ste-Geneviève à Paris. Beaucoup d'entre eux ne sont plus de ce monde, ou ont oublié... Nombreux seront sûrement à partir d'aujourd'hui ceux qui s'en souviendront soudain...
Je fus l'un des élèves de Maître Plée, de mes débuts en 1957 au 1er Dan obtenu en 1961, et aujourd'hui l'un des plus vieux encore en vie (et toujours chercheur et pratiquant). Je l'ai toujours revendiqué. Et n'ai-je assez dit et écrit que ce grand Sensei a changé le cours de mon existence. Il fut mon premier maître. Celui qui m'a mis sur la route. Il est une référence qui restera toujours dans ma mémoire, même si nous étions quelques années en froid, chose que je n'ai jamais cachée non plus, après l'aventure avortée de la revue >Budo Magazine> (il était du signe des Gémeaux, comme moi, c'est dire le caractère >entier> de nos caractères et de ce que cela implique....!!). Mais nous nous sommes heureusement retrouvés depuis, pour échanger, déjà, des souvenirs comme de vieux combattants d'une époque sur laquelle il faut porter un regard plus indulgent.
Il m'avait fait confiance pour ouvrir le premier Dojo de Karaté dans l'Est du pays, Alsace, Lorraine, Vosges. Et lorsqu'il m'a vu douter de ce que je pourrais assumer une telle mission, après qu'il m'eut décerné la ceinture noire (j’étais alors la plus jeune CN du pays), il a su me convaincre que je le pouvais. Et j'ai pu... Je crois. A voir la multitude des Dojo de Karaté qui se sont ouverts depuis dans ces espaces alors vierges, dirigés par des professeurs qui ne savent plus qu'ils sont les héritiers des héritiers des élèves, de mes premiers élèves... ! Comment le sauraient-ils? Personne ne sait plus rien de cette période >héroïque>.
Et cela arrange finalement beaucoup de monde. Rien de nouveau sous le soleil... Henry Plée m'a dit un jour qu'il ne fallait plus que j'y pense, qu'on lui avait fait la même chose, si systématiquement. Faut-il donc mourir pour que les mémoires reviennent ?
Sensei Plée m'avait fait connaître O-Sensei Ogura Tsuneyoshi en 1973, qui prit la relève de l'enseignement, et m'amena là où je suis sur la route martiale. Qui est la route de ma vie. Cette route qui a abouti au Tengu-no-michi, qu'il valida à sa façon en me lançant, lors de mon retour du Japon en avril 2006 avec le titre de Soke pour mon école et le 9e Dan décerné par Sensei Ogura: >Maintenant, tu fais ce que tu veux!>... Avec un sourire complice et entendu. Et il avait vraiment l'air content.
Il m'a encouragé à écrire, et à écrire encore, tout en se disant très vite stupéfait de l'importance de ma >production>... Il fut pendant près de 50 ans de publications, même de loin, cette quittance irremplaçable dont j'avais besoin.
Ce départ se précisait de mois en mois, de semaine en semaine. Inéluctablement. Pierre Portocarrero me tenait régulièrement au courant. Pierre fut depuis des mois mes yeux, mes oreilles, et aussi ma parole auprès de Sensei Plée, que je n'osais plus appeler au téléphone ces derniers temps, ne voulant ajouter à sa fatigue.
Et maintenant ? Je fais désormais partie des pionniers qui montent en première ligne, vers un horizon dramatiquement dégagé de tant d'anciens, qui ont pris les devants, qui nous attendent. L'hiver est bien là. Mais je veux continuer encore. Un pacte avec moi-même, et dont j'avais parlé un jour à Sensei : >Et tu en fais encore...?> m'avait-il dit alors, sincèrement étonné. Mais il y avait aussi de l'encouragement dans le sourire qui suivit. J'avais toujours le feu vert... Vers qui me tourner aujourd'hui, après les premiers départs des Sensei Ogura (2007), puis Ohtsuka (2012) ? Miyamoto Musashi l'a écrit : >La voie de l'art martial est une voie où l'on va seul>. Pourla fin de la route, sûrement...
Honneur et respect à toi, Henry (puisqu'à la fin tu as voulu que nous nous tutoyions)... Tu resteras en nous avec l'image d'un défricheur et d'un passeur inoubliable des arts d'un Budo authentique. On ne meurt vraiment que dans l'oubli de tous. Nous sommes encore nombreux à te garder en vie ! Ce qui est arrivé fait hélas partie des choses de la vie. Des choses de nos vies. Un jour ou l'autre.
Bon vent, mon Maître, vers je ne sais où, et regarde, d'où je ne sais où, ce que nous tentons de faire de l'héritage laissé. Puisqu'il est dit que l'homme est ainsi fait qu'il ne lui soit pas possible d'apprécier un jour la profondeur de la trace qu'il doit un jour laisser derrière soi. Tu fus incontestablement le père du Karaté européen et africain. L'Histoire ne peut que te rendre justice !
Je n'ai pas d'autres mots pour exprimer ce que je ressens en écrivant ces lignes.
A son épouse Léa, à ses enfants et petits-enfants, je veux présenter mes sincères condoléances et dire encore ici la tristesse de quelqu'un qui s'est également senti un peu plus orphelin en ce 19 août, avec le départ de ce grand Monsieur.
Sensei Hiroshi Shiraï, est né le 31 juillet 1937 à Nagasaki (Japon).
Maître Shiraï débute le Karaté dans l'adolescence en 1955. Comme beaucoup de jeunes gens de son âge, il veut apprendre une méthode de self défense. Il s'inscrit à l'université de Kobazawa, réputée pour la qualité des cours dispensés, sur le plan technique, mais également pour ses valeurs morales. L'instructeur Maître Hidetaka Nishiyama, aujourd'hui haut responsable mondial de l'organisation de karaté traditionnel, enseigne maintenant aux États-Unis.
Maître Shiraï aime le combat et est rapidement sélectionné dans l'équipe des compétiteurs avec un entraînement de 6 jours sur 7. Sa fougue le propulse rapidement très haut. Premier Dan en 1956, deuxième Dan en 1958, troisième Dan en 1961. En 1962, il est premier aux championnats du Japon et en 1963, il gagne ses deux combats en finale avec un autre jeune compétiteur, Maître Enoeda. Ils s'affronteront plusieurs fois par la suite se partageant les titres.
En 1959 un autre événement important se produit dans le parcours de Maître Shiraï : la rencontre avec Maître Kase qui était alors âgé de trente ans. C'est avec beaucoup de respect que Maître Shiraï évoque ces 37 années de travail commun.
Après avoir fait ses preuves au Japon, il est envoyé, en Italie en 1965, comme ambassadeur du Karaté JKA pour installer dans le monde les bases du Karaté Shotokan. Il crée l' AIK (Associazione Italiana Karate) en 1966. Il passe son sixième Dan en 1969 et crée la FESIKA (Federazione Sportiva Italiana Karate) en 1970. Il devient septième Dan en 1974. Il est le principal acteur de l'unification de la FESIKA et de la FIK en 1978. Cette même année, il fonde l' ISI (Istituto Shotokan Italia). Il est président de la commission technique italienne durant les années 80 et devient membre technique de l'équipe nationale. Il passe son huitième Dan en 1986. Maître Shiraï est neuvième Dan depuis 1999.
Né en 1931 à Iwaté, Hirokasu Kanazawa est un des derniers élèves direct de Gichin Funakoshi, fils et neveu d'expert en Ju-jutsu, Shihan Kanazawa pratique d'abord le Kendo, la boxe anglaise et le Judo. A l'université de Nippon Dai, il découvre le Karaté basé sur le combat rapproché. C'est à l'école de Takushobu de Tokyo qu'il devient l'élève de Masatoshi Nakayama, lors des cours de la JKA. Il devient alors l'un des plus réputés instructeurs combattants, tout en travaillant la communication, les langues étrangères et la pédagogie. Kanazawa fut le premier champion du Japon, deux années de suite, en Kumité et en Kata en 1957 (avec une main fracturée pour l'anecdote !!) et en Kumité en 1958.
Il devient alors instructeur à temps plein à la JKA, et expatrie son art en Europe et jusqu'aux îles d'Hawaï. Partout où il se rend, il crée et renforce les bases d'un Shotokan pur et dur, forme des instructeurs de qualité et contribue à la réputation internationale de la JKA. Parmi ses élèves se trouvaient Enoeda, Okamoto et Toshiko (première Championne du Japon).
En 1977, vingt ans après ses débuts à l'étranger, Kanazawa quitte la JKA et fonde son propre mouvement qu'il nomme « Shotokan Karate International » (S.K.I.). Il peut alors donner libre expression à sa créativité et pratiquer son Karaté. Il introduit dans sa pratique une nouvelle dimension, plus sur le travail des énergies « internes », issues des styles chinois traditionnels.
« Il ne faut jamais négliger la dimension spirituelle. C'est elle qui vous permettra de pratiquer toute votre vie un Karaté équilibré et adapté à vos besoins. Lorsque l'esprit est juste, le reste vient tout naturellement. »
Il nous a quitté le 8 décembre 2019. Il était 10ème Dan, expert également en Tai-chi et rompu aux techniques du maniement des armes traditionnelles. C’est une grosse perte pour le Karaté mondial car il était certainement l’expert le plus traditionnel du style Shotokan.
Sa succession devrait être assurée par ses trois fils dont Nobuaki qui dirige aujourd’hui, avec Manabu Murakami, le S.K.I.F. (Shotokan Karate-Do International Federation).
Casser la planche mouillée
Une autre histoire de blessure m’a beaucoup fait réfléchir : j’étais à l’époque en Angleterre et une émission de télé avait invité un expert d’art martial pour casser en direct une planche. Mais l’expert ne se présenta pas à l’émission et le présentateur put ironiser sur cette prétention qui paraissait totalement irréaliste, s’amusant même à taper avec une masse sur la planche. Manque de chance, un de mes élèves a appelé pour dire qu’il connaissait celui qui pourrait casser la planche, et c’était moi.
Contacté, j’ai fini par accepter, à force d’insistance, à relever le défi la semaine suivante. Seulement, quand je suis arrivé pour l’émission, j’ai découvert qu’ils avaient laissé la planche à l’extérieur toute la semaine, sous la pluie ! Gorgée d’eau, elle était devenue quasiment incassable.
Impossible de se défiler sans passer pour un charlatan... J’ai tenté de casser la planche une première fois sans y parvenir, puis je me suis dit que j’allais utiliser mon coude. J’ai frappé si fort que je me suis fait mal. En fait, c’est mon coude que j’avais cassé ! Mais il était impensable d’échouer devant tant de monde. Alors je me suis concentré de tout mon esprit, j’ai frappé à nouveau avec mon coude endolori et la planche a cassé. En moi-même je me suis étonné : comment avais-je pu réussir avec un bras blessé, quand j’avais échoué avec un bras valide ?
J’ai compris qu’il y avait plusieurs niveaux d’efficacité. Au-delà des muscles, c’est l’esprit qui prend le relais. Comment développe-t-on une telle capacité ? En s’entraînant à la limite de ses possibilités, « jusqu’à la mort ».
Teruyuki Okazaki est né le 22 juin 1931 au Japon. Il est admis à l'université de Takushoku en 1947. À ce moment, ennuyé par le Judo et le Kendo qu'il pratique depuis l'école élémentaire, il débute l'étude de l'Aïkido avec Maître Morihei Ueshiba, et le Karaté-do avec les Maîtres Funakoshi et Nakayama. Ayant été humilié à quelques reprises dans les cours d'Aïkido à cause de son manque de coordination, le jeune Okazaki se concentre alors uniquement sur le Karaté.
Pendant ses années d'études, Okazaki s'entraîne 2 à 3 fois par jour, tous les jours. Lorsqu'il termine en 1953, il est instructeur de l'équipe de Takushoku. Il est alors recruté pour expérimenter le programme d'entraînement développé pour les instructeurs de la JKA. En 1955, il devient instructeur dans ce programme.
Parmi les premiers diplômés de ce programme figurent Takayuki Mikami et Hirokazu Kanazawa.
En 1957, Okazaki obtient le grade de 4e Dan. En 1961, à la demande de Maître Nakayama, il part aux États-Unis pour un séjour de 6 mois, afin d'y enseigner le Karaté-do. Il s'y est finalement installé et demeure aujourd'hui à Philadelphie. Après plus de 40 ans, il est toujours actif dans son art et il est président et chef-instructeur de l'ISKF (International Shotokan Karate Federation) qu'il a lui-même fondée en 1977. Cette organisation, affiliée à la JKA, regroupe, sous sa direction, plus de 600 Dojo dans quelque 30 pays des Amériques et des Caraïbes.
Maître Okazaki voyage beaucoup pour enseigner et rehausser constamment le standard du Karaté-do. Le grade de 9e Dan lui fut décerné en 1998. Malgré son âge avancé, son énergie semble sans limite et sa sagesse et son enthousiasme émanent toujours de son enseignement.
Maître Okazaki est décédé le 21 Avril 2020 à Philadelphie en Pennsylvanie à cause de complications liées au Covid-19.
Très jeune il s'initia au Sumo, au Kendo puis au Judo. De retour au Japon juste avant le début de la 2e guerre mondiale, il découvrit le Karaté. En 1947, il s'inscrivit à la Waseda Karaté Club, et de 1948 à 1953 il fut l'élève direct du fondateur du Karaté moderne, Gichin Funakoshi. Il a également été influencé par beaucoup de seniors prestigieux tel que Shigeru Egami et Hiroshi Noguchi.
En 1952, Tsutomu Ohshima devint le capitaine du Karaté Club de l'Université de Waseda et cette même année, lors du passage de grade national, maître Funakoshi lui décerna personnellement son rang de Sandan, ce qui fit de lui le plus jeune 3e Dan de son époque. Juste avant de mourir en 1957, Maître Funakoshi lui décerna le 5e Dan (le plus haut grade à l'époque). Pour cette raison dans son école il conservera le 5e Dan comme grade maximum atteignable, et a toujours refusé les grades honorifiques par respect pour son maître.
Afin de transmettre aux non-Japonais le Karaté-Do, il partit pour les U.S.A. en 1955 où il fonda, un an plus tard, l'A.S.K. (American Shotokan Karate).
Au cours du séjour de près d'un an qu'il fit à Paris, en 1962, il donna au Karaté français les fondements techniques nécessaires à son essor. Il forma de nombreux élèves et nomma la première commission technique de la toute nouvelle Fédération de Karaté, alors section de la FFJDA.
L'enseignement du Karaté par Maître Ohshima est très proche du Shotokan originel, celui de son fondateur Gichin Funakoshi. Il n'a pas ou peu conservé les apports de son fils Yoshitaka Funakoshi. Malgré un entraînement dur et rigoureux il peut être pratiqué toute la vie sans problème de santé, notamment grâce aux postures naturelles qui ont été conservées.
Taiji Kase est sans doute l'expert japonais de karaté le plus célèbre de France. Né le 9 février 1929 à Chiba au Japon, Taiji Kase pratique l'Aikido, le Judo et le Kendo. Il est 2e Dan de Judo lorsqu'il tombe, en 1944, sur le livre d'un certain Gichin Funakoshi: « Karate-dô Kyôhan ». Fortement intéressé par cette pratique, il se rend au Shôtôkai et rencontre maître Funakoshi qui l'admet comme élève. Suivant l'enseignement de Gichin Funakoshi et de son fils Yoshitaka avec intensité, il finit par abandonner le Judo au grade de 3e Dan.
Il a 16 ans lorsqu'en 1945, il s'engage dans le corps des Kamikaze de la Marine. La fin de la guerre, quelques mois plus tard, lui sauve la vie. Il dit de cette expérience « qu'étant donné qu'il aurait pu mourir à la guerre et qu'il était toujours vivant, il n'avait jamais aucune raison d'être triste ». Après la guerre, il devient capitaine de l'équipe de Karaté de l'université de Senshu dans laquelle il se diplôme en sciences économiques en mars 1951.
Il obtient son 1er dan de karaté en 1946 et son 3e dan en 1949. Entraîneur à l'université de Takushoku, il forme Enoeda, Shirai et Ochi. Il est l'un des plus forts piliers de la JKA tout en gardant des contacts étroits avec la Nihon Karate-dô Shôtôkai d'Egami et Hironishi qui avaient été ses instructeurs. En 1964, il quitte le Japon pour aller enseigner en Afrique du Sud, puis en Hollande, en Belgique, en Italie, avant de s'installer définitivement en France en 1967.
Il enseigne cinq ans au Dôjô de la Montagne Sainte-Geneviève (Paris), chez Henry Plée qui l'a invité à venir en France. Maître Plée disait que lorsque l'on voyait Taiji Kase en action on l'admirait et on le respectait « car il allait directement à l'essentiel, la technique n'était pour lui qu'un moyen, ce qui importait, c'était le résultat ». En 1972, il enseigne au centre Daviel (Paris) puis, à partir de 1973, pendant trois ans, rue Daguerre (Paris).
En 1986, il ferme son Dôjô parisien et décide de voyager dans le monde entier pour enseigner son art. En 1989, il fonde, avec Hiroshi Shirai, la WKSA (World Karate Shotokan Academy) dont il est le président. Cette association a pour objectif principal la formation des ceintures noires et des professionnels de Karate-dô Shôtôkan. Son plus grand intérêt est que ceux-ci continuent de progresser de sorte que les générations futures puissent elles-mêmes progresser correctement et préserver ainsi le Karate-dô tel qu'il le conçoit.
En 1999, il est frappé par un infarctus mais vingt jours plus tard, il est de nouveau sur le tapis. Affaibli depuis quelques mois par la maladie, il s'éteint à l'hôpital de Clamart (Hauts-de-Seine), le mercredi 24 novembre 2004. Son influence sur le karaté français, européen et même mondial est essentielle. Instructeur majeur du Karaté Shôtôkan de la JKA, il a, néanmoins, toujours eu une forme de karaté personnelle, qu'il appelait « Shôtôkan Ryû Kase Ha », C'est-à-dire « l'Ecole Shôtôkan tendance Kase ».
Il a formé tous les cadres du Karaté français : Sauvin, Didier, Paschy, Lavorato, Petitdemange... ont été ses élèves.
9e Dan de Karaté, Maître Taiji Kase vit en France depuis 1967. Combattant hors-pair, il était chargé dans les années 60 de relever les défis lancés à la J.K.A., la puissante fédération Shotokan. Christian Courtonne nous présente ce maître hors du commun.
Cet article va aujourd'hui centrer le débat sur l'évolution du Karaté. En effet, si une face du Karaté est aujourd'hui surexploitée, une autre, plus profonde car issue du Karaté Traditionnel enseigné par Maître Funakoshi, plus réaliste et plus pure, évolue, s'enrichit au sein d'une académie fondée par un maître qui force le respect de tous et qui est un trésor vivant du Karaté. Il s'agit de Maître Kase, ceinture noire 9e Dan de Karaté, qui inscrit en Europe, en ce moment, son action dans la légende du Karaté.
Un certain mystère plane sur le parcours de ce maître, né au Japon en 1929. Il y étudie tout d'abord le Judo et l'Aïkido. Il connaît ses premiers entraînements de Karaté dans la marine, dans des conditions très violentes, et s'entraîne ensuite dans le Dojo de Yoshitaka Funakoshi, le fils de Gichin Funakoshi, grand maître qui a su intégrer le Karaté dans le Japon moderne, tout comme Maître Nakayama a su le diffuser dans le monde entier.
Cette formation première a forgé son style. Nous allons voir que Maître Kase fait passer le message originel que lui a transmis Gichin Funakoshi lorsqu'il visitait le Dojo de son fils, et l'enrichit aujourd'hui, après avoir été l'un des acteurs actifs du prosélytisme de la Japan Karate Association. Nous retrouvons quelques années plus tard Maître Kase, combattant hors-pair, à l'université de Taikushoku où il dirige les cours combat de la J.K.A.
Il a dans ses rangs des élèves qui s ‘appellent Enoeda, Shirai et Ochi. Ceux d'entre nous qui ont pu recueillir les confidences de ces maîtres le savent : les entraînements étaient très très durs. En effet Maître Kase, dans un milieu où l'on peut parfois faire illusion, a toujours dominé physiquement ses interlocuteurs durant des entraînements sans concession. N'oublions pas que dans les années 60, c'est lui, avec Maître Nishiyama, qui était chargé de relever les défis ! Comme les plus grands maîtres japonais au milieu des années 60, Maître Kanazawa par exemple, il est chargé de la divulgation de cette discipline à travers le monde et visite des pays tels que l'Afrique du Sud, les Etats-Unis et l'Europe.
C'est sur l'initiative de Maître Plée, comme nous le révèle Jean-Pierre Bergheaud (président du Comité Départemental du Val-de-Marne et historien du Karaté français), qu'il arrive un jour de l'année 1967 à la Gare de Lyon à Paris. Trois personnes l'accueillent : Henry Plée, un ami italien et Jean Pierre Lavorato, son élève le plus ancien qui est sans conteste en France le chef de file de ce courant du Karaté.
Dès son arrivée, fidèle à son instinct de guerrier, qui ne s'est jamais atténué, il se confronte aux champions des différentes méthodes de combat. Le résultat est sans appel. Suivent cinq années d'entraînement historiques, dans le Dojo du 34, rue de la Montagne Sainte Geneviève, creuset du Karaté.
En 1972, il enseigne au centre Daviel à Paris, dans le 13e arrondissement. Puis il ouvre en 1973 le Dojo de la rue Daguerre. Trois années d'enseignement exceptionnel ont lieu dans cette salle du 14e arrondissement. Il s'agit d'un vrai dojo, consacré uniquement au Karaté, ouvert de 9 heures du matin à 10 heures du soir.
Les cours se succèdent, de l'entraînement de ses assistants et de son équipe le matin au cours des débutants dispensé par ses fidèles, en passant par ses entraînements libres, le travail au sac, au makiwara. Les Maîtres Nakayama, Enoeda, Ochi, Shirai, Oshima et bien d'autres, ont visité ce lieu.
C'est au cours de ces 9 années que s'est écrite une page de l'histoire du Karaté français. Imaginons un cours où sont présents Francis Didier, entraîneur actuel des équipes de France, Michel Roussaud, entraîneur de l'équipe de France technique, Jean-Pierre Lavorato, François Petitdemange, Lenoir, Roger Paschy, Camille Daudier, Raphäel Gaillard, le professeur de Montama qui a été le premier Champion du Monde individuel, Hervé Delage, Franco Daloia, Christian Babille, Jean-Pierre Perilleux, Daniel Lautier, Daniel Criquet, Kenji Tokitsu, Guy Sauvin, le DTN comblé de la FFKAMA, et bien d'autres responsables aujourd'hui de la qualité du Karaté français.
L'historien retiendra que c'est là que s'est forgé un axe du Karaté français. Et pourtant, il ne s'agissait que de la première étape de l'enseignement. Beaucoup restait encore à découvrir. Puis, en 1976, Maître Kase prend ses distances avec toute organisation après avoir conduit sa sélection à la 3e place aux Championnats d'Europe Shotokan JKF. Beaucoup se sont interrogés, à l'époque, sur ce retrait. Nous en retiendrons la grande courtoisie du Maître, qui n'a pas souhaité interférer dans la délégation du service public décidée par un état hospitalier en faveur d'une fédération sportive.
Ses rapports avec cette fédération sont très cordiaux, voire amicaux avec certains hauts responsables. Ce retrait lui ayant permis d'approfondir sa recherche personnelle, on ne peut aujourd'hui que s'en féliciter. Seule la solitude lui a permis de s'épanouir totalement et de transmettre, uniquement à l'occasion de stages et au sein de son académie européenne, ce message unique dans le Karaté mondial.
Sosai Masutatsu Oyama (Mas Oyama) fut le fondateur du Karaté Kyokushin.
Masutatsu Oyama est né le 12 juillet 1923 en Corée du Sud. Lors de son immigration au Japon, il est invité à choisir un nom japonais. Il a alors choisi le nom d'Oyama qui signifie « grande montagne ».
Il s'intéresse très tôt au Karaté Shotokan et s'entraîne au Dojo de Gichin Funakoshi à l'université de Takushoku. Ses progrès ont été si impressionnants qu'à l'âge de 17 ans, il avait déjà atteint le rang de 2ème Dan et celui de 4ème Dan à l'âge de 20 ans. À cette période, il pratique aussi le Judo et y progresse rapidement.
Plus tard, il décide de parfaire son entraînement sous la direction du Maître So Nei Chu, expert de Goju également Coréen et originaire de la même province que Mas Oyama. Maître So Nei Chu l'a vivement encouragé à entreprendre une retraite d'entraînement en montagne dans le but de renforcer ses habilités techniques et de se soumettre à un style de vie qui mettrait ses limites à rude épreuve.
Mas Oyama a mis fin à son isolement après quatorze mois de retraite fermée. Quelques mois plus tard, en 1947, il commet un premier coup d'éclat en sortant vainqueur de la première compétition des arts martiaux nationaux japonais. Cependant, il reste habité par le sentiment du devoir inachevé quant à l'épreuve de trois ans de solitude qu'il entendait compléter. Il choisit donc de consacrer sa vie au Karaté et de tenter l'aventure de l'isolement à nouveau, cette fois-ci au mont Kiyozumi dans la préfecture de Chiba, au Japon. Il s'est entraîné douze heures par jour, sans aucun jour de répit. Chaque jour, il se gardait également une période afin d'étudier les livres classiques anciens sur les arts martiaux et la philosophie Zen. Suite à cette nouvelle retraite, il décide de tester ses capacités de combattant en se soumettant à 300 combats en trois jours consécutifs. La légende veut qu'il aurait voulu poursuivre l'épreuve une quatrième journée, mais qu'aucun combattant souhaitait se mesurer à lui à nouveau.
En 1950, Mas Oyama entre dans la légende en affrontant 52 taureaux. Trois sont morts sur impact alors que les 49 autres ont été écornés. Cet exploit lui a valu le surnom de « Godhand ». En 1953, Il a ouvert son premier Dojo dans le parc Mejiro de Tokyo. Il crée la première maison-mère (Honbu) à Tokyo en 1964 et ce n'est qu'à cette date qu'il adopte le nom Kyokushin pour son style de Karaté. Après avoir fondé l'une des plus grandes organisations d'arts martiaux au monde, Sosai Masutatsu Oyama est décédé des suites d'un cancer du poumon en avril 1994 à l'âge de 70 ans. Après sa mort, Akiyoshi Matsui est nommé « Kancho » (directeur) par le Comité Directeur Mondial à la demande testamentaire de Mas Oyama. Bien que plusieurs organisations de Kyokushin aient vu le jour à la suite du décès d'Oyama, l'Organisation Internationale de Karaté Kyokushin (IKO) sous Kancho Matsui est la seule qui évolue sous l'approbation du défunt fondateur.
Sensei Masatoshi Nakayama est né en 1913 dans la ville de Yamagushi au Japon. Fils de médecin militaire et issu d'une lignée de samouraï, il débuta les Arts Martiaux par le Kendo sous la tutelle de son père Naotoshi. En 1932, il a 19 ans et entre à l'université de Takushoku de Tokyo pour étudier les langues et l'histoire. Il découvrit le Karaté de Gichin Funakoshi à cette époque. Il passa cinq années de sa vie au contact du Maitre avant de quitter Tokyo pour Pékin dans le cadre de ses études universitaires. Il voulait approfondir ses connaissances sur l'histoire de la Chine et perfectionner le mandarin (langue officielle chinoise). Il entra en contact avec des Maitres chinois de boxe et s'initia donc à l'art chinois. Il invitera plus tard son maitre Yang Ming Shi à venir enseigner le Tai Chi Chuan à la JKA. C'est d'ailleurs auprès de lui que Sensei Kanazawa étudia le Tai Chi.
Son Karaté Shotokan fut fortement influencé par la boxe chinoise et des modifications apparurent dans sa pratique. Il développa deux nouveaux coups de pied : « Oshigeri », blocage effectué avec la plante du pied et « Gyaku-mawashi-geri » coup de pied circulaire de revers (pour plus d'informations sur ces 2 pratiques, se référer à la page des techniques de pieds).
En 1946, après 11 ans passés en Chine, Sensei Nakayama décide de rentrer à Tokyo et reprend la pratique du Karaté avec Maitre Funakoshi. Il crée en 1949 avec d'anciens élèves du vieux Maitre ce qui deviendra en 1954, la Japan Karate Association (JKA). Il en sera le principal animateur jusqu'à sa mort. Il sera responsable de l'élaboration des contenus techniques et de l'organisation de cette association. L'échelle des grades (5 Dan maximum) et les conditions d'obtentions sont officialisées. Depuis 1935, Masatoshi Nakayama était séduit par les méthodes d'entraînements plus physiques dispensés par Yoshitaka Funakoshi et souhaite développer les assauts conventionnels et les assauts libres. En 1954, il développe le Karaté à son idée, en y introduisant la compétition, et il organise les premiers championnats en octobre 1957 à Tokyo au Japon. Fort de ce succès, de nombreux formateurs s'expatrient dans le monde entier pour enseigner le Karaté Shotokan.
Le 14 avril 1987, Masatoshi Nakayama meurt à l'âge de 74 ans.
Otsuka Hironori est né à Shimodate City, dans la préfecture d'Ibaragi le 1er juin 1892.
Il fût initié très jeune au Ju-jutsu par son père, Tokujiro Otsuka, et son oncle, Chojiro Ebashi.
C'est en juin 1898 qu'il entra à l'école Shinzaburo Nakayama (Maître de Shindo Yoshin Ryu). Cette école enseigne le principe de l'harmonie des mouvements du corps avec les mouvements de la nature et certaines techniques de percussions désignées sous l'appellation de Ju-jutsu Kenpo. Cette école lui apporta alors une connaissance étendue de techniques de saisies, luxations, contre-prises et autres.
En 1912 et 1917, Hironori Otsuka effectue des études de commerce à l'université de Waseda et étudie également la médecine traditionnelle japonaise. En 1917, il entre à la banque Kawazaki et il semble que, dès cette époque, il envisage de consacrer sa vie aux arts martiaux.
En 1921, à seulement 29 ans, il obtient de son maître le menkyo-kaiden (titre suprême de maîtrise) de l'école Shindo Yoshin et devint le successeur officiel du Ju-jutsu Shindo-Yoshin.
En 1922, Otsuka Hironori apprend qu'une impressionnante démonstration de Tode de style Shurite à été organisé à Tokyo par un Okinawaien, Gichin Funakoshi. Pour en connaître d'avantage il se rend donc à Tokyo pour rencontrer ce dernier. En juillet de cette même année, il commence l'apprentissage du Karaté Shotokan sous la direction de Gichin Funakoshi. Il progresse rapidement dans ce nouvel art et devient l'assistant du Maître trois ans plus tard. L'enseignement du karaté était essentiellement basé sur l'étude des Kata et rapidement Otsuka, fort de ses connaissances en Ju-Jutsu, trouva des failles dans les applications en combat.
En 1927, il quitte la banque Kawasaki pour devenir spécialiste médical en traitements pour les blessures occasionnées par les arts martiaux et pour s'impliquer d'avantage dans l'étude du Karaté. En 1929 il obtient son diplôme de médecine traditionnelle et ouvre sa première école de Karaté à l'Université de Tokyo sous la direction de Gichin Funakoshi.
Dans le cadre de ses recherches, il travailla avec des maîtres de différents styles d'arts martiaux : Yasuhiro Konishi (fondateur du Karaté Shindo Shizen-Ryu et expert de Kendo), Kenwa Mabuni (fondateur du Shito-Ryu), Choki Motobu (Karatéka connu pour être violent et bagarreur) et bien d'autres...
Au fil des années des divergences apparurent entre Gichin Funakoshi et Hironori Otsuka. Ce dernier commença à modifier les techniques apprises pour les adapter un peu plus au combat, ce qui ne convenait absolument pas à la philosophie de Funakoshi qui trouvait cela dangereux. La rupture entre les deux hommes eu lieu en 1934.
Hironori Otsuka fonde alors son Dojo à Tokyo : le Dai Nippon Butokukai ou il enseigne son propre style (un mélange de Karaté et Ju-Jutsu) qui deviendra en 1939 le Wado-ryu. Il devient ainsi le 4ème grand maître des styles de Karaté japonais avec le Shotokan-ryu, le Goju-ryu et le Shito-ryu.
Pendant les années de guerre la pratique du Karaté-Do va diminuer pour ne laisser qu'un grand vide à la fin de celle-ci. Les troupes d'occupation, sous l'autorité du Général MacArthur, interdiront la pratique des arts martiaux et du Butokukai jugées trop militariste. Les activités vont reprendre petit à petit à partir de la levée de l'interdiction en 1948 mais l'orientation sera davantage sportive. Des règles pour la compétition de combat se développèrent. Le Wado-ryu sera le premier style de Karaté à avancer dans cette voie. Ces règlements seront plus tard adaptés aux compétitions de Karaté moderne.
Sa remarquable contribution en faveur du Karaté-Do lui vaudra une haute distinction Impériale en 1966 et en 1972 il reçut le titre de 10ème Dan.
En 1981 il laissera à son 2ème fils, Jiro Otsuka, le soin de poursuivre la diffusion du Wado-ryu à travers le monde. Celui-ci reprendra d'ailleurs le prénom de son père, Hironori.
Maître Otsuka Hironori s'éteint le 29 janvier 1982 à l'âge de 90 ans.
Il était reconnu comme le plus vieux Maître Karatéka pratiquant jusqu'à la fin de ses jours. Maître Otsuka Hitonori et Maître Gichin Funakoshi avaient en commun le sens de l'honneur, le respect des traditions, la tolérance et la passion de leur art.
Maître Chomo Hanashiro est né en 1869 à Shuri (Okinawa). Très jeune, il débuta sa formation auprès de Maître Sokon Matsumura puis rapidement auprès de l’élève de ce dernier, Anko Itosu. Il devint vite son assistant et le resta jusqu'à la mort de son maître en 1915. Itosu projetait d’introduire le Karaté dans les programmes des collèges et lycées d’Okinawa et choisit Yabu Kentsu et Chomo Hanashiro, alors enseignant, pour l'assister dans sa démarche au début du XXème siècle.
Chomo Hanashiro fut certainement le premier, bien avant Gichin Funakoshi, a donner une autre signification de « Kara-te » que le sens chinois initial se référant à la chine des Tang : « main de chine ». Dans son livre « Karate Shoshu-hen », sorti en 1904, il donne comme nouvelle interprétation à « Kara », le terme « vide ». Par ce fait il voulait faire référence à la philosophie bouddhiste en la notion d’esprit vide, de non-mental.
Considéré comme un grands Maîtres du Karaté de la branche Shuri-te il fut responsable de l’enseignement du Karaté au Dojo de Itosu et plaida le retour d’un Karaté plus martial que celui de son maître. En effet Anko Itosu, avait quelque peu modernisé l’art ancestral pour intéresser davantage la jeunesse qui se dirigeait plus vers les sports nouveaux venus d’Occident.
Hanashiro Chomo, avec son ami de toujours, Yabu Kentsu, s'engagea dans l'armée japonaise et mourût en 1945, sous les bombardements de l'armée américaine.
Maître Choshin Chibana est né dans une famille de notables à Okinawa au Japon dans la ville de Shuri. Il débute sa formation en Karaté à l'adolescence sous la tutelle de Maître Anko Itosu dont il restera l'élève jusqu'à la mort de ce dernier en 1915. Il était considéré comme un de ses meilleurs disciples.
Il ouvre son premier Dojo à l'âge de 35 ans. Durement affecté par les évènements de la seconde guerre mondiale où il perd sa famille et la majorité de ses élèves, Maître Chibana reprendra néanmoins son enseignement. Au début des années 1950 il agira en tant que conseillé et instructeur senior pour la police de la ville de Shuri.
En 1957, il reçoit le titre de Hanshi de la Dai Nippon Butokukai et, en 1960 il est nommé trésor national de 4ème ordre du mérite par l'Empereur du Japon pour l'ensemble de son œuvre dans l'art martial du Karaté-do.
Maître Chosin Chibana décède en 1969. Il a eu plusieurs élèves et disciples dont cinq qu'il a promu au grade de 9ème Dan avant sa mort dans son école Kobayashi-ryu soit: Yushoku Higa, Shugoro Nagazato, Katsuya Miyahara, Chozo Nakama et Kensei Kinjo.
Sensei Funakoshi est né en 1868 dans le district de Yamakawa-Chô sur l'île d'Okinawa dans l'archipel des RyûKyû, quand débutait l'ère Meiji.
Il était un homme cultivé et un poète de renom. Il suivait de très près le code moral de ses ancêtres et observait les interdictions d'autrefois.
Fidèle à ses principes, il considérait que le Samouraï devait avoir une apparence impeccable.
Chaque matin, Sensei Funakoshi se tournait vers le Palais Impérial et s'inclinait avec un profond respect, il accomplissait le même cérémonial en se tournant du côté d'Okinawa...
Pour plus d'informations, se référer à la page du Fondateur.
Chojun Miyagi est né le 25 avril 1888 à Naha sur l'ile d'Okinawa au sein d'une famille de riches commerçants. A l'âge de trois ans, il fut adopté par son oncle qui en fit son héritier. Le prénom de Chojun fut choisi par un vieil ami intime de son grand-père. Ses parents adoptifs, déjà d'un âge avancé, avaient un commerce d'importation de médicaments de Chine et étaient les fournisseurs de la famille Royale ainsi que de toutes les familles nobles de l'île. Il put ainsi, un peu plus tard, se consacrer entièrement à l'étude et au développement du Karaté d'Okinawa sans le moindre souci matériel.
Il débuta l'étude des Arts Martiaux sous la direction de Kanryo Higaonna, fondateur du Naha-Te, à son entrée au lycée. C'est avec assiduité et acharnement qu'il s'entraîna. Chojun Miyagi fut l'un des rares disciples laissés par Higaonna et à la mort de celui-ci, en 1915, il prit la tête de l'école qui jettera cinq ans plus tard les bases du Goju-ryu.
En 1921, le prince héritier Hirohito fit escale à Okinawa et une démonstration d'arts martiaux fut organisée pour l'occasion au château de Shuri. Tous les Maîtres de Tode y participèrent. Chojun Miyagi était aux nombres des Karatéka présents. Cette même année, il avait rencontré Maître Jigoro Kano, le fondateur du Judo, qui avait déjà invité, un peu plus tôt, Gichin Funakoshi à venir faire des démonstrations au Kodokan (Japon). Maître Kano, séduit par la pratique de Miyagi fera plusieurs visites sur l'île d'Okinawa. Miyagi se mit alors à vouloir implanter le Naha-te au Japon et à le faire reconnaître comme étant une discipline « Budo » au même titre que le Judo ou le Kendo. Il rejoignait alors le projet que Gichin Funakoshi caressait depuis 1922 sans trop de réussite. Afin de travailler à cet objectif, Funakoshi avait déjà même japonisé le « To-te » (ou « Tode ») dont les Kanji signifiaient « main de Chine » pour le faire appeler « Kara-té », « main vide » ce qui sonnait beaucoup plus japonais, et aussi pour supprimer cette référence à la Chine, ce qui se faisait dans tous les domaines depuis la fin de la guerre sino-japonaise.
En 1928, Chojun Miyagi se rendit donc à Kyôto pour y étudier la possibilité d'étendre son « Karaté » dans la région centrale du Japon. Il y effectua de nombreuses démonstrations, notamment dans les universités. Mais devant l'accueil très réservé du public, il comprit que la démarche de Gichin Funakoshi et la sienne ne serait pas fort aisée vu le caractère hermétique de la culture martiale japonaise. La reconnaissance du Karaté comme étant une discipline « Bushido » ne dépendait, en fait, que de l'acceptation de la Dai Nippon Butokukai, organisme d'Etat japonais créé dans le but de contrôler tous les arts martiaux du pays. Le gouvernement militariste japonais avait réuni à l'époque dans cet organisme tous les plus grands Maîtres des différentes disciplines du pays. Il attendait d'eux la formation des pratiquants au seul esprit « Bushido »... et à cet esprit seulement.
En 1929, la Dai Nippon Butokukai organisa une grande démonstration d'arts martiaux afin de célébrer l'avènement de l'Empereur Showa. Chojun Miyagi chargea un de ses meilleurs élèves, Jinan Shinzato, de le remplacer. Lors de cet événement, les Maîtres japonais très intéressés avaient demandé à Shinzato comment se nommait le nom de son école de Karaté. Ce dernier répondit : Anko-Ryu, ce qui signifie l'école « semi-dure ».
Lorsqu'il retourna à Okinawa, il raconta cette histoire à Chojun Miyagi qui, fort amusé, décida d'appeler son style le Goju-ryu. L'école du Dur (Go) et du Souple (Ju) était née.
En 1933, Chojun Miyagi fut convié à faire une démonstration au palais du Butokuden, le haut lieu de la Dai Nippon Butokukai, devant tous les Maîtres présidant aux destinées de l'art Budo. Tous avaient déjà assisté à des démonstrations de Karaté présentées par Gichin Funakoshi.
En 1935, il se présenta pour l'examen officiel de Maître Bushido devant ces mêmes autorités de la Dai Nippon Butokukai. C'était la première fois qu'un Maître de Karaté faisait cette démarche. Il obtint le titre de Kyoshi, le plus haut titre qui sera jamais donné à l'époque à aucun Maître de Karaté présentant cet examen.
Maître Miyagi parlait pendant des heures des origines chinoises du Karaté, de ses liens avec le Bouddhisme, mais aussi de l'enracinement du Karaté dans la culture d'Okinawa. Il comparait le Goju-ryu à un saule pleureur : « Quand le vent souffle avec violence, les branches volent dans tous les sens, mais demeurent intactes, tandis que le tronc, bien planté dans le sol, résiste ».
Chojun Miyagi décèda le 9 octobre 1953.
(source : Wikipedia)
Kentsu Yabu fut un grand Maître de Karaté Shorin-ryu à Okinawa de 1910 à 1930. Il fut probablement le tout premier à faire une démonstration de Karaté à Hawaï.
Il est né à Shuri, Okinawa, en 1866. Il était l'ainé d'une famille de 10 enfants. Il avait trois frères, trois sœurs, et trois demi-sœurs.
En tant que jeune homme, il a commencé l'entraînement chez Sokon Matsumura, puis chez Itosu Anko, disciple et successeur du précédent.
En 1891, il sert en Mandchourie comme lieutenant dans l'armée japonaise, lors de la première guerre sino-japonaise, mais il est surnommé Gunso (sergent).
Rentrant chez lui, en 1902, il fait des études pour devenir enseignant.
En 1898, son fils aîné, Kenden, s'installe à Hawaï; puis part pour la Californie en 1912, où il est connu sous le nom de Kenden Yabe. Il s'y marie en 1919.
En 1921 dès qu'il apprend que sa belle-fille est enceinte, Kentsu Yabu part s'installer aux côtés de son fils. Mais l'année d'après, Kenden n'ayant engendré que des filles, Kentsu Yabu, fort désappointé, rentre à Okinawa fin 1922.
Il est retourné aux États-Unis en 1927, en passant par Hawaï, où il reste quelques mois, et fit une démonstration à Honolulu.
En 1936, il visita Tokyo avec son condisciple et ami de toujours, Chomo Hanashiro, où il rencontra le jeune Shoshin Nagamine, qui plus tard, deviendra lui aussi un « Grand Maître ».
Il meurt à Shuri en 1937.
Kenwa Mabuni naquit en 1889 à Shuri d'une famille d'officiers du roi de Ryukyu.
Âgé de dix ans, c'est un domestique de la famille qui le premier l'initia au Karaté. Ce domestique, du nom de Mitayoshi lui apprit, entre autres, le Kata Naihanchi avant la transformation par Ankô Itosu en trois Kata.
A treize ans, Mabuni fut introduit chez Maître Itosu où il fut aussitôt accepté comme disciple. En 1905, il fit la connaissance de Chojun Miyagi qui le présenta à son Maître Kanryo Higaonna. Ce dernier lui enseigna l'art du Naha-te.
Toute sa vie, Kenwa Mabuni demeurera fidèle à Itosu, mais ses fonctions de policiers lui permettant de se déplacer dans toute l'île, il fera la connaissance d'un grand nombre de Maître et recueillera de nombreux Kata.
Il pratique le Judo mais étudie aussi les arts classiques de l'île, appelés Ryukyu Kobujutsu, le Bô-jutsu (bâton) de Maître Aragaki et de Maître Soeishi et le Saï de Maître Tawado.
En 1915, lorsque meurt maîtres Itosu et Higaonna, Mabuni n'a que 26 ans. C'est encore jeune pour continuer seul dans la voie du Karaté. Avec Chojun Miyagi, ils décident de former groupe de recherche sur le Karaté.
Quelques années plus tard, il rassemble les figures les plus connues du Karaté d'Okinawa (Kentsû Yabu, Chômo Hanashiro, Chôshin Chibana, Anbun Tokuda, Shinban Gusukuma, Chôsho Oshiro, Seito Tokumura, Hoko Ishikawa, Gichin Funakoshi). Cependant, par manque d'un Dojo, ils n'iront pas très loin dans la collaboration pratique. Ce n'est qu'en 1924 que Mabuni construit un Dojo dans son jardin. Le nouveau groupe qui travaille avec lui et Miyagi fut dirigé par les Maîtres Kyoda, Matubu, Hanashiro, Oshiro, Chibana et Go.
En 1926, Maître Jigaro Kano (fondateur du Judo), alors en visite à Okinawa, assistera à une démonstration de Karaté réalisée par Mabuni pour le Shuri-te et Miyagi pour le Naha-te.
Suivant l'exemple de Funakoshi et de Miyagi qui l'avaient précédé, Kenwa Mabuni s'installera en 1929 à Osaka au Japon. Il appellera son école Mabuni-ryu et en 1938 écrivit son premier livre. Quelques années plus tard, en l'honneur et par fidélité à ses deux principaux maîtres, il changera le nom de son école en Shito-ryu : Shi pour Itosu (Ito peut se prononcer Shi) et To pour Higaonna (Higa peut se prononcer To).
Kenwa Mabuni transmit quarante-neuf Kata dans l'école Shito-ryu dont quatre de sa composition. Il mourut en 1952 après avoir eu de nombreux disciples dont son fils Keneï (1918-2015), fut son successeur et représentant de l'école.
Kanbun Uechi est né à Okinawa en 1877. Son père était paysan et sa famille entière vivait modestement. C'était un homme très tranquille, doux et les voisins l'importunaient souvent. C'est ainsi qu'un jour il décida d'apprendre les arts martiaux pour devenir fort et respecté.
Il partit en Chine à l'âge de 20 ans pour éviter la conscription et pratiqua avec un homme dont le nom était Zhou Zhi He. Zhou Zhi He avait été un étudiant d'un expert Shaolin. Au commencement, Kanbun Uechi étudia les Kata et ceci d'une manière incroyablement dure. Zhou lui enseignait un seul mouvement tous les trois mois, ceci uniquement dans le but de tester sa patience.
Kanbun Uechi ouvrit un Dojo à Wakayama (Japon) et en 1928 il commença à enseigner les Arts Martiaux à son fils Kanei. Il quitta Wakayama en 1947. Il déménagea ensuite à Ishima, une île située dans la mer d'Okinawa. Kanbun Uechi décéda en 1948 à l'âge de 71 ans.
C'est son fils Kanei qui lui succéda. Kanei commença à moderniser quelques-unes des techniques de son père et introduisit 5 Katas de plus (Kanbun en enseignait uniquement 3: Sanchin, Seisan et Sanseryu), Kanshiwa, Kanshu, Sechin, Seiryu et Kanchin.
(source : Wikipedia)
Kosaku Matsumora est la figure de proue du Tomari-te.
Il a d'abord étudié le Tomari-te avec Karyu Uku puis avec Kishin Teruya lequel lui a enseigné les Kata « Rohaï » (actuellement appelé Matsumora Rohaï, ou Koshiki Rohaï), « Wanshu » et « Wankan ».
Il fut aussi un certain temps disciple de Sokon Matsumura. C'est à partir de là, que le Tomari-te devient partie intégrante du Shorin-Ryu.
Un jour, alors qu'il s'entraînait avec quelques condisciples dans le jardin de Kishin Teruya, il s'aperçut que quelqu'un les regardait en connaisseur par-dessus le mur. Kosaku, avec dérision, lui demanda de leur donner une leçon. Mais, il s'avéra que c'était un expert chinois en Arts martiaux, un commerçant du nom de Annan (connu aussi sous le nom de Chinto, du fait qu'il enseignait un Kata ainsi nommé), qui était à Okinawa car son bateau avait fait naufrage, et qui leur enseigna les Kata « Chinto », « Chinteï », « Jiin » et « Jitte ».
Il a dû quitter Tomari un certain temps, à cause d'une altercation qu'il a eu avec un samouraï du Clan Satsuma qui dirigeait Okinawa (ce clan japonais avait envahi l'archipel un siècle et demi plus tôt). Il n'est revenu que lorsque ce samouraï a quitté Okinawa pour rentrer au Japon. Ses deux principaux disciples furent Chotoku Kyan, et Choki Motobu.
Plus tard, il avait la soixantaine quand, Kentsu Yabu et Choyu Motobu, deux parmi les meilleurs disciples d'Itosu Anko qui leur avait parlé avec beaucoup de respect et d'éloges de Kosaku Matsumora, souhaitaient le défier, pour le tester. Après avoir essuyé plusieurs refus, ils sont revenus encore, mais cette fois, au lieu de frapper à la porte, ils sont passés par derrière, par le jardin.
Surpris de leur présence, il ne put, cette fois, que relever le défi, mais en fixant ses règles. Il leur a donc demandé de se mettre à deux et de le soulever ou de le faire bouger. Ils n'ont pas réussi à le décoller du sol. Après quoi, le reconnaissant comme un « Maître », ils ont bu le thé et écouté ses préceptes sur les règles de la politesse.
Il est décédé le 7 novembre 1898.
Maître Chotoku Kyan est né à Shuri en décembre 1870. Issu d'une famille noble de l'île d'Okinawa il baigna très tôt dans le monde des arts martiaux. Chotoku, d'une constitution très faible, était le troisième fils de la famille. Chofu Kyan, son père et adepte de Karaté, lui a imposé, dès son plus jeune âge, des exercices de renforcement afin de fortifier son corps et son esprit. Celui-ci put l'introduire auprès de Sokon Matsumura, le père du Shorin-ryu et Sensei du célèbre Ankô Itosu (1830-1915). Il s'entraîna également avec Kosaku Matsomora (du Tomari-te) qui lui permit d'étudier le vieux Passai, Kata transmis par Peichin Oyodomari.
Ce vieux Passai est toujours pratiqué grâce à Nakasato Joen et Zenryo Shimabukuro (1908-1969) à Okinawa, dont la version diffère assez de celle de Shoshin Nagamine, influencé par Itosu. Il est à noter que ces 2 grands Maîtres sont peu connus en Occident, mais il est certain que leurs Kata sont plus proches des origines du Shuri-te, que ceux de Maîtres bien plus connus qui ont tous subi l'influence de Itosu.
Avec Sokon Matsumura il apprit les Kata Seisan et Gojushiho, Kata proches de ceux enseignés en Shotokan.
Avec Kosaku Matsomora, il apprit donc l'ancienne version de Passai, Chinto (Gankaku en Shotokan). Il apprit Kushanku (Kanku Dai) avec Chatan Yara qui fut le disciple interne de .... Kushanku lui-même! Yara resta fidèle à son Maître et transmis ce vieux Kata tel quel à Chotoku Kyan qui le transmit aussi sans modification à Nakazoto Joen et Zenryo Shimabukuro.
Il a ajouté le Kata Ananku, enseigné par son père et qui viendrait de Taïwan.
Il rajouta le Kata de Bô, Tokumine No Kun, mais les avis divergent sur le fait que Chotoku Kyan l'ait appris de Tokumine lui-même.
Il est presque certain que le Karaté de Kyan Chotoku reste l'un des plus fidèles au Karaté d'origine pratiqué au XIXe siècle à Okinawa.
Redoutable combattant, de petite taille, il développa un Karaté basé sur les esquives (Tai Sabaki). À une époque où les défis étaient courants, il n'a parait-il jamais été battu. Il donna le nom de Sukunai-hayashi-ryû à son style de Karaté. Il reçut le surnom de « Chan mi gua » (kyan aux petits yeux).
À l'âge de 72 ans, il pratiquait encore et fit une démonstration impressionnante pour l'inauguration du Dojo de Shoshin Nagamine. Homme d'un grand cœur, à la fin de la seconde guerre mondiale, ayant survécu à la bataille d'Okinawa, il donnait toute sa nourriture aux enfants vivant autour de lui. Il décéda en 1945 à l'âge de 75 ans de malnutrition. Encore un exemple à méditer pour nos soi-disant Maîtres du Karaté moderne !
Outre Shoshin Nagamine, qu'il considère comme son successeur, ses deux élèves les plus fidèles sont : Zenryo Shimabukuro (1908-1969) et Joen Nakazato (1922-). Eux seuls essayèrent de transmettre sans le modifier le Karaté de Kyan Chotoku.
Joen Nakazato a créé en 1954 le Shorinji-ryu (pour le différencier du Shorin-ryu dont il est issu) et enseigne les 9 Kata appris avec Chotoku Kyan.
Au Japon, l'école de Chotoku Kyan perdure grâce à Yoshitoshi Sato qui a étudié avec Zenryo Shimabukuro et Joen Nakazato. Il a lui-même fondé en 1994, le Seishinkan Karate (le Karaté du cœur sincère) afin de préserver cet héritage.
Maître Funakoshi eut trois fils et une fille. Le plus jeune, Yoshitaka (1906-1945) s'était installé au Japon avec son père, alors que sa mère et les autres enfants sont toujours restés à Okinawa. Après l´ouverture du Shõtõkan en 1936, Gigo (Yoshitaka) devint son premier assistant. Funakoshi père était alors appelé le vieux Maître, et Gigo le jeune Maître.
Pour plus d'informations, se référer à la page du Fondateur.
Il est né dans le village d'Akahira à Okinawa en 1871 d'une famille noble ayant une longue tradition martiale. Maître Choki Motobu ne recevra cependant pas l'enseignement de l'art martial familial ni une forte éducation d'ailleurs. Son père, Motobu Choshin, était le descendant d'un des six fils du premier roi d'Okinawa Sho Shitsu (1629-1668) connu comme Prince Motobu Chohei (1655-1687). Etant le 3ème et dernier fils de la famille, Choki Motobu n'était pas destiné à être formé au « Te » filial.
Déterminé cependant à apprendre l'art du combat, Choki Motobu se formera largement par lui-même. Autodidacte doué, il a passé la majorité de sa jeunesse à s'entraîner tout seul, passant des heures à frapper le Makiwara et à soulever de lourdes pierres, pour se renforcer. Il devint rapidement un combattant redoutable avec une solide réputation de bagarreur, testant régulièrement ses techniques dans les quartiers chauds de la ville. Il était d'une très grande agilité, ce qui lui valut le surnom de « Motobu no zaru » ou « Motobu le singe ». Cette réputation reprochable rendra son acceptation auprès des grands Maîtres de l'époque très difficile voire impossible. Il recevra néanmoins l'enseignement de Maître Kosaku Matsumura (Maître de Tomari-te). Ce dernier, réfractaire à enseigner les techniques de combat à son élève plutôt nerveux, lui apprendra principalement quelques Kata. On raconte que durant les entraînements de ses séniors, Choki Motobu se cachait pour observer leur travail aux techniques de combat auprès du Maître.
En 1921 Maître Choki Motobu s'installa dans la ville d'Osaka au Japon, puis à Tokyo. À l'âge de 52 ans, un ami le convainc de participer à un combat contre un boxeur très fort lors d'un défi public. Maître Motobu le mit hors de combat et gagna le challenge sans équivoque. C'était réellement un combattant « hors norme », qui n'a jamais été vaincu. Sa très grande popularité, en tant que tel, a fortement contribué au développement du Karaté au Japon.
Il enseignait dans son dojo nommé Daidokan. Cette période sera difficile dû au fait que Maître Motobu parlait un dialecte d'Okinawa que ses étudiants japonais avaient de la difficulté à comprendre. Il laissera néanmoins une emprunte profonde, surtout dans l'approche du combat, chez plusieurs Maîtres qui deviendront par la suite les fondateurs de quelques-unes des écoles de Karaté modernes importantes. Citons en exemple les Maitres: Yasuhiro Konishi (Shindo Jinen-ryu), Kosei Kukiba (Seishinkaï), Hironori Otsuka (Wado-ryu), Tatsuo Shimabuku (Isshin-ryu), Shoshin Nagamine (Matsubayashi Shorin-ryu), Tsuyoshi Chitose (Shito-ryu), Katsuya Miyahara (Shorin-ryu Shidokan) et Tatsuya Yamada (Nihon Kempo Karate).
Son Kata favori était Naihanchi, bien qu'il ait travaillé aussi beaucoup Chinto et Kushanku (du Shuri-Te) et Rohaï et Sanchin (du Naha-Te). Il disait de Naihanchi, que c'est la base du Karaté.
Il revenait souvent à Okinawa, pour se perfectionner tant en Kata qu'en Kobudo et en 1941 Maître Choku Motobu retourna définitivement à Okinawa où il s'éteint en 1944.
Ankô Itosu, né en 1831 dans une famille de fonctionnaires, reçut en karaté une première formation que nous connaissons mal. D'après certains récits son premier maître s'appelait Nagahama, d'autres sources rapportent qu'il s'agissait d'un Chinois appelé «Channan». C'est vers l'âge de 30 ans qu'Ankô Itosu devient élève de Matsumura. Il côtoie Ankô Asato qui était alors l'un des meilleurs disciples de Matsumura, mais n'est connu dans l'histoire de karaté que parce qu'il fut le maître de Gichin Funakoshi.
A. Itosu mesurait à peine 1,55 m, mais sa musculature témoignait de l'intensité de son entraînement. On raconte que son thorax large et épais ressemblait à un tonneau renforcé de partout. Il avait 49 ans en 1879, lorsque la royauté fut abolie à Ryûkyû; le changement de régime provoqua une réduction des postes officiels (plus de sept mille chômeurs d'un seul coup). Il conserva cependant son ancien travail de secrétaire dans un bureau attaché à la préfecture, avec un salaire très bas, mais la situation économique ne lui laissait pas le choix. En 1885, à l'âge de 55 ans, il prit sa retraite, travaillant occasionnellement comme écrivain public. C'est alors qu'il commença à enseigner le karaté dans le jardin attenant à sa maison. En 1901 A. Itosu réussit à faire adopter le karaté comme discipline d'éducation physique à l'école primaire de Shuri.
C'est dans ce but qu'il composa d'abord les trois Kata « Naifanchi » à partir du Naifanchi classique, puis les cinq Kata « Pinan ». Il classa ces Kata selon une graduation indiquée par le suffixe « dan » : Nalfanchi shodan, nidan et sandan et Pinan shodan, nidan, sandan, yodan et godan.
C'est à l'usage des élèves qu'il créa les cinq Kata Pinan puis la décomposition du Kata Naifanchi en trois Kata. L'enseignement donné par A. Itosu est passé par plusieurs étapes. Ainsi ce serait une erreur de penser qu'il a enseigné les Kata de Pinan sous une forme donnée une fois pour toutes. En effet, au début de son enseignement, de nombreux passages de ces Kata s'exécutaient mains ouvertes. Compte-tenu de la difficulté et du danger de la pratique à main ouvertes pour des élèves, certains passages seront peu à peu réalisés avec le poing serré. A. Itosu donna aux maîtres qui enseignaient à l'école des instructions conçues pour faire passer d'abord dans l'enseignement du karaté les composantes éducatives, physiques et morales.
De plus, Itosu a au cours des années apporté des rectifications de détails aux Kata. Ainsi, l'étude détaillée des Kata Pinan fait apparaître plusieurs différences de détails intervenues au cours des cinq premières années. Or les élèves ont tendance à respecter ce qu'ils ont appris sans pouvoir relativiser leur savoir; c'est pourquoi, au fils du temps, des différences non négligeables se sont fait jour parmi des élèves d'Itosu dont quelques-uns étaient devenus enseignants. Il faut reconnaître que la réforme du karaté intervenue à cette époque a eu pour conséquence la difficulté que nous avons aujourd'hui à déchiffrer la signification technique de certains Kata transmis par A. Itosu. Les soins apportés à faciliter la pratique d'élèves dont les conditions d'apprentissage rompaient avec celles de la transmission ésotérique de l'art ont eu pour effet d'opacifier et de rendre ambiguës les techniques de certains Kata. C'est pourquoi, au cours de cette réforme, le Kata Naifanchi intégra plus d'éléments éducatifs que d'éléments applicables en combat. Les Kata Pinan, composés dans le même but, comportent aussi quelques éléments qu'il serait erroné de vouloir interpréter en termes de combat.
Octobre 1908 Ankô Itosu
Kanryo Higaonna est né à Naha, capitale d'Okinawa, en 1853. Il commence par l'étude du « Te », puis, à vingt ans, il est présenté à Maître Sesho Arakaki qui le forme au Naha-te.
Quatre années plus tard, il quitte Okinawa pour se rendre en Chine, dans la province de Fukien. Il deviendra l'élève de Maître Ryu Ryuko qui enseigne une forme de boxe chinoise appelée le style de la « Grue Blanche ». Son séjour, qu'il prolonge à la demande de son Maître, dure quinze ans.
Il rentre à Okinawa à l'âge de quarante ans, s'installe à Naha et fonde son école. Son style, que l'on nomme « Naha-te », s'inspire du « Te » pratiqué à Naha et des styles chinois appris lors de son séjour sue le continent.
Maître Higaonna meurt en 1915, la même année que Maître Itosu, et laisse un nombre assez réduit de disciples (Miyagi, Higa, Kyoda, Gusukuma, Shiroma). Chojun Miyagi, qui fondera plus tard le Goju-ryu, lui succède à la tête de l'école.
L'influence de Kanryo Higaonna se retrouve également dans le Shito-ryu de Kenwa Mabuni dont il fût, avec Ankô Itosu, l'un de ses deux Maîtres.
Considéré comme l'un des grands Maîtres de Karaté d'Okinawa de son époque, on ne connaît pourtant pas grand chose d'Azato Yasutsune (Ankô).
La plupart de nos connaissances à son sujet nous viennent de Gichin Funakoshi dont il fut, l'un de ses deux enseignants. Gichin Funakoshi était dans la même classe que son fils, à l'école primaire, et c'est tout naturellement qu'il devint son disciple, en même temps que celui d'Itosu, car Azato et Itosu étaient très amis.
Né à Azato dans une famille de Tonochi (traditionnels chefs de village, par héritage), Azato Ankô fut un disciple éminent de Sokon Matsumura. Son Art ne s'arrêtait pas au Karaté, en effet c'était également un excellent cavalier et expert en Kendo de l'école Jigen-ryu.
(Source : « Encyclopédie des Arts Martiaux de l’Extrême Orient » de Gabrielle et Roland Habersetzer)
Expert okinawaïen de Karaté, fondateur du style Shorin Matsubayashi-ryu. Fils d'un fermier né à Tomari, il commence l'étude du Tomari-te à l'âge de 17 ans, pour compenser une santé fragile, sous la direction de Chibana Choshin. Un peu plus tard il poursuivit avec Shimabuku Taro et Arakaki Ankichi, tous deux élèves de Kyan Chotoku, et aussi avec Iha Kodatsu du Tomari-te.
De son temps d'adolescence lui vint son surnom de ses camarades de Dojo, « Chipai Matsu » (« le pin tenace »). Après avoir séjourné en Chine durant son service militaire à partir de 1928, il entra dans le corps de police d'Okinawa et suivit de 1931 à 1935 l'enseignement de Kyan Chotoku dans la ville de Kadena.
On le trouve en 1936 étudiant à l'Académie de Police de Tokyo, ce qui fut pour lui l'opportunité d'étudier les techniques de combat avec Motobu Choki, tout en commençant l'étude du Kendo et du Judo. En 1940, sur la recommandation de Miyagi Chojun, il reçut le titre de Renshi.
Il ouvrit son premier Dojo à Tomari en 1942, qui fut détruit à la fin de la bataille d'Okinawa. Promu superintendant de la police en 1951, il dirigea pendant deux ans la police dans la péninsule de Motobu, au nord de l'île. Il démissionna en 1953 et ouvrit son nouveau Dojo à Naha, le Kodokan (Kodokan Karatedo Kobujutsu Dojo) où il enseigna son propre style, créé dès 1947. Il étudia parallèlement le Bouddhisme Zen à partir de 1969 avec les moines Okamoto et Sakiyama, et inclut la méditation Zen dans sa méthode. 10ème Dan et Hanshi, il présida la « Okinawa Karatedo Federation ». Parmi ses principaux élèves: Nagamine Takayoshi (son fils), Kiokawa Takashi, Takamura Masaru et Narihiko, Kyan Shinei, Miyagi Seiyei, Koza Shoshin. Minami Shinsaku...
C'est vers l'âge de 10 ans que son père l'introduisit auprès du vieux Maître de Tode d'Okinawa, Sakugawa Kanga dont il fut le dernier et plus célèbre disciple.
Dès 1816, il intègrera le service de protection des 3 derniers rois des RyuKyu : Sho-Ko, Sho-Ito, et Sho-Tai. Il devint très rapidement, à l'âge de 19 ans, le responsable et instructeur de techniques martiales de la garde du palais de Shuri.
En 1818, il épousa Yonamine Chiru, redoutable combattante très expérimentée en Tode. Sa famille contribua à la rapide maîtrise de l'art du combat à main nue de Matsumura Sokon. Ses exploits commencèrent à faire le tour de l'île d'Okinawa et du Japon.
Le titre de « Bushi » lui fut octroyé à cette époque et devint une véritable légende de son vivant. La prouesse la plus connue aujourd'hui est la rencontre qu'il fit à Aizo-Shuri contre un taureau qu'il terrassa d'un seul coup de poing.
En tant qu'attaché à la cour, Matsumura fit de nombreux voyages dans l'ancienne province japonaise de Satsuma où Ijuin Yashishiro de l'école Jigen-Ryu des Samouraï du clan Shimazu l'initia au Ken-Jutsu (art du sabre). Cette autre forme martiale fut déterminante pour le perfectionnement de ses propres techniques de combat.
De nombreux déplacements dans la province chinoise du Fujian lui permis d'aborder d'autres disciplines. Lors de son premier voyage en Chine, aux environs de 1830, Matsumura rencontra au Dojo de Fuzhou deux experts en boxe chinoise, Ason et Iwha. Ce dernier lui appris le Bai-He-Quan, le style de La Grue blanche et le second lui transmit ses connaissances du style Nan-Quan. C'est dans cette région de Chine qu'il prit connaissance du « Bubishi » (vieux manuscrit d'origine chinoise, datant du XIXème siècle qui serait le lien entre la boxe chinoise et le Karaté d'Okinawa).
Les origines du Shorin-Ryu, dont il fut le fondateur, proviennent de ses connaissances dans les techniques chinoises de combats auxquelles il ajouta celles provenant du Shuri-Té et du Tomari-Té (Tode des villes de Shuri et Tomari).
Les Kata qu'il enseignait sont : Naihanchi, Chinto, Passai, Seisan, Kushanku, Chanan, Hakutsuru, Gojushiho. Il serait créateur des kata Passai et Chanan.
Ces Kata sont à l'origine de ce que nous connaissons aujourd'hui sous différentes appellations selon les styles de Karaté.
Pour le Shotokan nous aurons:De nombreux Maîtres virent le jour entre ses mains dont son petit fils Matsumura Nabe (1860-1930) à qui il décerna le Menkyo-Kaiden ainsi qu'Itosu Ankô et Azato Ankô qui furent les enseignants de Gichin Funakoshi.
La date de naissance et de décès de ce Maître incontesté du Tode est très controversée. Les dates que l’on peut trouver sont les suivantes : 1762-1843, 1733-1815, 1782-1862 et 1786-1867. Cette dernière est tiré du livre de Masahiro Nakamoto : « Okinawa traditionnal old Martial Arts ».
D'origine noble, il serait né à Tunjumui (aujourd’hui appelé « Torihori », quartier du district de Shuri). Senseï Sakugawa, de son vrai nom Teruya Kanga (il en changea lorsqu'il devint « Peichin », serviteur du roi), est reconnu comme étant le premier Maître officiel du Karaté. Il fut à l'origine du style Shuri-Te (Te de la ville de Shuri). A Akata (Shuri), il eu comme premier maître, le moine Peichin Takahara puis, un autre expert chinois séjournant dans la colonie chinoise de Kumemura : Ku-shan-ku. C'est de ce dernier qu'il apprit en autre le Kata « Kushanku » qu'il induisit sur l'île d'Okinawa après y avoir apporté quelques modifications. A la mort de Maître Peichin Takahara, il prit le surnom de « Tode Sakugawa ».
C'est naturellement à Shuri qu'il ouvrit sa première école de « Shuri-Te » et sorti ainsi le Karaté du secret. Ses fonctions lui permirent d'aller plusieurs fois en Chine, à la source même de la boxe chinoise (Quan-fa) ainsi que dans le sud du Japon ou il pu perfectionner son Art. C'est un peu avant de mourir qu'il fit la connaissance d'un autre personnage, âgé alors de 10 ans, qui teint une très grande place dans l'évolution du Karaté-Do d'Okinawa : Sokon Matsumura. C'est ce dernier qui fit évoluer le « Shuri-té » vers le « Shorin-ryu ».
Un excellent article lui est consacré sur ce site : www.karatehistorique.wordpress.com
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