Maître Funakoshi Le Dojo-kun
Epoque Jômon Epoque Yayoi Epoque Yamato Epoque Kofun Epoque Azuka Epoque Nara Epoque Heian
Epoque Kamakura Epoque Muromachi Epoque Kemmu Nanboku-chô Les Ashikaga Epoque Sengoku Epoque Azuchi
Epoque Momoyama Epoque Edo Epoque Meiji Epoque Taisho Epoque Showa Epoque Heisei Terminologie

L'histoire du Japon

D'après de récentes études anthropologiques il semblerait que les premiers habitants du Japon viendraient de Sibérie et/ou de Polynésie. La glace, reliant tout l'archipel actuel au continent jusqu'en 13 000 avant J.C. aurait permis aux premiers colons de s'établir sur ces territoires. Les premiers écrits Japonais datent seulement du 1er siècle avant notre ère mais les vestiges retrouvés permettent de dater la présence humaine, sur ces îles, depuis le paléolithique supérieur.

Découpée en différentes époques, appelées encore périodes ou ères, auxquelles il a été attribuées des noms correspondants à divers événements, lieux ou situations particulières, c'est un système de datation qui est dévolue à l'Empereur et encore en vigueur de nos jours au Japon.

À la suite du dernier âge glaciaire, autour de 12 000 avant notre ère, le riche écosystème de l'archipel japonais donna naissance à la culture Jômon ou l'ère Jômon.

Haut de page
Epoque Jômon -12 000 à -300 (environ)

La période Jômon couvre la période du Xe millénaire avant J.C. (fin de la période précéramique paléolithique) au IIIe siècle avant J.C. où commence la période Yayoi. Selon la légende, l'Empereur Jimmu Tenno, descendant de la déesse Amaterasu (déesse du soleil), aurait fondé la dynastie japonaise, pendant cette période, en 660 av. J.C. Cette civilisation serait la première au monde à connaître et fabriquer de la poterie. Des poteries et autres vaisselles datant approximativement de -12 700 ont été découvertes dans la préfecture de Nagasaki. Les poteries étaient réalisées selon la technique du colombin, à partir d'un cordon de glaise enroulé en spirale, ou bien de plusieurs cordons en anneaux superposés. La poterie est ensuite simplement séchée puis cuite dans les cendres d'un foyer. Quelques petites figurines en argile, ou « Dogu », de formes humaines et animales, apparurent également vers le VIIe millénaire av. J.C.

La période Jômon est divisée en six phases :

Au début de cette période, la population a été estimée entre vingt et vingt-deux mille habitants pour atteindre cent vingt-cinq à peut-être deux cent cinquante mille sur la fin de la période. Déjà sédentaires, la population se regroupait pour former des villages permanents d'une dizaine d'habitations. La disposition de la plus part de ces villages se concentrait autour d'un cimetière central. L'agriculture n'étant pas encore connue à cette époque, les habitants vivaient principalement des ressources naturelles de l'archipel grâce à la pêche, à la chasse ou la cueillette. Ce n'est que vers la fin de l'ère Jômon que les premières cultures de courges et de millet apparurent.

Des découvertes récentes ont démontré qu'il existait déjà à cette époque des traces de techniques liées à la riziculture vers -1 000.

Haut de page
Epoque Yayoi -300 à 250

Le Dr Arisaka Shôzô trouva une jarre d'un type jusqu'alors inconnu, qui fut alors nommée Yayoi car trouvée à Yayoi-chô, un quartier de Tokyo. Ces fouilles archéologiques ont pu mettre au jour cette civilisation qui s'est développée de la région de Kyushu à la région de Honshu. Les écrits les plus anciens à propos du Japon sont des écrits chinois de cette période. « Wa » est pour la première fois mentionné en 57. Les anciens historiens chinois décrivirent « Wa » comme un pays parsemé de centaines de communautés tribales. Les sources chinoises du IIIème siècle rapportent que les gens de Wa vivaient de légumes crus, de riz et de poissons. Leurs relations étaient de maîtres à vassaux, qu'ils collectaient des taxes, frappaient dans leurs mains pendant les cultes (tradition qui existe encore dans les temples shintoïstes) et se battaient dans de violentes luttes de successions. Cette civilisation résulterait de migrants d'Asie centrale arrivés dans le nord de Kyushu et qui se seraient mêlés à la civilisation de Jômon. Ils apportèrent essentiellement la riziculture inondée et la métallurgie du bronze et du fer. Refoulant progressivement les Ainu, un peuple chamanique venu de Sibérie quelques millénaires plus tôt, vers l'extrême nord de l'île de Hokkaido, ils s'installèrent sur toute la partie sud de l'archipel. La société japonaise s'organisait dans des villages de fermiers, construits de bois et de pierre, et commençait à développer différentes classes sociales.

Durant la période de Yayoi, l'on note une importante production d'objets cérémoniels parmi lesquels, des objets rituels en jade ou des miroirs-boucliers de bronze tel celui de Yata conservé au sanctuaire Ise-jingu, des épées longues et droites à double tranchants, telles l'épée Kusanagi (faucheuse d'herbe) du trésor impérial, indiquant la filiation avec celles de l'armée chinoise de Qin Shih Huang Di. Au premier siècle après J.C., le fer se généralise pour les outils destinés à l'agriculture et pour les armes.

Haut de page
Epoque Yamato 250 - 710

Cette époque se subdivise en deux autres périodes :

La période Yamato désigne la période de l'histoire du Japon où une structure politique et sociale se met en place dans la province de Yamato autour de Nara vers 250.

Cette période est, avec la période Azuka, une sub-division de l'ère Yamato.

La période Kofun, du nom des « Kofun », tertres funéraires typiques de cette époque qui constituent l'une des principales sources de documentation sur cette période, marque la naissance d'une véritable société avec la volonté de créer un État japonais.

Aux Ve ou VIe siècle, cette structure sociale est hiérarchisée en petits États et royaumes selon des clans sous la domination d'un dirigeant héréditaire. Ces clans sont eux-mêmes divisés en groupes selon le statut professionnel. Le royaume du Yamato, le plus important sera à l'origine de l'unification du Japon (encore communément appelé pays de « Wa ») excepté la partie nord où se trouvaient les Ainu.

La période Azuka est marquée, en 538, par l'arrivée puis le développent au Japon du Bouddhisme, importé de Chine via la Corée avec les techniques d'écriture chinoises qui seront également assimilées.

En recherchant l'appui du souverain de la Cour du Yamato, le Roi de Paekche, l'un des trois royaumes de Corée, envoya une délégation et offrit comme présent, pour nouer de bonnes relations, une statue en bronze doré du Bouddha Sakyamuni ainsi que plusieurs volumes de Sûtra, textes sacrés qui définissent la façon la plus fidèle de transmettre la parole et les actes du Bouddha. Dans la lettre qui accompagne ces présents, le souverain de Paekche demande que soit diffuser cette sainte doctrine et la présente comme la plus admirable de toutes car la seule permettant « L'Éveil ».

Les clans étaient partagés entre les partisans du Bouddhisme très liés à la Corée (le clan Soga, pour ne citer que lui) et les traditionalistes Shintoïstes comme les clans Otomo, Nakatomi et Mononobe. Selon eux cette « Divinité étrangère » porterait ombrage aux « Kami » en place et provoquerait leur colère. Le conflit entre les deux parties ne durera guère longtemps car dès le règne de l'impératrice Suiko et de son régent le prince Umayado, (Shôtoku Taishi (574-622) -littéralement: Prince aux saintes vertus) le Bouddhisme fût encouragé pour devenir religion d'état. C'est grâce à Shôtoku Taishi que la culture chinoise, tant Confucéenne, Taoïste que Bouddhiste allait marquer le nouvel Empire insulaire. En 604 il érige « Sa Constitution en Dix Sept articles » qui allait transformer et avoir une répercussion durable, politiquement, socialement et religieusement, sur la civilisation japonaise. Selon ce texte, la Cour est divisée en 12 rangs regroupés par deux, un mineur et un majeur qui répondent à six vertus essentielles. La Vertu (Toku), la Bienfaisance (Nin), l'Étiquette (Rei), la Probité (Shin), l'Équité (Gi) et la Sagesse (Chi). Les rangs des courtisans ont chacun leurs parures, couleurs, habits propres selon le degré de proximité avec le Souverain. Il y a de même un système de hiérarchie basé sur le mérite et pas seulement sur la filiation.

Peu de temps après la mort du Prince Régent Shôtoku Taishi, des troubles mettent en péril l'assise gouvernementale pour la succession au pouvoir. Les années 645 et 646 sont marquées par un sanglant coup d'État, au cours duquel le clan Soga est écarté du pouvoir. L'aide donné à l'Empereur par les Nakatomi, aboutit en 645 à la promulgation de la « réforme Taïka » qui, après réaffirmation du principe solennelle de la seule autorité Impériale, publie un édit en 646 proclamant que toutes les terres appartiennent à l'État, qu'aucun noble ne peut posséder de terre en son nom propre. Il définit un centre gouvernemental situé dans le Yamato, avec gouvernement désigné, établissant un recensement général de la population en vue de la redistribution des terres, introduisant un nouveau système de taxes abolissant les anciennes.

En récompense de ses services, Nakatomi Kamatari reçut le nom de Fujiwara que portera sa famille et créera la dynastie des Fujiwara qui régnera plus tard et sans partage sur le Japon.

L'attrait de la culture Chinoise était grande et beaucoup d'érudits partaient pour le continent et en revenaient, rapportant avec eux livres, objets mais aussi des renseignements importants concernant les détails de l'administration des Tang qu'ils mettaient à profit pour leur compte au Yamato. En 701 fut promulgué, sous le nom de « Code Tahio », un ensemble complexe de textes régissant désormais les institutions Impériales et gouvernementales ainsi que l'organisation des différents groupes sociaux et la distribution des terres en circonscriptions, pays et districts.

Cette culture, importée de Chine, n'était que rarement accessible par le peuple qui devait se contenter des rares sermons de Moines ou de la transmission du savoir par les Anciens. C'est ainsi que depuis quelques siècles, certains groupes avaient développés des talents dont les secrets familiaux se transmettaient de maîtres à disciples, formant par association des sortes de corporations.

Haut de page
Epoque Nara 710 - 794

Cette période débute avec l'installation de la capitale par l'impératrice Gemmei à Heijo-kyo (Nara), qui donna son nom à cette époque. Les premiers écrits sur l'histoire du Japon apparaissent en 712 avec le Kojiki (chronique des choses anciennes) suivi en 720 par le Nihon Shoki (chronique du Japon). Ces récits décrivent, entre autres, les mythes et légendes de de la famille impériale, descendant de la Déesse du Soleil Amaterasu et fondent le Shintô mythologique (Shintoïsme).

Le symbole Impériale était constitué de trois attribus, les trois joyaux (Shinki-sanshu) :

Cette période voit l'éclosion de la civilisation japonaise et les communications avec la Chine des Tang sont prospères. Un grand nombre de voyageurs partent s'instruire à l'étranger. Quatre routes de navigations ont été recensées dont l'une d'elle passait par Okinawa, île principale des Ryû-kyû.

L'époque de Nara voit également grandir l'influence du Bouddhisme sur l'Etat. La capitale abrite rapidement plusieurs monastères bouddhiques importants tels Horyû-ji en 607 et Tôdaiji et cette religion étrangère se muait en grande Eglise de l'Empire et devenait la plus forte puissance de l'Etat.

Six sectes, nommées les « Les six écoles de Nara », parmi les plus anciennes sont reconnues par l'Etat: Jojitsu (« Perfection de la Vérité ») introduite en 625 en même temps que Sanron qui enseigne la doctrine dite « de la Voie du milieu »; Kusha qui enseigne la « non réalité du moi »; Hossô, qui est introduite en 660 par le moine Dôshô, sa doctrine est connue sous le nom de « doctrine de la connaissance »; Kegon, apparue en 736, elle place au sommet de sa doctrine « le Sûtra de l'ornementation fleurie » selon lequel l'ensemble de l'univers et tous les états qui le constituent sont autant de manifestation du Bouddha « solaire » Vairocana; Ritsu, introduite en 754, qui attache une importance prioritaire aux règles de la disciplines monacales comme « la transmission des préceptes ».

Tous les sanctuaires patronnés par la Cour étaient exemptés d'impôts. Le Clergé Bouddhique et l'Aristocratie partageaient des privilèges qui sapaient le système de répartitions des terres de la « réforme Taïka » qui eut pour but l'amélioration de l'état des paysans. Petit à petit, les vices de structures dans le système agraire allaient conduire le Japon vers un régime féodal.

Vers 780, l'Empereur Kônin, par mesure d'économie, décide de supprimer les corvées militaires imposées aux paysans et de créer une classe de guerriers spécialisés. C'est au VIIIème siècle qu'apparaît le terme « Samuraï » pour désigner les hommes d'armes. Dans le Kojiki et le Nihon Shoki il est fait mention de combats à mains nues comportant des frappes de la main et des coups de pieds appelés Sumô. De la fin du VIIème siècle au début du XIIème siècle, un tournoi annuel, Sumo No Sechi, est organisé à la Cour Impériale.
Plus tard, quand le pouvoir des guerriers s'institutionnalisera, à la fin du XIIème siècle, ceux-ci développeront le « Buké-Sumô » ou « Sumô des guerriers ».
Ce sera à la fois une formation physique, une technique de combat à mains nues et une distraction. Nombre de techniques élaborées dans le cadre du Sumô vont être progressivement empruntées par les différentes formes de Ju-jutsu et arts de combats à mains nues.

Vers la fin de la période Nara, L'influence étouffante des moines bouddhistes pousse l'Empereur Kammu (736-806 et Empereur de 781 à 806) à déplacer la capitale à Nagaoka en 784 puis très rapidement à Heian Kyô (Kyôto aujourd'hui) qui restera le lieu de résidence de l'Empereur pendant plus de mille ans.

Haut de page
Epoque Heian 794 - 1185

L'époque Heian (mot qui signifie « paix » en japonais) est considérée comme l'apogée de la cour impériale japonaise et est célébrée pour ses arts, notamment la poésie et la littérature. L'époque Heian connu également l'apparition du premier Dojo, le Butokuden, « Salle de la Vertu chevaleresque », créé par l'Empereur Kammu dans le parc du Palais Impérial de Heïan Jingu à Heian Kyô (Kyoto) où les jeunes nobles et guerriers de la Cour Impériale s'entraînaient quotidiennement au Katana (sabre).

En quittant Nara, où l'influence des Bouddhistes était trop importante, l'Empereur Kammu (781-806) allait tenter de remettre de l'ordre dans l'Empire. La première des mesures qu'il prit en déplaçant son lieu de résidence à Heian Kyô, « capitale de la paix » en 794, fut d'interdire aux Moines de Nara de s'installer dans la nouvelle capitale. Pour limiter le pouvoir des sectes de Nara, l'Empereur favorise également la fondation de deux nouvelles sectes ésotériques par l'intermédiaire de deux moines qui deviendront légendaires: Saisho (767-822, fondateur de l'école Tendai (« Terrasse céleste »), et Kukai (774-835, fondateur de l'école Shingon - « parole vraie »). Ce dernier impressionna fortement les Empereurs pour ses talents en poésie, calligraphie, peinture et sculpture.

Grâce à ces deux tendances, le Bouddhisme commence à se répandre au Japon. L'école Tendai, originaire de Chine est basée sur le « Sûtra du Lotus », l'un des plus importants textes du Bouddhisme Mahâyâna et l'école Shingon est une secte japonaise ayant de proches affiliations avec le Bouddhisme Tantrique indien et tibétain.

L'Empereur Kammu était un patron reconnu de la secte Tendai et de proches relations se sont développées entre cette tendance et la cour Impériale. Son influence se mesure aussi dans la naissance et la montée en puissance des moines-guerriers Sôhei.

A la cour les fils des nobles devenaient trop nombreux et certains furent autorisés, nantis de titres nobiliaires, à s'installer dans les provinces. Ils fondèrent de puissantes familles qui avaient tendances à se désolidariser du gouvernement Impérial. Au cours des IXe et Xe siècles, la plus grande partie de l'autorité est perdue en faveur de ces grandes familles.

Seule la famille Fujiwara demeura près du pouvoir et avait désormais le droit d'occuper les positions clés du gouvernement. Un catalogue des familles classifia les titres nobiliaires, sorte de répartition par importance de titres. Seules quelques familles étaient reconnues comme de haut rang: celles des Fujiwara, Minamoto, Taïra, Tachibana.... Ces familles nobles requièrent des gardes, une police et des soldats. La classe guerrière gagnait ainsi progressivement de grands pouvoirs durant cette période Heian.

Bien que l'époque Heian soit indubitablement une période de paix inhabituellement longue, elle a affaibli l'économie du Japon et conduit à la pauvreté presque tous ses habitants. Le système de répartition des terres sur les lois agraires du « Code Taïka-Taihô » tombait en désuétude. Les sanctuaires patronnés par l'État étaient exemptés d'impôts, les domaines des nobles hors de la juridiction de la Cour ne redevaient rien à l'État, les paysans patrons désertaient les terres qui leur avaient été allouées et préféraient aller travailler sur les domaines des moines et des nobles où les taxes payées étaient moins élevées que les taxes gouvernementales. La Cour s'appauvrissait petit à petit au profit des domaines (Shoen).

Le rôle de l'Empereur s'effaça peu à peu, et, même si la succession au trône était assurée par l'hérédité dans la famille impériale, le pouvoir tomba entre les mains de la branche Nord de la puissante famille des Fujiwara, qui, ayant éliminé progressivement de la Cour Impériale les autres branches et, par des mariages successifs avec la famille impériale, conquirent le pouvoir en 858-859 et réussirent à s'y maintenir jusqu'au milieu du XIIème siècle. Les Fujiwara étaient devenus ce que l'historien George B. Sansom a appelé des « dictateurs héréditaires ».

Quelques Empereurs ont vainement tenté de contrôler les revenus de leurs terres, mais devant la puissance des Fujiwara et des monastères ils ont du s'incliner.

Les Fujiwara, fins diplomates, n'appuyaient les décisions Impériales que dans les cas où celles-ci n'affectaient ni leurs domaines ni leurs prérogatives. Les Régents Fujiwara avaient eu la sagesse politique de laisser se développer les Shoen des monastères, plus ceux-ci étaient puissants et plus cela renforçait la leur.

La paix régna dans le pays car toute difficulté était « arrangée » pacifiquement et politiquement. Les paysans virent leur condition s'améliorer, au moins pour ceux qui s'étaient « donnés » aux seigneurs.

Pendant cette période, l'influence chinoise chute de manière effective après la dernière mission impériale en Chine en 838. La dynastie Tang est alors en déclin, et les Bouddhistes chinois sévèrement persécutés. Le Japon commence à se replier sur lui-même. Dans le domaine de la littérature, on attribue au moine Kukai l'invention d'une écriture de la langue japonaise permettant de noter les sons sans un besoin absolu des caractères Chinois. Cela aurait permis la diffusion du Bouddhisme dans les couches pauvres du Japon et une prise de distance avec la culture Chinoise. L'architecture est en pleine expansion, prolifération des temples, expansion des communautés urbaines ou rurales auxquels s'ajoutèrent les résidences seigneuriales favorisées par les Fujiwara.

La période Heian est aussi une période d'épanouissement d'une vie de luxe et de plaisirs car toutes les conditions étaient réunies à la Cour: richesses contrôlées entre les mains de quelques aristocrates, disponibilités de courtisans. Tout ceci ne faisait que creuser le fossé existant entre l'aristocratie proche de la Cour, le clergé, les seigneurs, la bourgeoisie des artisans, commerçant et le monde paysan qui n'existait pratiquement pas aux yeux des aristocrates.

Les Régents Fujiwara furent les maîtres absolus jusqu'à l'avènement de l'Empereur Go-Sanjô en 1068 (ou 1069 selon certains livres). A cause d'un problème de descendance, les Fujiwara ne purent empêcher l'intronisation de l'Empereur Go-Sanjô avec qui ils n'avaient aucun lien familial. L'habituel jeu des alliances matrimoniales ne put fonctionner. La première mesure de l'Empereur Go-Sanjô fût de créer un bureau d'enregistrement pour avoir un contrôle plus efficace des domaines (Shoen), ce qui mettait en difficulté les Fujiwara et les monastères (la plupart des titres de propriétés étaient illégaux).

L'Empereur Go-Sanjô abdiqua au profit de son fils en 1072, avant d'avoir totalement appliqué sa mesure, et mit en pratique l'usage de l'Insei (pratique de gouvernement des Empereurs-retirés et qui va ouvrir la voie à une période dite « périodes des Empereurs-retirés », c'était une manière de s'éloigner des intrigues de la Cour tout en conservant une autorité sur son fils qui régnait à sa place). L'Empereur-retiré étant le père de l'Empereur avait toute autorité sur celui-ci à la place des Régents Fujiwara. Des dissensions internes divisèrent ces derniers, certains prenant parti pour l'Empereur-retiré ou pour l'Empereur en titre.

Les grandes familles de province commençaient à envier la richesse des aristocrates. Dans les provinces éloignées qui échappaient au pouvoir du gouvernement, de forte tendances à l'autonomie se faisait jour. Pour se défendre contre les invasions des Ebisu du nord, les paysans qui s'étaient groupés autour des notables de province, organisèrent leur propre force de police voire constituèrent de véritables petites armées. Même dans la capitale où les conditions de vie étaient peu sûres, les familles nobles avaient pris l'habitude de faire venir de leur lointains Shoen des troupes de guerriers armés pour défendre leurs biens contre le brigandage.

Il se forma tout naturellement des groupes qui revendiquèrent leur autonomie. Certains de ces groupes s'amalgamèrent. Les familles aristocrates et clans guerriers se disputaient âprement places et pouvoirs. Deux de ces sortes de coalitions, connues sous le nom des « Huit Taira de l'Est » et des « Sept Groupes du Musashi » étaient dirigés par des chefs de clans militaires, les Taira et les Minamoto, nobles d'origines Impériales. C'est ainsi que naquissent les clans guerriers qui allaient conduire le Japon sur la voie de la féodalité Shogunale.

L'une des raisons qui permit aux clans guerriers de prendre le pouvoir est que la noblesse dirigeante prouva son incompétence dans la gestion du Japon et de ses provinces. Aux alentours de l'an mille, le gouvernement se trouva incapable de produire de l'argent et la monnaie disparaît peu à peu. L'absence d'une monnaie d'échange solide est implicitement illustrée dans les romans de l'époque, montrant par exemple des messagers récompensés par des objets utiles tels qu'un Kimono de soie, plutôt que de percevoir un salaire. Les Régents Fujiwara s'avérèrent également incapables de maintenir des forces de police efficaces, ce qui laissa les voleurs libres de fondre sur les voyageurs. Ceci est à nouveau implicitement illustré dans les romans au travers de la frayeur que le voyage de nuit inspirait aux personnages principaux.

Pendant ce temps les monastères n'étaient pas rester à ne rien faire. Pour se protéger d'autres monastères et des brigands, mais surtout pour faire valoir leurs idées politiques vis à vis de la Cour, ils avaient eux aussi mis sur pied de guerre des troupes armées. Les seules forces capables de pouvoir leur résister étaient celles des clans militaires.

L'influence de la classe guerrière à la cour est un résultat de la rébellion de Hôgen en 1156, et surtout de celle de Heiji en 1160. A cette époque, Taira No Kiyomori est nommé Daijo-daijin (Premier ministre) et forme le premier gouvernement Samouraï de l'histoire. En 1180, remettant au goût du jour une pratique des Fujiwara, il place son petit-fils Antoku sur le trône pour régner par régence. Cet acte cause la guerre civile des Gempei (Genpei Kassen), qui se termine cinq ans plus tard par l'élimination du clan Taira, à la célèbre bataille navale de Dan-No-Ura (en 1185) près de Shimonoséki, et l'arrivée au pouvoir de Minamoto No Yoritomo qui établit son Bakufu à Kamakura, dans l'est du pays. Kamakura a été choisie car cette ville était assez éloignée de la capitale impériale, Kyoto, où les monastères et les nobles de la cour exerçaient une certaine influence. En y instaurant son Bakufu, Minamoto No Yoritomo pouvait agir sans opposition sur les affaires du pays.

Le Japon allait connaître son premier Shogunat.

Haut de page
Epoque Kamakura 1185 - 1333

Après la victoire des Minamoto (Genji) contre les Taira (Heishi ou Heike) à Dan-No-Ura en 1185 et la disparition de la famille Taira, Minamoto No Yoritomo s'installa à Kamakura dans des fiefs relativement éloignées de la Cour Impériale dont l'intendance lui en avait été donnée par l'Empereur. Une nouvelle société allait naître, empreinte de l'austérité et de la vigueur des chefs militaires.

Recevant en 1192, par l'Empereur Go-Toba, le titre de Shogun à vie et de façon quasi héréditaire, Minamoto No Yoritomo installa son Bakufu (Shogunat) à Kamakura. Ce titre de Shogun, d'après l'histoire japonaise, est mentionné pour la première fois en 720, mais porté que temporairement pendant la durée d'une expédition.

Minamoto No Yoritomo eut l'habileté, comme les Fujiwara, de se monter extérieurement loyal envers l'Empereur et de faire entériner ses actes par ce dernier. Cette attitude lui permit d'attirer à lui tous les hauts fonctionnaires pourvus de titres de noblesses trop modestes pour pouvoir prétendre à quelque avancement à la Cour et disposer en peu de temps d'une administration de qualité pour mettre en place une politique souple et efficace pour répondre aux multiples problèmes qui se posaient à lui.

Il créa, avec l'accord de la Cour, un corps de commissaire aux problèmes militaires (Shugo) et un corps d'intendants (Jito) chargé de la gestion économique et social. Pour asseoir sa puissance le Shogun avait besoin de terres, car celui qui détient la terre détient les récoltes, et, dès qu'il le put il fit « réquisitionner », sous tous prétextes, les terres des seigneurs qui agissaient de manière défavorable à l'Empereur et il ordonna en plus, à son avantage, un impôt de 20% sur les récoltes.

Pratiquant de Ju-Jutsu, appelé Tegiki ou Tedori (« mains habiles »), Minamoto No Yoritomo exhortait ses « Samuraï » à pratiquer toutes les formes de combats pour mieux asseoir sa suprématie. Il établit un Samurai-Dokoro à Kamakura chargé des relations avec le Bakufu et les seigneurs sous sa juridiction dont la charge était de lever des troupes (en particulier les Sôhei ou moines-guerriers) et de contrôler la vie privée des vassaux, tenant ceux-ci sous sa complète dépendance. Cette nouvelle organisation d'essence féodale avait pour but d'éliminer les cadres administratifs Impériaux.

La puissance du seigneur, comme dans toute société féodale, dépend de la fidélité de ses vassaux et, le Shogun (et par la suite le Bakufu) ne pouvait prospérer que grâce aux relations harmonieuses entre lui et les autres seigneurs.

Les vassaux devaient jurer fidélité au Shogun, en retour ce dernier devait aide et protection au Samuraï qui le reconnaissait comme Suzerain. Il était de coutume de récompenser les fidèles et loyaux Samuraï. Grâce à ses récompenses octroyées directement par le Shogun, des liens de reconnaissance, difficile à détruire, s'établissaient.

Les principes appliqués au sommet de la hiérarchie furent ceux d'une étroite interdépendance d'homme à homme. Seigneur et vassal étaient unis par les liens quasi parentaux qui dépassaient les obligations contractuelles et mêmes celles de la famille.

A la base était la loyauté et c'est de cette manière que petit à petit s'élabora un code de bonne conduite du Samuraï, code qui recevra plus tard, au XVIIème siècle, le nom de Bushido (Bushi = Guerriers, Do = La Voie: donc La Voie des Guerriers) qui régit dans l'honneur et le don de soi l'existence de tout Samuraï. A cette époque le seul code, non écrit, existant était les prémices de celui-ci sous l'appellation de la « Voie de l'Arc et du Cheval » ou on y retrouve déjà exaltées des notions telles que la vénération des ancêtres, l'obéissance au Souverain, la probité, la résignation face à l'inévitable, le mépris de la mort.

C'est pendant cette période que le Samouraï acquiert statut et prestige. De serviteur armé, attaché à la personne d'un aristocrate de la cour, il se voit chargé de fonctions multiples, et les plus habiles devinrent progressivement de petits seigneurs locaux (Daimyo), disposant de pouvoirs étendus, variant selon les cas, du rôle de mercenaire à celui de gouverneur d'un domaine voire d'une province entière.

A la mort accidentelle de Yoritomo, en 1199, le Bakufu était bien établit, mais comme très souvent, la succession était âpre et aboutit au clan Hôjô, branche mineure du clan Taira uni par filiation à Yoritomo (celui-ci se maria avec la fille d'Hôjô Tokimasa). Dans un premier temps, Hôjô Tokimasa (1138-1215) assura la présidence du Conseil de Régence composé de chefs de guerre. Ce passage du pouvoir aux mains de Hôjô Tokimasa, se traduisit par une expansion considérable des terres soumises au Bakufu, car, précédemment nommé gouverneur de Kyoto en 1185, Tokimasa apportait au domaine des Shogun toutes les grandes propriétés de la région de Kyoto. Jalousie, complots, conspirations et même élimination s'en suivirent pour aboutir à la nomination de Hôjô Yoshitoki au poste de Shikken (sorte de premier ministre) en 1205. Les Régents du clan Hôjô gardèrent le pouvoir jusqu'à la fin de l'ère en 1333.

Durant cette période les nouveaux Régents durent faire face à la convoitise du pouvoir par d'autres clans dont celui des Miura composés aussi de guerriers Samuraï. Le mépris de la mort au service du seigneur pris tout son sens quand, en 1247, Yoritsune (du clan Hôjô) attaqua le fief des Miura. Plutôt que de se rendre, ceux-ci et cinq cents de leurs guerriers se suicidèrent. « L'Esprit Samuraï » prenait forme.

Cependant un danger bien plus important menaçait le Japon. Les Mongols, péril inconnu jusqu'alors, firent deux tentatives d'invasions.

Kubilai Khân, après avoir renversé la dynastie des Song, en Chine, avait établi sa capitale à Pékin en 1264. La Corée ayant été aussi envahie, l'indépendance du Japon était fortement compromise. Kubilai Khân dès 1268, entendait bien assurer son hégémonie sur le « Roi de ce petit pays » qu'était la Cour du Yamato.

Après plusieurs tentatives de soumission par l'envoie d'émissaires à la Cour, en 1274 Kubilai Khân, avec une flotte convoyant un corps expéditionnaire de trente mille Coréens et Mongols, tente d'envahir le Japon. Mais fort heureusement pour les japonais ce n'était qu'une attaque surprise, de la part des Mongols, destinée à tester les forces de résistance de l'ennemi. Un an plus tard Kubilai Khân envoie de nouveau des émissaires pour demander la soumission du Japon. Ceux-ci sont amenés à Kamakura où ils seront purement et simplement exécutés.

Toutes les forces militaires et toutes les ressources du Japon furent mobilisées pour la préparation de la défense contre la future attaque Mongole. Plans de défense et d'attaques furent soigneusement mis au point. En 1281, Kubilai Khân se décide à envahir le Japon, fort d'une flotte de 4 400 navires composés de 40 000 Coréens (soumis) et de 100 000 Chinois (soumis eux aussi).

L'esprit guerrier qui habite le Samuraï fait qu'un Samuraï ne se rend pas. Un Samuraï qui se rend n'est pas digne de vivre. La règle était simple: tuer le plus d'ennemis possibles. Aucun quartier ne fut fait aux envahisseurs Mongols. Les combats acharnés, durs et violents, tant sur mer que sur terre, durèrent sept semaines et les guerriers Samuraï durent leur victoire tant à leur bravoure qu'à l'apparition providentielle d'un typhon, qu'ils surnommèrent Kamikaze (« Vent Divin »), qui força les Mongols à se replier. Le péril permit un moment l'union nationale et les régents Hôjô réussirent à rassembler la classe militaire, tandis que la cour impériale, toutes querelles cessantes, faisait cause commune avec elle.

Bien que vainqueur, cette victoire eut des conséquences économiques catastrophiques. Ces attaques ont eu pour contrecoup d'appauvrir le pouvoir en place et la caste des Bushi. Le Bakufu n'avait pas les moyens d'entretenir une telle armée pendant aussi longtemps, elle était mobilisé depuis 1274 et le restera, afin de prévenir un éventuel retour des Mongols, jusqu'à la mort de Kubilai Khân en 1294, celui-ci ayant toujours des visées sur la Cour du Yamato. Les japonais renforcèrent les ports existants et construisirent au Nord-Kyushu un mur de défense côtière (Genkobori).

De plus, les guerriers n'avaient pu être récompensés à leur juste valeur, auparavant les conquêtes consistaient à soumettre, par les armes, les seigneurs non inféodés au Bakufu à la loi du Shogun et de son gouvernement. Les biens étaient confisqués et répartis selon les mérites de chacun. Dans le cas de la victoire sur les Mongols, il n'y eu aucune conquête de territoire, seulement la défense de la terre japonaise, les réserves du Bakufu étant épuisé, celui-ci ne put payer les remboursements des frais que leurs réclamaient les guerriers et les institutions religieuses.

En 1294, le Bakufu décréta qu'aucune réclamation ne serait désormais admise, risquant par là même son existence. L'esprit Samuraï était tellement rentré dans les mœurs qu'il n'y eu aucune rébellion. Cet « Esprit Samuraï » s'est tellement enraciné au cours des siècles qu'il est encore présent de nos jours dans la société japonaise. Ce n'est pas pour autant que tout alla pour le mieux.

Les instructions du Code Jôei Shikimoku, en 1232, interdisaient de vendre les terres des vassaux du ou des Samuraï à quiconque n'était pas inféodé au Bakufu. Par besoin pressant de subsides certains seigneurs passèrent outre et vendirent une partie de leur Shoen à des marchands et prêteurs sur gages ayant fait fortune dans le commerce avec la Chine des Song d'avant les invasions Mongols. Une nouvelle classe émergea n'appartenant pas à celle des Bushi.

Toutes ces difficultés se conjuguaient malencontreusement avec l'esprit nouveau qui, peu à peu, envahissait alors le Shogunat. Tant que le Bakufu avait tenu sa force des clans guerriers de l'Est, la haute société avait fait corps avec le reste de la population dont elle partageait la vie sinon les fonctions. Mais, dès que la cour de Kyoto fut englobée dans le domaine Shogunal, il se créa à son image une cour à Kamakura. Malgré les lois somptuaires, un fossé se creusa entre la pseudo-cour et les milieux provinciaux. Après l'attaque Mongole, le processus s'accéléra car, dès lors, dans l'euphorie de la victoire, il ne fut plus question ni de frugalité ni de simplicité, vertus traditionnelles du guerrier. La décadence commençait et quand le trône de Kyoto échut à un Empereur énergique, Go-Daigo (1288-1339 et règne de 1318 à 1339), celui-ci n'eut, en 1333, qu'à accepter l'aide que lui offrait un puissant vassal, Ashikaga Takauji, pour abattre le dernier des régents Hôjô et l'amener au suicide avec ses deux cents derniers fidèles.

En 1324, l'Empereur Go-Daigo fait une première tentative de coup d'état pour renverser le Shogunat de Kamakura. Deux conseillers et complices de l'Empereur, les frères Suketomo et Toshimoto Hino, sont arrêtés par le Rokuhara Tandai alors qu'ils tentent de réunir une armée. Go-Daigo, qui nie avoir connaissance du complot, reste libre.

De conspirations en complots, Hôjô Takatoki envoya une armée vers Kyôto en 1331 contre les troupes de la Cour Impériale pour tuer dans l'œuf un complot ourdit par l'Empereur Go-Daigo. De peur d'être obligé de céder par la force, celui-ci s'enfuit. Ses troupes défaites, il fut banni en 1332, s'échappa de l'île d'Oki et revint en 1333 à Kyôto grâce à Ashikaga Takauji qui écrasa les troupes du Bakufu de Rokuhara. De toute part les guerriers se soulevèrent et attaquèrent Kamakura qu'ils prirent facilement. Ce fut le retour du pouvoir Impérial de Go-Daigo connu sous le nom de « Restauration de l'ère Kemmu » de 1333 à 1336.

Comme bien souvent en pareil situation, les fidèles d'un jour deviennent parfois les ennemis du lendemain. L'ambition débordante d'Ashikaga Takauji se retourna contre l'Empereur Go-Daigo, qui une fois de plus fut obligé de s'enfuir et d'établir sa Cour Impériale dans le Sud du Yamato, à Yoshino.

Ashitaga Takauji mis en place un Empereur de son choix sur le trône de Kyôto, ce qui fit que le Yamato se retrouvait avec deux Cours Impériales, celle du Nord et celle du Sud.

Ashitaga Takauji se fit nommer Seii-Tai Shogun par l'Empereur du Nord et installa son nouveau Bakufu à Kyôto.

Entre les deux Cours Impériales et le Bakufu une lutte sans merci allait plonger le pays dans une série de guerres civiles.

Cette période de l'histoire japonaise connut également un vif renouveau philosophique et religieux.

Les chefs religieux, et cela était une nouveauté, de courtisans passèrent à des personnages plus humbles, parfois même sorties du peuple dont le sort les intéressait au plus haut point. Ainsi naquit la tendance à un égalitarisme qui englobait tant l'aristocratie que le vulgaire, tant les hommes que les femmes.

Le religieux Hônen avait fondé en 1175 la secte Jôdo (« La Terre Pure »), prônant l'Amidisme fait de bienveillance infinie et assurant le salut par la seule foi en l'existence du Buddha Amida. A cette secte s'adjoignit bientôt la Jôdo-shinshû (« véritable secte de la Terre pure »), fondée par Shinran (1173 - 1262) et proclamant non plus seulement la vertu d'une foi simple, sans temple ni livre ni rituel, mais la valeur salvatrice d'une seule invocation à Amida (« Namu Amida Butsu », ou « Nembutsu »). La communauté de vie possible entre religieux et laïcs ainsi que la simplicité des obligations réduites à leur plus mince expression contribuèrent à répandre largement dans le peuple cette doctrine du nouvel Amidisme monothéiste.

Une autre forme du Bouddhisme introduite au Japon par un moine Tendai : Eisai (1141-1215), fut adoptée par les vassaux du Shogun. Les enseignements de la secte Zen, issue du Chan chinois répondait mieux à leurs aspirations. Elle fut vraisemblablement plus importante que les autres car elle contribua, sur le plan historique, à définir et forger l'Esprit Japonais qui se manifestera de manière très différente par la suite.

Cette secte affirmait la valeur de l'enseignement oral et des paradoxes, cependant qu'elle niait tout autant que l'Amidisme les vertus d'une longue étude érudite. Il s'agissait donc encore d'une méthode de salut mise à la portée de tout un chacun, que ce fût le Zen d'Eisai ou celui, plus enclin à la méditation (Zazen), de son disciple Dôgen (1200-1253). Les deux branches mettaient en effet avant tout l'accent sur la dure discipline personnelle, la nécessité d'un mode de vie rigoureux et autorisaient la libération par des gestes inspirés, toutes choses permettant de métamorphoser par la réflexion les multiples actes de la vie quotidienne. Ce fut par excellence, et s'il fallait définir socialement les systèmes de pensée, la philosophie des Samouraï.

D'autres esprits cependant étaient trop occupés par les misères du temps pour se déclarer satisfaits, tel Nichiren (1222-1282). Critiquant tout à la fois le mysticisme ésotérique du Shingon, la dévotion creuse de l'Amidisme, le négativisme du Zen et le ritualisme des autres sectes, ce moine révolutionnaire voulut tout supprimer pour revenir à l'antique pureté du Tendai. Poussé par son ardeur patriotique, il rechercha, suscitant un fort courant de nationalisme, les éléments d'une religion qui pourrait être au service du pays. Ses attaques politiques, ses campagnes armées faillirent lui coûter la vie ; sa peine commuée en bannissement, il conserva jusqu'à la mort sa combativité au service de la foi.

Le cadre architectural de la vie changea aussi pour se conformer aux goûts des nouveaux maîtres et, au luxe des Fujiwara, succéda la sobre élégance des Shogun. Au style national (Wayo) dont s'étaient nourris les aristocrates de l'époque Heian se substitua, sans toutefois l'éliminer complètement, le nouveau style chinois des Song (Karayo) qui avait déjà été adopté, dès la fin du XIe siècle, pour la reconstruction du Tôdaiji. Aux traditionnelles couvertures rectilignes se mêlèrent ainsi peu à peu des toits aux fortes courbures et aux coins très relevés, procédé élégant et efficace pour assurer le maximum de surface couverte. Cela se doubla d'un calibrage de toutes les parties de l'édifice afin d'épargner les frais de main-d'œuvre, et seule la forme des toitures relevées vers le ciel témoigna du luxe sans fioriture qu'aimait cette société. Un exemple particulièrement typique de cette simplicité voulue est le Shariden de l'Engakuji à Kamakura.

Le drapeau national du Japon, nommé indifféremment « Kokki » ou « Hi-no-maru » (« cercle de soleil ») semble être apparu pendant cette période de Kamakura. Il est composé d'un disque de couleur rouge (représentation figurative du soleil) sur fond blanc et aurait été fréquemment utilisé sur les mats des vaisseaux. Le « sur le trône, Hi-no-maru » puise sans doute son origine dans la filiation divine de l'Empereur à la déesse du soleil : « Amaterasu ». La légende voudrait que ce soit le Moine Bouddhiste Nichiren qui aurait offert un tel drapeau au Shogun pour qu'il le fasse flotter au-dessus des troupes allant combattre l'envahisseur Mongol.
De nombreux chefs de guerre et de clan utilisèrent le disque solaire comme symbole (Date Masamune, Takeda Shingen, Toyotomi Hideyoshi, Uesugi Kenshin, ...).

Haut de page
Epoque Muromachi 1333 - 1573

Cette époque se subdivise en plusieurs périodes et correspond à une page particulièrement trouble et l'une des plus sombres de l'histoire du Japon.

Pendant cette période, le Japon fut contrôlé par des Shogun de la famille des Ashikaga qui étaient installés à Kyoto. Le nom de cette période vient du site choisi à Kyoto, par les Ashikaga pour y installer leur Bakufu.

La période des Ashikaga s'étend sur deux siècles de troubles : piraterie dans la mer du Japon, querelles dynastiques, guerre féodales... Les nouveaux Shogun installèrent à Kyoto une cour princière, où ils apprirent la douceur des mœurs nobles de la capitale Impériale. Cependant, les Shogun Ashikaga, aux goûts fastueux, contribuèrent à la naissance d'une culture nouvelle. Ils ouvrirent le Japon à la Chine. S'ils perdirent eux-mêmes la rudesse des guerriers, ils permirent à leurs lieutenants de découvrir le monde extérieur. Certes, des magnats locaux et régionaux s'emparèrent du commerce. De batailles en conquêtes, ils spolièrent les provinces, les divisèrent en fiefs. Ils oublièrent les honneurs des Ashikaga ; ambitieux, ils rêvaient de réunifier le Japon. Mais ils conservèrent l'enseignement des années de souffrance. S'éliminant les uns les autres, ils édifiaient au Japon un monde nouveau, rude mais ouvert.

Au début du XIVe siècle, le gouvernement militaire, appelé Bakufu de Kamakura et contrôlé par le clan Hôjô, perd de l'influence : l'effort nécessaire pour repousser les tentatives d'invasions Mongoles du Japon de 1274 et 1281 a été très coûteux, et le Shogun incapable de récompenser les dirigeants provinciaux qui s'étaient ralliés sous sa bannière.

En 1318, Go-Daigo monta sur le trône de Kyoto bien déterminé à renverser le Shogunat de Kamakura et restaurer le contrôle Impérial sur le Japon. Il participa à un premier complot contre le pouvoir en place en 1331. La conspiration fut découverte et l'Empereur envoyé en exil. Des hommes qui le soutenaient, tels que le guerrier provincial Masashige Kusunoki, continuèrent la lutte. Afin de les réduire, Kamakura dépêcha vers Kyoto le puissant Vassal Ashikaga Takauji (1305-1358), qui, faisant volte-face, rejoignit les partisans de Go-Daigo et occupa la capitale. Il rétablit ce dernier sur le trône en 1333 après la destruction du Shogunat de Kamakura.

Go-Daigo était convaincu que les jours des Shogun et autres usurpateurs étaient terminés et que l'Empereur pourrait régner comme par le passé. Cependant, son régime n'avait ni l'expérience administrative, ni le pouvoir sur les provinces nécessaires pour gérer les réalités d'une société dominée par les guerriers.

En 1336, l'ambition d'Ashikaga Takauji poussa celui-ci à se révolter contre l'Empereur de Kyoto. Il écrasa les derniers partisans de Go-Daigo à la bataille de Minatogawa et installa sur le trône un empereur fantoche, Kômyô, avant de se faire officiellement nommer Shogun en 1338 et établir le Shogunat de Muromachi.

Go-Daigo quitta Kyoto pour se réfugier à Yoshino où il établit sa cour du Sud. Ceci débute alors un schisme entre les deux branches rivales de la famille Impériale, qui durera jusqu'en 1392, la période de 1336 à 1392 étant appelée époque Nanboku-cho. Les descendants de Takauji Ashikaga gardèrent le titre de Shogun jusqu'à la fin de l'époque de Muromachi.

La restauration de Kemmu est un échec, mais l'idée d'un règne Impérial reste vivante, et débouche finalement sur la fin de siècles de gouvernement Shogunal lors de la restauration de Meiji en 1868.

Haut de page

La fin de l'ère Kemmu marqua l'entrée dans un deuxième âge féodal caractérisé par un chaos généralisé dans le royaume et par une division dans la maison impériale, entre la Cour du Sud (de Yoshino) et la Cour du Nord, (de Kyoto) qui avait confié le rôle de Shogun à Ashikaga Takauji, autorisant ainsi la fondation du deuxième Bakufu, celui des Ashikaga (1338-1573). Les années 1336-1392 sont désignées sous le nom de « période des Cours du Nord et du Sud », Nanboku-chô (de Nanchô, Cour du Sud et de Hokuchô, Cour du Nord). Durant plus de cinquante ans les deux Cours vont se livrer une lutte sans merci et, à l'intérieur même des clans, conspirations et complots vont se succéder.

A la cour du Nord, la désagrégation des Shoen s'achevait. Tandis que le titre de Kokushi, gouverneur Impérial de province, tombait en désuétude, le Shogun Ashikaga nommait un Shugo dans chacune des provinces. Le Shugo à son tour nommait, parmi ses fidèles, des Jito, intendants des Shoen. Les Jito touchaient la moitié des redevances dues par les habitants des Shoen aux titulaires de ceux-ci, qui avaient perdu tout pouvoir sur leurs terres. Les Shugo s'attachaient les Jito comme des Vassaux. Ainsi, une société féodale s'ébauchait lentement. Les Shugo qui acquéraient peu à peu un pouvoir effectif sur les terres de leur province, aux XIVe et XVe siècles, sont appelés Shugo-daimyo.

L'époque de Muromachi est caractérisée par l'affaiblissement de l'autorité des Shogun sur les gouverneurs militaires provinciaux (Shugo-daimyo). Pour contrôler ces derniers, les Shogun Ashikaga attachèrent à leur administration les plus influents de la famille, dans la région de Kyoto. Il y eut le Shitsuji, intendant du domaine Shogunal, et le Kanrei, responsable du gouvernement sur l'ensemble des Shugo-daimyo. Un Kanto-kanrei était spécialement chargé de la garde des régions de l'Est. Dans la majorité des cas, ces offices n'étaient pas transmis héréditairement dans une seule famille, mais étaient confiés tour à tour à des familles en nombre restreint, alliées aux Ashikaga par des liens particuliers. Ce système fut la cause de graves conflits.

Ce ne fut qu'au début du XVème siècle, avec le gouvernement du troisième Shogun Ashikaga (1368-1408) que le Japon connut une période de stabilité relative. Le prestige des Ashikaga ne fut jamais plus grand que sous le règne de Yoshimitsu Ashikaga, petit-fils de Takauji. Il fit construire en 1378 le palais des Fleurs, résidence des Shogun, à Muromachi. Par ailleurs, Yoshimitsu réussit à « réconcilier » les deux dynasties Impériales, en 1392, mettant ainsi fin à la désunion qui avait duré plus d'un demi-siècle. La Cour du Sud, ayant perdu la partie, l'Empereur d'alors consentit à abdiquer. L'entente signée prévoyait un partage des pouvoirs alternatifs entre les Cours du Sud et du Nord. Mais Yoshimitsu se garda bien de respecter sa parole et allait asseoir la suprématie du clan Ashikaga pour un siècle.

Haut de page

Pendant ce temps-là, le succès du Bouddhisme Zen va grandissant parmi les élites de la classe guerrière. Les monastères sont protégés par l'État et les Moines Zen jouent un rôle de conseillers du pouvoir, tout en restant suffisamment discret pour ne pas susciter l'inquiétude de celui-ci. Basé sur le modèle Chinois, il avait mis en place une hiérarchisation dit système des « Cinq montagnes » existant durant la période Kamakura et étendue à Kyoto après le déplacement du pouvoir. « Cinq Montagnes » à Kamakura et « Cinq Montagnes » à Kyoto.

En plus d'une hiérarchisation, s'accompagnait une séparation des tâches, certains se consacrant à la gestion pendant que d'autres méditaient. Les Moines Zen devinrent rapidement célèbres pour leurs différentes qualités et les nobles en difficultés en ces périodes de troubles n'hésitèrent pas à leur confier la gestion de leurs domaines.

Ce sont les Moines Zen qui, en prônant l'usage régulier du thé, bien qu'implanté depuis longtemps, donneront naissance à un art appelé « cérémonie du thé ».

Jusque dans les guerres féodales, la période Muromachi fut marquée également par les relations avec la Chine. Après les tentatives d'invasion Mongole, des pêcheurs des îles japonaises du Sud-Ouest s'étaient aventurés vers le continent. A la fin de la période Kamakura, ils allaient piller les côtes de la Corée et de la Chine. On les appelait Wako « pirates japonais ». Sous Muromachi, leurs raids s'étendirent sur la côte chinoise ; ils remontèrent parfois le Yangzi.

A mesure que le pouvoir politique s'affermissait au Japon, le Shogun fut naturellement amené à s'intéresser à ce mouvement de navigation entre l'archipel et le continent. Yoshimitsu fut le premier, en 1401, à solliciter des relations officielles avec la cour des Ming. Trois ans plus tard, celle-ci accorda à la délégation Shogunale un Kangofu : celui-ci était un diplôme officiel accordé généralement aux peuples payant tribut à l'empereur de Chine ; il était déchiré en deux au milieu des inscriptions ; chacune des deux parties contractantes conservait une moitié, de telle façon qu'à la rencontre suivante, les partenaires pussent se reconnaître en accordant les deux moitiés. Yoshimitsu s'était fait, au moins implicitement, tributaire de la cour des Ming, en se disant « Roi du Japon ». Son fils y trouva quelque irrévérence à l'égard de l'Empereur du Japon et suspendit le commerce avec la Chine. Celui-ci reprit sous Yoshinori Ashikaga. Initialement, il était géré par les Moines Zen des Cinq Montagnes. Plus tard, des Shugo-daimyo se disputèrent ce commerce en extension, réservant au Shogun une part des redevances. Le Japon exportait surtout du soufre, du cuivre et des sabres, et importait des pièces de monnaie en cuivre, de la soie grège, des médicaments et des livres. Le commerce avec la Chine fit prospérer les ports japonais de Kyushu, comme Hakata ou Hirado, plus tard ceux de la mer Intérieure, comme Hyogo ou Sakai. Les riverains participaient au négoce, une classe marchande naissait dans les agglomérations importantes : Sakai, Nara, Kyoto. L'importation de la monnaie chinoise activa la circulation des marchandises, provoqua l'ouverture de marchés régionaux.

Lorsque le commerce officiel fut organisé, les Wako se débandèrent : les uns s'agglutinèrent aux groupes de pirates chinois, les autres se firent corsaires au service des Shugo-daimyo. Ils provoquaient des rixes entre les flottes des différents Shugo-daimyo, jusque dans les ports chinois. Les autorités Ming refusèrent alors de reconnaître le caractère officiel du commerce qui n'en continua pas moins officieusement.

En 1394, Yoshimitsu Ashikaga pris sa retraite et fit bâtir dans un domaine de Kyoto le pavillon d'Or (Kinkaku), qui devint le centre d'une culture nouvelle, alliant à l'inspiration des guerriers le goût raffiné de la noblesse de la capitale Impériale.

Après 1394, la situation se dégrada progressivement. Loin de faire l'unification, les Ashikaga voyaient le pays se morceler en provinces et états multiples. Dès le début du XVe siècle, la douleur et la misère provoquées par les catastrophes naturelles telles que les tremblements de terre et la famine servaient souvent à déclencher des soulèvements armés de fermiers las d'être trop endettés et de payer trop d'impôts. C'est ainsi qu'en 1428, les paysans lésés, ruinés se liguèrent et protestèrent contre les mesures financières dont ils étaient l'objet. S'unissant et s'armant les premières révoltes paysannes eurent lieu en 1428-1429 pour s'étaler sur une période de près de trente-six ans.

Yoshinori Ashikaga (1394-1441) combattit avec succès une révolte qui avait éclaté à Kamakura, mais fut tué par trahison, en 1441. La paix revint, grâce à l'intervention des Hosokawa, l'une des familles parmi lesquelles pouvait être nommé le Kanrei, et des Yamana, l'une des familles à qui pouvait être confiée la garde de Kyoto. A partir de cette époque, le pouvoir glissa insensiblement aux mains des grands Daimyo, qui avaient accès aux plus hauts offices du gouvernement Shogunal.

Yoshimasa Ashikaga (1436-1490) provoqua une renaissance culturelle. À l'instar de son aïeul Yoshimitsu, il fit édifier à Kyoto le pavillon d'Argent (Ginkaku) où il se retira, pour promouvoir les arts et les lettres qui devenaient plus populaires, et qui par ailleurs se trouvaient davantage influencés par le Zen et par la civilisation des Ming.

En 1464, son règne fut agité par une guerre opposant deux clans rivaux : les Hosokawa, auxquels s'étaient alliés les Shugo-daimyo de l'Est, aux Yamana, derrière lesquels s'étaient rangés ceux de l'Ouest. Kyoto fut dévasté, sans qu'aucun des deux ne puissent prendre la suprématie sur l'autre. Cette guerre dite « la guerre de l'ère Onin » durera de 1467 à 1477 ou commence l'époque Sengoku.

Haut de page

L'époque Sengoku, littéralement « âge des provinces en guerre », en référence à celui des Royaumes combattants chinois, est une époque de turbulences sociales, d'intrigues politiques, et de conflits militaires quasi-constants qui s'étend du milieu du XVe siècle à la fin du XVIe siècle au Japon. Elle finira avec la destitution du dernier Shogun Ashikaga en 1573. C'est une période de chaos, dans un climat de guerre permanent, émaillée de trahisons, de rivalités fratricides, de retournements d'alliances. Les clans eux-mêmes se scindent et s'affrontent pour le pouvoir local.

Après les troubles d'Onin, non seulement les Shugo-daimyo se disputèrent la prépondérance, mais encore des hobereaux obscurs partirent à la conquête des provinces. Ainsi commencèrent les guerres féodales, au cours desquelles « les petits évincèrent les grands ». Par exemple, les Hôjô, d'origine mal connue (on les appelle Hôjô postérieurs, afin de les distinguer des Hôjô sous Kamakura), chassèrent le Kanto-kanrei. Les Shugo disparaissaient ; seuls demeuraient les Daimyo, qui s'attachaient non plus des Jito, mais de véritables Vassaux liés par serment, à qui ils concédaient non plus une charge dans des Shoen, mais des Fiefs. La féodalité japonaise différait de celle d'Europe occidentale : d'une part, l'inégalité entre Seigneur et Vassal y était nettement marquée ; d'autre part, l'Empereur, resté Souverain, ne fut jamais lui-même un Seigneur féodal proprement dit ; et enfin, l'État ne fut jamais complètement perdu de vue.

De la fin du XVe siècle au milieu du XVIe les plus grands Shugo-daimyo guerroyaient entre eux. Ainsi, les Hosokawa et les Ouchi se disputèrent le privilège du commerce chinois. Les seconds l'emportèrent ; ils se taillèrent un fief de six provinces : Nagato, Suo et Iwami, à l'extrémité ouest de Honshu, Buzen, au nord-est de Kyushu, en face de Nagato, enfin Izumi et Kii, au sud d'Osaka. Mais les Ouchi furent évincés par l'un de leurs Vassaux, les Sue, qui eux-mêmes furent éliminés, quelques années plus tard (1555), par les Mori, petits Jito de la province d'Aki.

Dans d'autres régions, des personnages plus importants s'apprêtaient à aller prendre le pouvoir à Kyoto. Il en était ainsi de Takeda Shingen (1521-1573), de la famille des Shugo de Kai, qui battit Tokugawa Ieyasu, résista à Oda Nobunaga, et qui disputait la suprématie à son voisin Uesugi Kenshin (1530-1578). Celui-ci tenait Echigo du dernier Kanto-kanrei et, après la mort de son rival Shingen, progressa vers l'ouest, le long de la côte de la mer du Japon. Il s'apprêtait à marcher sur Kyoto pour livrer bataille à Oda Nobunaga, lorsqu'il mourut subitement.

La réunification du Japon allait être l'œuvre des nouveaux guerriers qui ne devaient rien au pouvoir de Muromachi.

En 1543 les Portugais en débarquant dans l'île de Tanegashima, petite île au sud de Kyushu, avec leurs mousquets vont involontairement bouleverser les lois de la guerre.

En 1549 François Xavier débarque à Kagoshima et prêche le Christianisme. Durant son séjour de plus de deux ans, François Xavier se rendit à Kyoto ravagé par la guerre civile, puis fonda les premières églises dans la région de Yamaguchi et dans celle de Funai, en l'île de Kyushu, dont le seigneur Otomo allait plus tard se convertir au Christianisme. Après le départ de François Xavier, cette religion se propagea rapidement, sous la protection des Daimyo convertis. Les marchands portugais, bientôt suivis par les Espagnols, puis par les Anglais et les Hollandais, fréquentaient les ports de Hirado, Hakata, Funai (Kyushu), Sakai au sud d'Osaka et Anotsu dans la baie de Nagoya. La Société de Jésus, de son côté, prit en concession Nagasaki dont elle monopolisa le commerce, en particulier celui de la soie grège.

Les Daimyo, ayant affermi leur puissance, avaient édicté des lois dans leurs provinces ayant pour but de renforcer l'établissement de leur famille. Ils espéraient plus que la simple souveraineté sur leurs territoires et intriguaient auprès de la Cour Impériale pour avoir le support de celle-ci, ce qui leur permettrait d'abattre leurs rivaux et de réaliser ainsi l'unité sous leur domination.

Imagawa, l'un d'entre eux pouvait y parvenir sans trop de risques, seul un petit seigneur d'Owari, un jeune homme du nom de Oda Nobunaga(1534-1582) pouvait l'en empêcher.

En 1560, Oda Nobunaga surprit dans une vallée Imagawa et le défit complètement. Cette bataille serait passée inaperçue, tant il y en avait à l'époque, si elle n'avait permis à un petit seigneur d'avoir une influence décisive sur les destinées du Japon. L'emploi des premières armes à feu et d'une nouvelle tactique qui faisait appel à des troupes d'infanterie très mobile (Ashigura) sont pour une grande part à l'origine de ce succès.

Imagawa périt dans la bataille. L'un de ses généraux, Matsudaira Takechiyo (connu plus tard sous le nom de Tokugawa Ieyasu) fit alliance avec Oda Nobunaga qui en compagnie de l'un de ses principaux généraux, Kinoshita Tôkichirô (qui deviendra célèbre plus tard sous le nom de Hideyoshi) se mit en marche pour la conquête du Japon.

De conquêtes en revers et de revers en conquêtes, Oda Nobunaga, en 1573, attaqua le Shogun Ashikaga Yoshiaki (il avait ourdit un complot contre lui) qui s'enfuit, puis battit les troupes de Takeda et d'Asakura et donna leurs terres en récompenses à Hideyoshi.

Là, commençait l'irrésistible ascension d'Oda Nobunaga.

Haut de page
Epoque Azuchi 1573 - 1582

Oda Nobunaga, bien secondé par Toyotomi Hideyoshi (1536-1598) et Tokugawa Ieyasu (1543-1616), généraux fidèles et habiles, avait mis fin au Shogunat de Muromachi. Il restait à unifier le pays.

Une opposition sérieuse demeurait, celle de la secte Ikkô qui comprenait des partisans des Daimyo des autres provinces abattus par Nobunaga.

En 1576 il entreprit la construction de son château forteresse à Azuchi, qui donnera son nom à cette période, sur la rive sud-ouest du lac Biwa, ou au pied de celui-ci une ville fut fondée et une église chrétienne construite. Oda Nobunaga n'était pas un fervent partisan de leur doctrine, mais les acceptait plus pour les connaissances que cela pouvait lui apporter et, en plus, les Moines Jésuites formaient un contre-pouvoir face aux sectes Ikkô et moines-guerriers du mont Hiei farouchement hostiles à son ascension.

Il restait la place forte de l'Ishiyama, le temple-forteresse Hongan-ji de la secte Ikkô à réduire.

En 1577, en pleine construction de son château-forteresse, il attaqua en force les monastères alliés à la secte Ikkô, coupant ainsi les lignes de ravitaillement du Hongan-ji. Après trois ans de luttes sans merci, celui-ci finalement vaincu se rendait sur l'ordre de l'Empereur.

Pendant ce temps-là, la famille Takeda, toujours révoltée, fut finalement anéantie en 1582, grâce aux efforts conjugués de Nobunaga, Tokugawa Ieyasu et des Hôjô qui s'étaient ralliés.

En 1582, traîtreusement attaqué dans sa demeure par un détachement appartenant à l'un de ses généraux, Akechi Mitsuhide, Oda Nobunaga sur le point d'être capturé se suicida.

C'est vraisemblablement au cours de cette très longue période de luttes intenses et sans merci que se développèrent et « s'affinèrent » les techniques de combat sous toutes ses formes entre hommes de troupes à pied et les Samuraï à cheval.

Oda Nubanaga était présenté comme un personnage peu accessible à la pitié, cruel, qui ne croyait uniquement en la force pour obtenir la paix, auteur de massacres inutiles qu'il avait ordonné et partisan d'une discipline de fer qu'il imposait à ses troupes.

Hideyoshi allait continuer son œuvre et préparer l'avènement d'un ordre nouveau.

Haut de page
Epoque Momoyama 1582 - 1603

Le nom de Momoyama vient du nom de la colline où Hideyoshi Toyotomi fit construire son dernier et plus beau château. Il s'agit d'une période très importante bien que courte de l'histoire du Japon car elle voit son unification, sous l'impulsion des trois grands hommes : Oda Nobunaga, Toyotomi Hideyoshi et Ieyasu Tokugawa.

A la mort d'Oda Nobunaga en 1582, Toyotomi Hideyoshi était le général le plus puissant de son temps grâce à l'instrument militaire qu'il avait contribué à forger au service de celui-ci et puis aussi parce qu'il avait su réunir les principaux Vassaux d'Oda Nobunaga.

En 1585, Hideyoshi devint Kampaku, Grand Chancelier, et fort de ce titre il ordonna des règlements applicables dans tout le pays, remaniant la carte des Fiefs, augmentant ou réduisant ceux-ci, les concédant ou les retirant, déplaçant les Daimyo en leur retirant complètement le Fief ou territoire qu'il donnait à administrer. Afin de mieux les tenir sous sa coupe, l'obligation leur était faites de venir lui rendre visite ou de laisser en « otage » leur famille à la capitale.

Afin d'installer sa suprématie, Toyotomi Hideyoshi va se débarrasser de tous les autres prétendants au pouvoir suprême notamment Akechi Mitsuhide, responsable de la mort d'Oda Nabunaga, qu'il bat à la bataille de Yamazaki. L'un des anciens généraux d'Oda Nobunaga, Tokugawa Ieyasu rentra également en conflit avec lui. Après quelques escarmouches et les batailles de Komaki et de Nagakuté, en 1584, les deux hommes firent la paix, laissant la suprématie à Hideyoshi.

Il promulgua, en 1588, un édit fixant le désarmement de la population et fait en sorte de tracer une « frontière » entre paysans et guerriers notamment en donnant le privilège du port des armes à ces derniers. Quant aux guerriers qui avaient conservé des intérêts dans les villages et exploitaient encore directement, il leur fallut choisir clairement leur statut. Il compléta cette mesure, en 1591, en ordonnant un recensement complet de la population, village par village, maison par maison, d'enregistrer chacun avec sa fonction, artisans, marchands.... ce qui permettait de dépister les guerriers sans maître (Ronin) et les individus en situation irrégulière, ôtant à d'éventuels émules toutes chances de réussite.

La nouveauté de son type de recensement tenait au fait que cela avait un caractère systématique, sous le contrôle de Bugyo, par arpentage et au moyen de mesures uniformes. Chaque village était recensé avec la production estimée des rizières suivant la qualité de la terre ainsi que les champs secs, terrains bâtis et autres, dont le revenu éventuel était converti en riz. Cela permettait de connaître le revenu fiscal que chaque village pouvait fournir au maître du Fief et, ayant la valeur de chaque Fief, de réclamer à celui qui en était chargé, des services militaires, donc de lui imposer l'entretien d'un certain nombre de guerriers. Ce système de hiérarchisation pyramidal et collatéral, ou chacun avait à rendre compte et surveillait autrui, avait davantage des allures dictatoriales.

Il reprit également l'unification du Japon. En pacifiant le nord de Honshu, où il dû soumettre le principal Daimyo de la province de Kyushu, Shimazu Yoshihisa, et la plaine d'Edo, elle est finalement achevée en 1590, après la chute de la forteresse des Hôjô de nouveaux en révolte.

Craignant probablement que la propagation du Christianisme ne fût le prélude à une invasion armée des Occidentaux Hideyoshi en interdit la prédication. Si, d'une part, il fit exécuter vingt-six chrétiens en 1597, il eut soin d'autre part de se montrer relativement tolérant, pour ménager le commerce avec les Portugais à Nagasaki.

Afin de protéger l'expansion japonaise et d'assurer la paix à l'intérieur, il lança par deux fois (1592 et 1597) son armée en Corée. Mais sa flotte fut détruite par les navires coréens, les « bateaux-tortues », menés par l'amiral coréen Yi Sun et équipés de canons dont les navires japonais étaient dépourvus.

La santé de Toyotomi Hideyoshi commençant à se dégrader en 1595, il réunit les grands barons, Tokugawa, Maeda, Môri et autres, ainsi que des Daimyo de moindre importance et exigea d'eux qu'ils s'engagent par écrit d'accorder tout leur soutien à son jeune fils Hideyori, né en 1593, et à obéir en toutes circonstances aux lois. Ce serment fut renouvelé les années suivantes. Peu avant sa mort il mit en place le système des « cinq anciens », appelé Tairô, (Tokugawa Ieyasu, Maeda Toshiie, Môri Terumoto, Ukita Hiderie et Uesegi Kagekatsu) et des « cinq préfets » (Asano Nagamasa, Ishida Mitsunari, Mashida Nagamori, Natsuka Masaie, et Maeda Gen.i) chargé de tout le détail de l'administration, des relations avec les établissements religieux et les Daimyo, de la législation applicable à tout le pays et aussi de sa succession. Un texte définit les rôles et fonctions de chacun, Tokugawa Ieyasu et Maeda Toshiie sont requis pour être les tuteurs du jeune Hideyori âgé de cinq ans à la mort de son père qui survint en 1598 dans sa résidence de Fushimi, colline qui prendra le nom de Momoyama et le donnera à la période.

Commence la délicate succession de Hideyori.

Très vite, il y eut division entre deux camps, celui des administrateurs composés de Daimyo récents, à l'origine de la fabrication des cadastres, et des Daimyo plus importants. Tokugawa Ieyasu et Maeda Toshiie évitèrent de se compromettre avec l'un ou l'autre camp mais Tokugawa Ieyasu avait un ennemi implacable en la personne d'Ishida Mitsunari, un favori de Toyotomi Hideyoshi, qui, sous couvert de protéger Hideyori et passé maître dans l'art des intrigues, reprochait à Ieyasu de ne pas respecter le serment fait à Hideyoshi. Ce qui n'était pas complétement faux.

Après deux années de luttes politiques la guerre devint inévitable: d'un côté les partisans de Tokugawa Ieyasu qui avait rallié une partie des Daimyo de l'est, de l'autre la ligue de l'ouest à l'instigation d'Ishida Mitsunari parmi lesquels figuraient les grands Daimyo fidèles de feu Hideyoshi.

Décidé à supplanter les Toyotomi, Tokugawa Ieyasu provoqua leurs fidèles qu'il vainquit à a titanesque bataille de Sekigahara qui dura plus de 24 heures en 1600. Sa victoire le débarrassa de ses principaux rivaux. Il put confisquer les biens de 90 familles pour les redistribuer aux seins et à ses fidèles Daimyo.

Cependant tous ses adversaires n'avaient pas été défaits à Sekigahara, certains n'ayant pas participé à la bataille, et des forces considérables étaient encore sur pied.

Aussi fin politique que stratège, il commença par fortifier ses positions et en 1603 rétablit le Bakufu, abandonné par Oda Nobunaga et Toyotomi Hideyoshi, pour se faire nommer Shogun par l'Empereur.

Il allait s'en suivre la très longue lignée de Shogun Tokugawa qui durera presque 300 ans.

Haut de page
Epoque Edo 1603 - 1868

La lignée des Tokugawa
Rang Nom Période de vie Période de régne
1 Ieyasu Tokugawa 1543 - 1616 1603 - 1605
2 Hidetada Tokugawa 1579 - 1632 1605 - 1623
3 Iemitsu Tokugawa 1604 - 1651 1623 - 1651
4 Ietsuna Tokugawa 1641 - 1680 1651 - 1680
5 Tsunayoshi Tokugawa 1646 - 1709 1680 - 1709
6 Ienobu Tokugawa 1662 - 1712 1709 - 1712
7 Ietsugu Tokugawa 1709 - 1716 1713 - 1716
8 Yoshimune Tokugawa 1684 - 1751 1716 - 1745
9 Ieshige Tokugawa 1711 - 1761 1745 - 1760
10 Ieharu Tokugawa 1737 - 1786 1760 - 1786
11 Ienari Tokugawa 1773 - 1841 1787 - 1837
12 Ieyoshi Tokugawa 1793 - 1853 1837 - 1853
13 Iesada Tokugawa 1824 - 1858 1853 - 1858
14 Iemochi Tokugawa 1846 - 1866 1858 - 1866
15 Yoshinobu Tokugawa 1837 - 1913 1866 - 1868

Tokugawa Ieyasu, nommé Shogun, s'installe à Edo (dont la période portera le nom; Edo deviendra Tokyo) et bien que très puissant, n'utilisa pas tout de suite ce titre de peur que l'on puisse croire qu'il voulait évincer Toyotomi Hideyori de la succession.

L'influence de Tokugawa Ieyasu grandit rapidement et la position de Hideyori s'en trouva d'autant plus affaiblie par la mort de fidèles Daimyo.

L'une des premières mesures que prit Tokugawa Ieyasu, pour éviter que des problèmes ne surviennent lors de sa succession, fut d'abdiquer en faveur de son fils Hidetada en 1605, n'en gardant pas moins les reines du pouvoir.

Il organisa soigneusement ses territoires et continua le recensement de la population et du cadastre commencé sous Toyotomi Hideyoshi.

Depuis la bataille de Sekigahara en 1600 et à la suite de celle-ci, la redistribution des Fiefs avait mis des milliers de Ronin au bord des chemins. Forts mécontents, bon nombre d'entre eux allèrent offrir leur service à Hideyori qui voyait chaque jour grossir ses troupes et devenir une menace pour Tokugawa Ieyasu.

A partir de 1611 celui-ci commença à exercer des pressions sur Hideyori et en 1614 il était décidé à détruire la maison des Toyotomi. Le prétexte pour passer des intentions à la réalisation se présenta sous la forme d'une inscription gravée par Hideyori sur une cloche du temple du château d'Osaka: le nom d'Ieyasu y apparaissait coupé en deux et celui-ci l'interpréta comme une offense et signe de mauvais présage.

Ayant déjà confiné les Toyotomi dans le château d'Osaka, en hiver 1614 (appelé siège d'hiver « Osaka fuyu no jin ») il organisa le premier siège de cette forteresse d'Osaka. Le siège d'hiver se solda par un accord de paix mais Tokugawa Ieyasu trahit, sinon les termes, du moins l'esprit de cet accord. Il revient en été 1615 (appelé siège d'été: « Osaka natsu no jin ») et après une lutte acharnée, le château tombe entre les mains de Tokugawa Ieyasu et poussa les Toyotomi et leurs partisans au suicide.

Les Tokugawa installèrent leur règne sur le Japon pendant deux cent cinquante ans.

Pendant ce temps-là les prêtres étrangers sous l'impulsion des Jésuites Portugais évangélisaient le Japon. Sous la pression des Moines Zen, Toyotomi Hideyoshi avait déjà en 1587 publié deux décrets tendant à limiter la propagation du Christianisme mais celui-ci occupé à d'autres tâches, ceux-ci ne furent pas complètement appliqués.

Les Portugais ne furent bientôt plus les seuls à accoster sur les côtes du Japon. Les Espagnols avec leurs Moines Dominicains et Franciscains commencèrent à concurrencer les Jésuites. Même si les décrets n'étaient pas totalement appliqués, certains d'entre eux préférèrent quitter le pays. Puis ce furent au tour des Hollandais et des Anglais de débarquer et venir concurrencer Portugais et Espagnols.

Tokugawa Ieyasu vit d'abord d'un bon œil cette concurrence et invita en, 1605, les Hollandais à commercer avec le Japon, celui-ci ayant besoin de bateaux, canons et autres produits étrangers, d'autant que les Hollandais étaient plus orientés vers le commerce que vers la foi.

En 1613/1614, par un revirement dont seuls les Japonais sont coutumiers et peut être aussi à cause de l'activité politique des missionnaires, il considéra que la foi Chrétienne était à l'encontre de la « Voie des Guerriers » et interdit le Christianisme sur le territoire. Désormais, les Chrétiens furent traqués, un grand nombre d'entre eux furent expulsés du Japon en 1614, et, par la suite, ceux qui furent découverts dans le pays furent presque tous massacrés, avant la fin du XVIIe siècle. Le Christianisme fut jugé incompatible avec l'ordre intérieur, parce que trop lié à des pouvoirs étranges.

Cette chasse allait engendrer le repli progressif du Japon sur lui-même.

Le Christianisme, ne jouant plus le rôle de stimulant commercial du XVIe siècle, les Espagnols renoncèrent à la traversée de l'Océan Pacifique, tandis que, par ailleurs, les Hollandais se rendaient maîtres de Batavia (Djakarta). Ainsi, à l'avancée d'un pays Protestant correspondait l'arrêt du progrès des pays Catholiques. Les Anglais, quant à eux, se retirèrent pour un temps de la compétition. En outre, l'expansion japonaise allait bientôt stagner. Des marchands japonais disputèrent sans succès aux Hollandais la prépondérance à Formose. Les guerriers japonais avaient été assez nombreux au Siam pour y jouer un rôle politique important, mais ils en furent chassés en 1630. Le gouvernement du Shogun réagit en renforçant la réglementation des navires patentés, mais abandonna bientôt la partie. En 1635, il interdit à tout Japonais de se rendre à l'étranger, sous peine de mort et, à ceux qui en sont partis d'en revenir. Seuls les Hollandais, Coréens et Chinois avaient le droit d'accoster: c'était la fin de la première expansion japonaise.

Comme Oda Nobunaga et Toyotomi Hideyoshi, Tokugawa Ieyasu va édicter des textes qui vont aller encore plus loin dans l'organisation du Bakufu et énoncer les droits et devoirs de chaque classe, devoirs à ce niveau-là étant plus entendu comme obligations.

Sous le règne de Toyotomi Hideyoshi il était dit: « ... Si un paysan abandonne ses champs, soit pour faire du commerce, soit pour devenir commerçant ou ouvrier, il devra être puni et tout son village traduit en justice avec lui... Dans les cas concernant la dissimulation de paysans ayant abandonné leurs terres pour faire du commerce, le village entier ou la ville, sera tenu responsable ».

Tokugawa Ieyasu dans son Buke-Shohatto, « règles des maisons militaires » ordonne en 1615: « L'étude de la littérature et la pratique des arts militaires doivent être poursuivis de pair ». Ce qui peut paraître une bonne chose au demeurant, mais plus loin il poursuit: « Grands et petits vassaux, ainsi que les propriétaires des terres comme leurs gens doivent expulser immédiatement tout soldat à leur service coupable de trahison ou de meurtre »... « Aucun asile ne doit être donné aux hommes qui complotent une rébellion ou incitent au soulèvement. La résidence dans un Fief doit être limitée aux hommes nés dans ce Fief ».

Il va par là même stabiliser la population évitant des déplacements toujours difficile à maîtriser.

De plus il va réglementer les nobles et délimiter les pouvoirs et prérogatives des souverains. Il classera les Daimyo selon leur lignée et l'importance de leurs revenus en trois classes principales et classes assimilées :

Les institutions du Bakufu avaient un double rôle: administrer les territoires placés sous son contrôle direct et surveiller les Daimyo.

Tokugawa Ieyasu s'éteint en 1616 sans soucis de succession.

Tokugawa Hidetada s'efforcera de continuer « l'œuvre » de son père. En 1623 il abdique pour laisser la charge à son fils Iemitsu qui allait définitivement établir le Bakufu des Tokugawa.

Tokugawa Hidetada sera celui qui va durcir la répression contre les Jésuites. Malgré l'arrêt d'expulsion prit à leur encontre par Tokugawa Ieyasu en 1614, nombre de Jésuites continuaient de séjourner dans le pays. Hidetada, en 1622, mis en application l'arrêté, pourchassant les missionnaires et condamnant un grand nombre d'entre eux (une cinquantaine environ) à être brûlés vifs à Nagasaki. L'année suivante une autre cinquantaine de Jésuites subiront le même sort.

Tokugawa Iemitsu, en proclamant, en 1624, un arrêté d'expulsion à l'encontre des Espagnols sera à l'origine du repli progressif du Japon sur lui-même pour aboutir en 1636 à l'obligation pour tous les étrangers de séjourner dans l'île de Deshima, en avant du port de Nagasaki.

En hiver 1637-1638, une révolte éclata dans la presqu'île de Shimabara et dans les îles d'Amakusa, au sud de Nagasaki. Las de la misère et autant à cause des persécutions religieuses (région dense du Christianisme), aux paysans s'étaient joints tous les mécontents, anciens fidèles des Toyotomi et guerriers en chômage ; leurs chefs étaient Chrétiens. Le gouvernement Shogunal fit appel aux Hollandais, afin de hâter la répression, et pour les mettre à l'épreuve : ils avaient en effet toujours insisté sur la distinction entre le Catholicisme et le Protestantisme. Après l'écrasement des émeutes de Shimabara, ou plus de 10 000 insurgés seront exterminés, le Japon modifia radicalement sa diplomatie. Dès 1639, il refusa toute relation avec le Portugal et l'Espagne. Lorsque, l'année suivante, des négociateurs Portugais se présentèrent à Nagasaki, le gouvernement fit brûler le navire, exécuter soixante et un d'entre eux et renvoyer treize hommes de l'équipage à Macao. En 1641, il fit transférer le comptoir néerlandais de Hirado dans l'île de Deshima, interdisant aux Hollandais de la quitter et de célébrer leur culte. Les Chinois, pour leur part, avaient été confinés dans un quartier de Nagasaki, à partir de 1635. Désormais, seul ce port demeurait ouvert aux Chinois et aux Hollandais, à l'exclusion de tous autres étrangers. Mais cette fermeture du Japon, qui ne fut toujours que relative, se trouva aggravée encore par les troubles qui survinrent dans les mers proches, à la suite du changement de la dynastie Impériale de Chine, en 1644. Les fidèles de l'ancienne dynastie des Ming organisèrent en particulier une véritable thalassocratie, ayant pour base l'île de Formose et tendant à monopoliser le commerce maritime chinois. Par ailleurs, la nouvelle dynastie des Qing interdit le commerce extérieur, de 1661 à 1684. Pendant ce temps, le Japon développa ses productions, diminuant ainsi les besoins d'importations.

Le Bakufu de la période Edo était définitivement installé.

La hiérarchisation extrême voulue par le Bakufu ne permettait pas ou que très difficilement de sortir de la classe dans laquelle le peuple était répertorié.

Quatre catégories étaient officialisées selon leurs prérogatives sociales :

Les deux premières avaient seules le droit de se présenter aux examens officiels. A extrémité de l'échelle sociale on trouvait les nobles de cour, les desservants du culte Shintô et les Moines, très surveillés, qui formaient des catégories privilégiées.

Une sous classe, nommée Hinin, était constituée par les individus provisoirement exclus, rejetés ou bannis pour faute ou toute autre raison, avec toutefois la possibilité théorique de retrouver un statut.

Les Ronin ne formaient pas une classe sociale différente de celle des Samuraï, ils étaient simplement considérés comme des « révoltés » qu'il importait d'éliminer. Tous pourtant n'étaient pas des « révoltés », certains se retrouvèrent sans maître par le décès de celui-ci et n'en trouvaient pas de nouveaux à qui offrir leur service. Une coutume, appelée Junshi, consistait à suivre dans la mort le maître et le Bakufu tenta d'interdire cette pratique pour éviter la mort d'hommes de valeurs. Bon nombre d'entre eux s'étaient stabilisés et fondèrent des écoles (Ryu) d'art militaire et de combat comme du reste un certain nombre de Samuraï qui, en cette période de disette guerrière, cherchait une reconversion.

C'est ainsi que naquissent les premières écoles (Ryu) d'art du combat.

Le régime du Bakufu prit sa physionomie définitive après 1641 et bien que la paix régnait, il dut prendre des mesures pour mater quelques révoltes épisodiques, notamment après le décès de Tokugawa Iemitsu, en 1651. Sous l'impulsion de deux Ronin, Maîtres d'Art Militaire, Yui Shôsetsu et Marubashi Chûya, à la tête de 1 500 à 3 000 conjurés, fomentèrent un complot et tentèrent de s'emparer du nouveau Shogun. Le complot découvert, les chefs ainsi que leur famille furent exécutés.

L'apogée du Bakufu de la période Edo se situa sous le règne de Tokugawa Tsunayoshi (1680 - 1709) connu sous le nom de l'ère Genroku (1688 - 1703).

Au cours de la moitié du XVIIème siècle et début du XVIIIème, les Ryu (écoles) d'art militaire commencèrent à proliférer.

Akiyama Shirobei, vers 1742, médecin à Nagasaki et expert en diverses méthodes de combat qu'il avait étudiées en Chine et qu'il enseignait, ne trouvait pas de réponses satisfaisantes aux questions qu'il continuait à se poser au sujet de celles-ci. La légende rapporte qu'il eut l'éclair de génie d'où sortira toute la théorie de base du Ju-Jutsu. Il s'était retiré dans un temple pour y méditer longuement quand il eut l'illumination en voyant, un matin d'hiver, une tempête de neige briser de nombreux sapins, ou seule, sous le poids de la neige, une branche d'un saule ploya et lorsque, toujours sans résister, celle-ci finit par laisser glisser les flocons accumulés se détendit et fut à nouveau libre.
Cette défense naturelle et si souple d'un arbre si frêle l'impressionna et fut à l'origine de sa propre méthode de combat qu'il nomma Yoshin-Ryu (Shin, cœur; Yo, saule; Ryu, école: « École du Cœur de Saule »). Elle donnera naissance plus tard au Shindo Yoshin-Ryu Ju-Jutsu.

D'année en année les Ryu d'art de combat prospéraient alors que, sous l'impulsion des puissances étrangères, le Japon allait devoir ouvrir bientôt ses ports au commerce extérieur.

Le Bakufu des Tokugawa n'allait pas tarder à sombrer.

Le dernier tiers du XVIIIème siècle vit s'abattre sur le Japon un flot de calamités naturelles qui n'allait pas arranger les affaires intérieures du Bakufu: 1770 sécheresse, 1772 incendie d'Edo, 1773 épidémies, 1778 éruptions volcaniques à Kyushu et inondations, 1783 éruption de l'Asama et grande famine de l'ère Tenmei (1781 - 1788).

Les révoltes paysannes qui reprirent nombreuses mais limitées dans le temps, parce que très sévèrement réprimées, ne constituèrent pas une réelle menace pour le Bakufu mais une gêne quasi permanente avec laquelle il devra tenir compte à l'avenir.

Dans les provinces, les réformes ne s'appliquaient pas partout avec le même bonheur. Les grands Fiefs, hors du contrôle direct du Bakufu étaient gérés par les « Daimyo extérieurs », les Tozama, dont les qualités de gestion, pour certains d'entre eux, n'étaient pas la priorité. Les Samouraï dépendaient en grande partie du Daimyo pour leur subside, celui-ci était obligé de vendre son riz au cours fixé par les marchands et, de plus, les dépenses occasionnées par le séjour de leur famille en otage à Edo, avaient conduit certains Daimyo à un endettement tel qu'il ne pouvait plus payer leurs Samouraï. Peu scrupuleux, certains Daimyo n'hésitèrent pas à faire main basse sur les possessions des plus riches marchands et comme ceux-ci étaient considérés comme quantité négligeable aux yeux des Samouraï, nombre d'entre eux fermèrent les yeux sur cette pratique.

A l'aube du XIXème siècle les navires des Occidentaux vont faire de plus en plus souvent incursion dans les eaux Japonaises (1805, 1809, 1814, 1818, 1822 ....). Face à cette menace le Shogun Tokugawa Ienari promulgue, en 1825, un second arrêté d'interdiction, ordonne la destruction de tous les bateaux étrangers accostant et la mise à mort de leurs équipages.

En 1832 - 1836 une nouvelle famine va créer une vague de mécontentement dans la classe paysanne, mais le Bakufu, bien que tentant des réformes, est plus occupé à assurer ses défense côtières que régler les affaires intérieures.

Malgré les interdictions les Européens chercheront tout de même à entretenir des relations commerciales avec le pays. Cette pression fit même apparaître et renforcer un courant nationaliste dans tout le Japon. Ce ne fut qu'en 1854 que le commodore américain Matthew Perry, accompagné de navires de guerres, réussit à « convaincre » le Bakufu. Ce dernier, effrayé à la perspective d'entrer en guerre en cas de refus (comme ce fut le cas pour le voisin chinois avec les guerres de l'opium) signe à contre cœur la convention de Kanagawa. Celle-ci laisse ouverts les ports de Shimoda et Hakodate aux Américains. Il en sera de même un peu plus tard pour la Russie, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et la France.
Une première division s'effectue alors entre les partisans de l'ouverture et les xénophobes. En 1858, la noblesse plutôt xénophobe reproche au Shogun d'avoir cédé à la peur des étrangers et de n'avoir pas demandé l'autorisation de l'Empereur. Cette scission marquera le début de la chute du Bakufu.

C'est dans ce contexte politique que Matsuoka Katsunosuke fonda à partir du Yoshin Ryu, en 1864, le Shindo Yoshin Ryu Ju-Jutsu qui va se concentrer sur les frappes (Atemi) et coups de pieds (Geri), en plus de divers autres techniques de combat ou « Techniques du Guerrier ». Il eut pour disciple Inose Matakachi qui forma lui-même le professeur d'Otsuka Hironori, Nakayama Tatsusaburo.

En cette époque tumultueuse se préparait un affrontement entre les Daimyo héréditairement créés par les Tokugawa au XVIIe siècle et les Daimyo de l'ouest qui se rangèrent du côté de l'Empereur et s'opposèrent ainsi aux étrangers et au Shogun. Les Fiefs les plus puissants de ces derniers étaient Chôshû et Satsuma. Ceux-ci furent entraînés dans la rébellion contre le Bakufu : des batailles s'engagèrent vers 1866 mais les armées Shogunales ne parvinrent pas à pénétrer le territoire de Chôshû. Des alliances se dessinèrent alors entre Chôshû, Satsuma et Tosa dont les chefs préparaient un coup d'État. Après de multiples tractations, le Shogun Tokugawa Yoshinobu annonce, à sa cour, dans son palais d'Edo son intention de démissionner et de redonner le pouvoir politique à l'Empereur. Ainsi, le 3 janvier 1868, en présence de Bushi, fût proclamé à Kyoto « le retour à l'ancienne Monarchie » et la fin du Bakufu.

L'époque Edo prit donc fin en 1868 avec la restauration du pouvoir Impérial par l'Empereur Mutsuhito (1852-1912) et l'abdication du quinzième et dernier Shogun, Yoshinobu Tokugawa.

Haut de page
La Restauration Meiji 1868 - 1912

Cette période symbolise la fin de la politique d'isolement volontaire appelée Sakoku et le début de la politique de modernisation du Japon.

La restauration Meiji de 1868 initia de nombreuses réformes. Le système féodal fut aboli, et de nombreuses institutions occidentales furent adoptées, un nouveau code pénal ainsi que d'autres réformes économiques, sociales et militaires. Il s'agissait pour le Japon de se moderniser au plus vite, afin de traiter d'égal à égal avec les occidentaux pour éviter de tomber sous leurs dominations (comme ce fut le cas pour la Chine durant la même période avec les « traités inégaux »). Ces réformes transformèrent le Japon en une puissance sur la scène mondiale connue sous le nom d'Empire du Japon.

Le 6 avril 1868, l'Empereur Mutsuhito promulgua le Gokajô no Goseimon, « Promesse Impériale en 5 articles », pour annoncer les changements prévus par le nouveau régime et l'ouverture officielle du Japon. Le 5ème article est le suivant: « Il faut rechercher dans le monde les diverses connaissances et s'en servir pour établir solidement les bases de l'empire ». Ce qui fut fait, mais pour certains le Japon vendait son âme aux étrangers et particulièrement nombre de Samuraï qui voyaient toutes leurs prérogatives s'envoler.

L'empereur Mutsuhito pris le nom de « Meiji » qui signifie « gouvernement éclairé » d'où est tiré le nom de cette période. Il était redevenu l'autorité politique suprême, et ce jusqu'en 1882 ou fut créé le poste de premier ministre au bénéfice de Hirobumi Ito, en même temps qu'il restait demi-dieu, puisqu'il était également le représentant de la déesse du soleil, Amaterasu, issu du culte animiste Shinto qui était la religion originale du Japon. Le Shintoïsme donnant une part importante au culte de l'Empereur a donc été redéveloppé à des fins politiques et soutenu au détriment de la religion Bouddhiste. Par la suite, cette tendance s'est légèrement renversée, principalement pour des raisons pratiques. La constitution japonaise était devenue un genre de monarchie constitutionnelle, avec un Empereur semi-divin. Le Souverain prenait les décisions, mais chacune d'elle devait être contresignée par un ministre.

Le ministère de l'éducation, inspiré du modèle américain, fut créé en 1871, il aura trois actions principales : nationalisme et loyauté au pouvoir seront prônés dans les écoles, les diplômes seront valorisés comme passeport pour l'emploi et l'introduction rapide et massive des connaissances étrangères.

La même année, une première monnaie étatique, le Yen, a été créée par une loi du 10 mai 1871, pour remplacer le Ryô, ce qui permit l'installation d'un système de taxes à l'échelon national pour le budget de l'État japonais.

En 1872, le Japon construisait, avant la Chine, le premier chemin de fer de l'Extrême-Orient : de Tokyo à Yokohama. En 1894, 3 380 km de voies étaient déjà en exploitation. Le calendrier grégorien remplaça le calendrier luni-solaire d'origine chinoise, des lois sur la conscription et contre la nudité dans les villes, marquèrent de plus en plus le désir d'entrer dans une voie absolument neuve. En 1873, le mouvement s'accentua encore par l'introduction de la vaccination et de la photographie, et l'adoption des uniformes officiels européens.

Les contacts avec les autres pays du monde se sont développés. Des négociations ont conduit à un traité des frontières avec la Russie en 1875 (Traité de Saint-Pétersbourg réglant provisoirement le problème de l'île de Sakhaline et des Îles Kouriles), puis en 1894, un traité d'égalité a été signé avec la Grande Bretagne.

Le Christianisme, qui avait été confiné à Nagasaki, puis interdit dans cette ville en 1614 au début du Shogunat, a de nouveau été autorisé sous l'ère Meiji, bien que les chrétiens fussent encore persécutés au début du règne. Le sentiment religieux au Japon est plutôt dilué et très tolérant. Le nombre de chrétiens japonais est de moins de 8 %.

Plus d'un millier de châteaux furent détruits sur ordre Impérial. Les grands Seigneurs, dépossédés de leurs terres, se virent incapables de subvenir aux besoins de plus d'un million de Samouraï. Il fut conseillé à ces derniers de se reconvertir dans d'autres activités.

Deux événements majeurs survinrent en 1876 avec l'interdiction du port du sabre pour les Samouraï. Le sabre fut dorénavant réservé aux seuls officiers de l'armée impériale japonaise ainsi que la suppression des pensions versées aux Samouraï par le gouvernement qui représentaient à cette date le tiers des dépenses de l'État qui décida qu'il serait dorénavant plus profitable d'investir dans l'industrie naissante que d'entretenir un symbole d'un passé révolu.

Un certain nombre de Samouraï prirent alors le parti d'abandonner volontairement le métier des armes pour se reconvertir dans le monde des affaires. Beaucoup furent ainsi placés à la tête d'entreprises créées par le pouvoir Impérial, devenant donc des acteurs importants dans les débuts de l'industrialisation du pays. D'autres se mirent au service de l'état en entrant soit en politique (les Premiers Ministres initiaux sont quasiment tous issus de cette ancienne classe guerrière), soit en participant à la création de l'Armée Impériale Japonaise qui fut confiée à des officiers instructeurs britanniques, français et allemands.

Tous ces bouleversements ne se firent pas sans résistance. Plusieurs révoltes de Samouraï eurent lieu dès 1874 qui durent être réprimées par la nouvelle armée nationale constituée de conscrits.

Le nouveau gouvernement du faire face à l'une des dernières révoltes, en 1877, à la tête de laquelle se trouvait Saigo Takamori (qui fut ministre de la Guerre), du clan Satsuma, et 40 000 Samouraï opposés à toutes réformes de la Cour Impériale. La toute nouvelle armée Japonaise mis 6 mois à mater cette rébellion et Saigo Takamori contraint de se suicider. Il fut vaincu lors de la bataille de Shiroyama. Cette véritable guerre civile s'acheva sur un lourd bilan : les impériaux déplorèrent 6 399 tués et 10 523 blessés. Les rebelles eurent officiellement 7 000 tués et 11 000 blessés mais ces chiffres sont aujourd'hui considérés comme fortement sous-évalués. La guerre coûta au gouvernement japonais plus de 42 000 000 de Yens de l'époque. Il fallut au pays près de 15 ans pour se remettre financièrement.

Les années suivantes furent marquées par la promulgation des codes pénal et criminel (1881), l'établissement de différents rouages administratifs et judiciaires, la fondation d'une nouvelle constitution (1889). Notons au passage qu'en 1879, l'ancien président des États-Unis, Grant fit un séjour au Japon et plus tard le Tsarévitch (le futur empereur Nicolas II), qui faillit être assassiné à coups de sabre à Otsu, sur les bords du lac Biwa en 1891.

En 1885, le Japon a rejoint une convention internationale à propos du système métrique et, petit à petit, a adopté ce système (devenu complètement officiel et obligatoire dans les années 1950).

La marine militaire et civile s'est très fortement développée par l'achat de navires à l'étranger et la construction de nouveaux ports. L'organisation de la marine de guerre fut, notamment dans un premier temps, inspirée par de celle de la Royal Navy britannique, avant d'être confiée à l'ingénieur naval français Louis-Émile Bertin.

En 1895, deux événements eurent lieu au Japon sans aucun rapport entre eux: Le premier eut un retentissement international et le deuxième passa complètement inaperçu aux yeux des Occidentaux (cela ne les concernait pas à vrai dire), et probablement aussi de beaucoup de Japonais. Le premier fut la déclaration de guerre du Japon contre la Chine et contre toute attente, le petit poucet Japonais mis à terre l'ogre Chinois. Ce qui permit à l'Empire du Soleil Levant (par le traité de Shimonoseki) de mettre la main sur Taïwan, l'archipel des Pescadores et la presqu'île du Liaodong, ainsi que de placer la Corée sous sa sphère d'influence (signature d'un traité d'alliance militaire). Le Japon était devenu en peu de temps une grande puissance. Ce fut aussi le point de départ de la montée du nationalisme japonais. Le deuxième événement fut la création de L'association Dai Nippon Butokukai à qui les autorités demandèrent d'organiser et de classer les divers styles d'arts martiaux qui ont vu le jour sous la période Tokugawa. Les Japonais depuis quelque temps avaient perdu un peu leur racine et l'on peut dire aujourd'hui que ce fut une grande décision que la création de cette association car sans elle qui sait...!!!!. L'autre but de cette association avait des visées politique et militaire, ce qui sera vraisemblablement à l'origine de son interdiction lors de l'occupation du territoire Japonais par les Américains à l'issu du IIème conflit mondial.

En 1899, L'association Dai Nippon Butokukai se dota d'un Butokuden, centre d'entraînement, ou le fleuron des grands Maîtres s'entraînaient à une gamme complète d'Arts Martiaux: Kendo, Judo, Kyudo, Naginata-do, etc. Le Karaté-Do n'en faisait pas parti et pour cause le nom Karaté-Do (l'art existait sous un autre nom) n'existait pas à cette époque mais verra le jour bien plus tard. C'est le Butokuden qui mit en place, au cours de cette période, les distinctions entre titres d'enseignants: Hanshi, Kyoshi, Renshi, qui plus tard vont s'enrichir d'autres titres (pour plus d'informations, se référer à la page des grades).

Résolument tourné vers la modernité, l'Empereur invita, à grands frais, de nombreux spécialistes européens, en fonction du domaine où excellait leur nation : militaires, chimistes et médecins prussiens, puis plus globalement allemands ; fonctionnaires, juristes, géomètres, recenseurs et ingénieurs navals français ; ingénieurs industriels britanniques ; agronomes néerlandais ; etc. Cette époque est aussi caractérisée par l'expansion du territoire japonais, calquée sur le modèle occidental.

Au cours des premières décennies du XXe siècle, le Japon a poursuivi et amplifié sa politique d'expansion, axée principalement sur l'Asie continentale. Après la guerre avec la Chine, le pays va ainsi se confronter à son nouveau voisin le plus puissant dans la région : la Russie, où le Tsar Nicolas II refusa le compromis qui lui était proposé par ses conseillers, et qui revenait à proposer un partage territorial au Japon : celui-ci aurait eu la Corée, la Russie aurait eu la Mandchourie. Il en résulte un débarquement des troupes japonaises en Corée le 8 février 1904, et occupation aussitôt de Séoul, puis des combats avec les troupes russes, dont le plus important, à Moukden (février-mars 1905) se soldera par la défaite des troupes tsaristes. Le 27-28 mai suivant, la flotte russe sera battue au large des îles Tsushima, et les japonais prirent pied sur Sakhaline en juillet. Après une médiation réclamée par le Japon aux États-Unis, la paix y fut signée le 5 septembre 1905.

Cette première victoire d'une puissance orientale sur une puissance occidentale dans l'Histoire contemporaine fit apparaître dans l'opinion publique le spectre du « péril jaune », et dans une certaine mesure, la politique expansionniste du Japon sous l'ère Showa est en continuité avec la politique de l'ère Meiji. Pour le gouvernement japonais, au début du XXe siècle les alternatives sont: étendre son influence sur l'Asie ou passer sous l'influence de l'Occident, autrement dit coloniser ou être colonisé. C'est dans l'optique de rester une grande puissance que sera mise en place la sphère de coprospérité de la grande Asie Orientale.

En 1912, l'Empereur Meiji meurt mettant ainsi fin à l'Ère Meiji.

Haut de page
Epoque Taisho 1912 - 1926

(source : Wikipedia)

L'ère Taisho, « période de grande justice », est une des ères du Japon qui couvre la période allant du 30 juillet 1912 au 25 décembre 1926 qui coïncide avec le règne de l'Empereur Taisho. La faible santé de l'Empereur a pour conséquence le déplacement du pouvoir politique du vieux groupe oligarchique composé de politiciens âgés (ou « Genro ») vers la Diète du Japon et les partis démocratiques. Cette époque est ainsi considérée comme la période du mouvement libéral connu sous le nom « démocratie Taisho » au Japon. Il est habituel de la distinguer de la chaotique ère Meiji précédente et de la première partie militariste de l'ère Showa qui lui succède.

Quand l'Empereur Meiji meurt le 30 juillet 1912, le prince héritier Taisho Tenno devient le nouvel Empereur du Japon et lui succède sur le trône, inaugurant ainsi l'ère Taisho . La fin de la période Meiji est marquée par d'énormes investissements publics nationaux et étrangers et des programmes de défense, des crédits presque épuisés et un manque de réserves en devises pour payer les dettes.

L'influence de la culture occidentale vécue durant l'ère Meiji continue à s'étendre. Kobayashi Kiyochika adopte les styles de peintures de l'Occident tout en continuant à peindre des Ukiyo-e. Okakura Kakuzo maintient son intérêt pour la peinture japonaise traditionnelle tandis que Mori Ogai et Natsume Soseki étudient en Europe et introduisent au Japon une vision plus moderne de la vie.

Les événements découlant de la restauration de Meiji en 1868 ont non seulement permis la réalisation de nombreux objectifs politiques et économiques tant au niveau national qu'à l'étranger mais aussi suscité un nouveau ferment intellectuel, à une époque où dans le monde entier l'intérêt pour le socialisme s'accroît et où se développe le prolétariat urbain. Le suffrage universel masculin, la notion d'État providence, les droits des travailleurs et les protestations non violentes sont des idéaux des premiers mouvements de gauche. Cependant, la suppression par le gouvernement des activités de gauche entraîne une radicalisation des actions des mouvements de gauche et la répression qui s'ensuit aboutit à la dissolution du parti socialiste japonais un an seulement après sa fondation en 1906, marquant ainsi l'échec général du mouvement socialiste.

Le début de l'ère Taisho est marqué par la crise politique Taisho de 1912-1913 qui interrompt la politique antérieure de compromis. Lorsque Saionji Kinmochi essaye de réduire le budget militaire, le ministre de l'armé démissionne, faisant chuter le cabinet Rikken Seiyukai. Yamagata Aritomo et Saionji refusent de reprendre leurs fonctions et le Premier ministre est incapable de trouver une solution. L'indignation publique contre la manipulation militaire du Cabinet et le rappel de Katsura Taro pour un troisième mandat entraîne des exigences encore plus fortes pour la fin de la politique Genro. Malgré l'opposition de la vieille garde, les forces conservatrices forment leur propre parti en 1913, le Rikken Doshikai qui remporte la majorité à la Chambre face au Seiyukai à la fin 1914.

Le 12 février 1913 Yamamoto Gonnohyoe succède à Katsura comme Premier ministre du Japon. En avril 1914, Okuma Shigenobu remplace Yamamoto.

Profitant de ce que l'empire allemand est tout à la Première Guerre mondiale et souhaitant étendre sa sphère d'influence en Chine, le Japon déclare la guerre à l'Allemagne le 23 août 1914 et occupe rapidement les territoires sous contrôle allemand dans la région du Shandong en Chine ainsi que les îles Mariannes, Carolines et Marshall dans l'Océan Pacifique. Le 7 novembre 1914 Jiaozhou se rend au Japon.

Tandis que ses alliés occidentaux sont particulièrement impliqués dans la guerre en Europe, le Japon cherche à consolider plus encore sa position en Chine et présente ses vingt et une demandes à la Chine en janvier 1915. Outre l'expansion de son contrôle sur les possessions allemandes, Mandchourie et Mongolie intérieure, le Japon demande également la propriété conjointe d'un important complexe minier et métallurgique dans le centre de la Chine, l'interdiction à la Chine de la cession ou de la location d'une quelconque zone côtière à une tierce puissance, et divers autres contrôles politiques, économiques et militaires, qui, s'ils sont mis en place, réduit la Chine à un protectorat japonais. La longueur des négociations avec le gouvernement chinois, un profond ressentiment anti japonais en Chine et la condamnation internationale contraignent le Japon à retirer le dernier groupe d'exigences et les traités sont signés en mai 1915.

L'hégémonie du Japon dans le nord de la Chine et d'autres parties de l'Asie est facilitée par d'autres accords internationaux. L'un avec la Russie en 1916 permet de sécuriser davantage l'influence du Japon en Mandchourie et en Mongolie intérieure, et des accords avec la France, le Royaume-Uni et les États-Unis en 1917 reconnaissent les gains territoriaux du Japon en Chine et dans le Pacifique. Les prêts Nishihara (du nom de Nishihara Kamezo, le représentant de Tokyo à Beijing de 1917 à 1918), tout en aidant le gouvernement chinois, engagent la Chine encore plus profondément dans la dette du Japon. Vers la fin de la guerre, le Japon reçoit de plus en plus de commandes de matériel nécessaire à la guerre de ses alliés européens, contribuant ainsi à diversifier l'industrie du pays, à augmenter ses exportations et à faire passer pour la première fois le Japon du statut de nation débitrice à celui de nation créancière.

La puissance du Japon en Asie croît avec la chute du régime Tsariste en Russie et les désordres liés à la Révolution d'octobre de 1917 en Sibérie. Voulant profiter de l'occasion, l'armée japonaise prévoit d'occuper la Sibérie à l'ouest jusqu'au Lac Baïkal. Pour ce faire, le Japon doit négocier un accord avec la Chine pour permettre le transit des troupes japonaises à travers le territoire chinois. Bien que le niveau des forces ait été revu à la baisse pour ne pas indisposer les États-Unis, plus de 70 000 troupes japonaises se joignent aux unités beaucoup plus petites de la Force expéditionnaire allié envoyée en Sibérie en 1918.

La Première Guerre mondiale permet au Japon, qui a combattu du côté des alliés, d'étendre son influence en Asie et ses possessions territoriales dans le Pacifique. Agissant presque indépendamment du gouvernement civil, la marine impériale japonaise se saisit des colonies allemandes de Micronésie.

Le 9 octobre 1916, Terauchi Masatake succède à Okuma Shigenobu au poste de Premier ministre. Le 2 novembre 1917, l'accord Lansing-Ishii prend acte de la reconnaissance des intérêts du Japon en Chine et s'engage à maintenir une « politique de la porte ouverte ». En juillet 1918 est lancée l'intervention en Sibérie qui voit le déploiement de 75 000 troupes japonaises. En août 1918, des émeutes du riz éclatent dans des villes et agglomérations de tout le Japon.

L'après-guerre apporte une prospérité sans précédent au Japon qui se rend à la conférence de paix à Versailles en 1919 comme l'une des grandes puissances militaires et industrielles du monde et y reçoit une reconnaissance officielle comme l'un des « Cinq Grands » du nouvel ordre international. Tokyo obtient un siège permanent au Conseil de la Société des Nations et le traité de paix confirme le transfert au Japon des droits de l'Allemagne dans Shandong, disposition qui conduit à des émeutes anti japonaises et à un mouvement politique de masse dans toute la Chine. De même, les îles du Pacifique, anciennes possessions de l'Allemagne, sont placées sous mandat japonais. Le Japon est également impliqué dans l'intervention d'après-guerre des Alliés en Russie et est la dernière puissance alliée à se retirer en 1925. Malgré son rôle secondaire dans la Première Guerre mondiale (et le rejet des puissances occidentales de sa demande d'une clause d'égalité raciale dans le traité de paix), le Japon émerge comme un acteur majeur de la politique internationale à la fin de la guerre.

Le système à deux partis politiques qui se développe au Japon depuis le début du siècle arrive enfin à maturité après la Première Guerre mondiale, faisant naître le surnom de « démocratie Taisho » pour désigner cette période.

En 1918, Hara Takashi, un protégé de Saionji et une influence majeure dans les cabinets Seiyukai d'avant-guerre, devient le premier roturier à servir comme Premier ministre. Il profite des relations de longue date qu'il entretient au sein du gouvernement, obtient le soutien de ce qui reste du Genro et de la Chambre des pairs, et fait entrer dans son cabinet comme ministre des Armées, Tanaka Giichi qui a eu une meilleure appréciation des relations civiles-militaires que ses prédécesseurs. Néanmoins, Hara est confronté à des problèmes majeurs : l'inflation, la nécessité d'adapter l'économie japonaise aux circonstances d'après-guerre, l'afflux d'idées étrangères et un mouvement ouvrier naissant. Le cabinet applique des solutions d'avant-guerre à ces problèmes d'après-guerre et peu est fait pour réformer le gouvernement. Hara s'applique à assurer une majorité Seiyukai par des méthodes éprouvées par le temps, telles que de nouvelles lois électorales et le redécoupage électoral et engage d'importants travaux publics financés par le gouvernement.
La déception de l'opinion publique augmente face à la dette nationale croissante et aux nouvelles lois électorales qui conservent les niveaux minimum de taxation requis pour l'obtention du droit de vote. Un mouvement se fait jour en faveur du suffrage universel et du démantèlement de l'ancien réseau des partis politiques. Les étudiants, les professeurs d'université et des journalistes, soutenus par les syndicats et inspirés par diverses écoles de pensée occidentales démocratique, socialistes, communistes, anarchistes et autres organisent en 1919 et 1920 de grandes manifestations publiques pacifiques en faveur du suffrage universel masculin. De nouvelles élections apportent une fois encore, mais de peu, une majorité Seiyukai. Le milieu politique de l'époque connaît une prolifération de nouveaux partis, y compris les partis socialistes et communistes.

Au milieu de cette effervescence politique, Hara est assassiné en 1921 par un travailleur de chemin de fer désabusé. Une série de Premiers ministres sans-parti et de cabinets de coalition succède à Hara. La peur d'un électorat plus large, d'un gouvernement de gauche et le changement social croissant engendré par l'afflux de la culture populaire occidentale conduit ainsi à l'adoption en 1925 des lois de préservation de la paix qui interdisent tout changement dans la structure politique ou l'abolition de la propriété privée.

Les coalitions instables et les divisions au sein de la Diète amènent le Kenseikai, « Association pour un gouvernement constitutionnel », et le Seiyu Honto, « Vrai Seiyukai », à fusionner dans le Rikken Minseito, « Parti constitutionnel démocratique », en 1927. Le programme du Rikken Minseito est en faveur du système parlementaire, d'une politique démocratique et de la paix mondiale. Par la suite, et jusqu'en 1932, le Seiyukai et le Rikken Minseito alternent au pouvoir.

Malgré les ajustements politiques et l'espoir d'un gouvernement plus ordonné, les crises économiques internes affectent le parti au pouvoir quel qu'il soit. Les programmes d'austérité budgétaire et les appels pour le soutien du public à ces politiques gouvernementales conservatrices - tels que les lois de préservation de la paix, y compris les rappels à l'obligation morale de faire des sacrifices pour l'empereur et l'État - sont tentés comme solutions pour résoudre la crise. Bien que la dépression mondiale des années 1920 et début des années 1930 a des effets minimes sur le Japon - en fait, les exportations japonaises augmentent considérablement pendant cette période - il existe un sentiment de mécontentement croissant qui atteint son maximum avec l'attaque contre le Premier ministre Rikken Minseito Osachi Hamaguchi en 1930. Bien qu'Hamaguchi survive à l'attaque et reste en fonction malgré la gravité de ses blessures, il est contraint à la démission l'année suivante et meurt peu de temps après.

La victoire des Bolcheviks en Russie en 1917 et leurs espoirs d'une révolution mondiale aboutissent à la création du Komintern. Celui-ci réalise l'importance du Japon dans la réalisation d'une révolution réussie en Asie de l'Est et travaille activement à former le Parti communiste japonais qui est fondé en juillet 1922. Les objectifs annoncés du Parti en 1923 sont la fin du féodalisme, l'abolition de la monarchie, la reconnaissance de l'Union soviétique et le retrait des troupes japonaises de Sibérie, de Sakhaline, de la Chine, de la Corée et de Taïwan. Une répression brutale du Parti s'ensuit. Des radicaux y répondent par une tentative d'assassinat du prince régent Hirohito. La loi de préservation de la paix de 1925 est une réponse directe aux « pensées dangereuses » répandues par les éléments communistes au Japon.

La libéralisation des lois sur les élections avec la « loi générale sur les élections » de 1925, bénéficie aux candidats communistes, même si le Parti communiste japonais lui-même est interdit. Une nouvelle « loi sur la préservation de la Paix » en 1928, entrave cependant davantage encore les efforts communistes en interdisant les partis qu'ils ont infiltrés. L'appareil policier d'alors est omniprésent et très actif pour contrôler le mouvement socialiste. En 1926, le Parti communiste japonais est contraint à la clandestinité, à l'été 1929 sa direction est pratiquement détruite et en 1933 le Parti a pratiquement disparu.

Le pan asiatisme caractéristique des politiques de droite et le militarisme conservateur depuis le début de la restauration Meiji, contribuent grandement à la politique pro-guerre des années 1870. D'anciens Samouraï déçus fondent des sociétés patriotiques et des organisations de collecte de renseignements telles que le Gen'yosha, « Société de l'Océan noir », créé en 1881 et sa ramification ultérieure, le Kokuryukai, « Société du Dragon noir » ou « Société du fleuve Amour », fondé en 1901. Ces groupes deviennent actifs en politique intérieure et étrangère, contribuent à fomenter des sentiments belliqueux et soutiennent les causes ultra-nationalistes jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Après les victoires du Japon sur la Chine et la Russie, les ultra-nationalistes se concentrent sur les questions intérieures et les éventuels risques domestiques tels que le socialisme et le communisme.

Le nationalisme chinois naissant, la victoire des communistes en Russie et la présence croissante des États-Unis en Asie de l'Est, tous ces éléments œuvrent contre les intérêts de politique étrangère du Japon de l'après-guerre. L'intervention en Sibérie pendant quatre ans et les activités en Chine, combinées à de grands programmes de dépenses internes, épuisent les gains de temps de guerre du Japon. Ce n'est que par des pratiques commerciales plus compétitives, soutenues par le développement économique et la modernisation industrielle, tous mis en œuvre par la croissance des Zaibatsu, que le Japon peut espérer devenir dominant en Asie. Les États-Unis, longtemps source de nombreux produits importés et de prêts nécessaires au développement, sont considérés comme un obstacle majeur à cet objectif en raison de leur politique de contention de l'impérialisme japonais.

La Conférence de Washington de 1921-1922 constitue un tournant dans la diplomatie internationale militaire car elle aboutit à une série d'accords qui entraînent un nouvel ordre dans la région du Pacifique. Les problèmes économiques du Japon rendent l'accroissement de sa force navale presque impossible et, conscient de la nécessité de rivaliser avec les États-Unis sur le plan économique plutôt que sur une base militaire, le rapprochement devient inévitable. Le Japon adopte une attitude plus neutre à l'égard de la guerre civile en Chine, diminue ses efforts pour étendre son hégémonie en Chine proprement dite et rejoint les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France en encourageant le développement indépendant de la Chine.

Dans le traité des quatre puissances sur les possessions insulaires signé le 13 décembre 1921, le Japon, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France conviennent de reconnaître le statu quo dans le Pacifique tandis que le Japon et la Grande-Bretagne conviennent de mettre formellement fin à leur traité d'alliance. Le traité de désarmement des cinq puissances navales signé le 6 février 1922 établit un ratio international de navire pour les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Japon, la France et l'Italie (5, 5, 3, 1,75, et 1,75, respectivement) et limite la taille et l'armement des bâtiments de ligne déjà construits ou en construction. Par une démarche qui donne à la Marine impériale japonaise une plus grande liberté dans le Pacifique, Washington et Londres conviennent de ne pas construire de nouvelles bases militaires entre Singapour et Hawaï.

L'objectif du traité des neuf puissances également signé le 6 février 1922 par la Belgique, la Chine, les Pays-Bas et le Portugal, ainsi que les cinq puissances d'origine, est la prévention de la guerre dans le Pacifique. Les signataires conviennent de respecter l'indépendance et l'intégrité de la Chine, de ne pas s'ingérer dans les tentatives chinoises pour établir un gouvernement stable, de s'abstenir de demander des privilèges spéciaux en Chine ou d'y menacer les positions des autres nations, de soutenir une politique d'égalité des chances pour le commerce et l'industrie de toutes les nations en Chine et de réexaminer l'extraterritorialité et les politiques d'autonomie tarifaires. Le Japon accepte également de retirer ses troupes de Shandong, de renoncer à tous ses droits en Chine sauf ceux d'ordre purement économique et à évacuer ses troupes de Sibérie.

Dans l'ensemble, le Japon évolue au cours des années 1920 vers un système démocratique de gouvernement. Le régime parlementaire n'est cependant pas suffisamment enraciné pour résister aux pressions économiques et politiques des années 1930 au cours desquelles les chefs militaires deviennent de plus en plus influents. Ces changements de pouvoir sont rendus possibles par l'ambiguïté et l'imprécision de la Constitution de Meiji, en particulier en ce qui concerne la position de l'empereur par rapport à la Constitution.

En 1926, L'Empereur Taisho meurt et Hirohito devient empereur le 25 décembre de cette même année.

Haut de page
Epoque Showa 1926 - 1989

(source : Wikipedia)

L'ère Showa, littéralement « Ère de paix éclairée », est la période de l'histoire du Japon où l'Empereur Showa (Hirohito) régna sur le pays. Elle débute le 25 décembre 1926 et s'achève le 7 janvier 1989. Ce fut le plus long règne de tous les Empereurs japonais. Jusqu'à la défaite militaire du Japon en 1945 et l'adoption de la constitution de 1947, le nom officiel utilisé par l'État japonais était, comme lors des ères Meiji et Taisho, Empire du Japon (Dai Nippon Teikoku). En 1947, avec la nouvelle constitution, le pays adopte le nom officiel de Japon (Nihon ou Nippon).

La première partie du règne d'Hirohito se caractérise par de fortes influences nationalistes et entraîne l'expansion de l'Empire. Après les bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki et la reddition du Japon lors de la Seconde Guerre mondiale, l'occupation du Japon dura jusqu'en 1952. En septembre 1951 le traité de San Francisco restaura la souveraineté du Japon.

La crise monétaire internationale qui se traduit par la forte dévaluation de la livre sterling en 1931 accentue ses difficultés commerciales, car elle rend plus difficiles ses exportations et dévalue ses avoirs en Livres. Or, comme dans les autres pays, la banque centrale émet des Yens en contrepartie de ses réserves d'or et de Sterling ; la base monétaire se rétrécissant, la masse monétaire se contracte. Le ministre des Finances Junnosuke Inoue accepte d'adopter alors une politique de déflation du même type que celles qui sont ou seront conduites en Allemagne par Heinrich Brüning ou en France par Pierre Laval. Le raisonnement est le même : si les prix internationaux baissent, si les avoirs de la banque centrale diminuent ou baissent de valeur, les salaires doivent baisser aussi afin que les produits japonais soient concurrentiels. Il réduit donc autoritairement les salaires des fonctionnaires et, comme la Grande-Bretagne en 1925, va conserver l'étalon-or qui met le Yen à une parité surévaluée. Cette politique accentue les effets sociaux de la crise, le chômage grimpe à 20% des actifs salariés et les inégalités progressent : le revenu net moyen par famille de l'agriculteur n'excède pas les 20 Dollars par an, la moyenne du Japon étant de 166 $ et de 2 500 $ pour les 10% les plus riches. Le mécontentement s'accumule, la situation sociale se tend tandis que la volonté d'Inoue de réduire le budget de l'État japonais se heurte aux intérêts du puissant complexe militaro-industriel japonais lorsqu'il veut réduire les dépenses militaires. Il est contraint de démissionner le 11 décembre 1931 lors de la chute du gouvernement du Premier ministre Wakatsuki. Inoue est assassiné le 9 février 1932, ainsi que le Premier ministre Tsuyoshi Inukai quelques semaines plus tard, le 15 mai.

Korekiyo Takahashi remplace Inoue aux Finances. À 77 ans, il a eu un parcours original. Issu d'une famille pauvre, il a voyagé aux États-Unis, enseigné l'anglais à son retour avant de se retirer dans un monastère Zen dont il est sorti à 35 ans. Entré à la Banque du Japon, il en devient le directeur trois ans après. À l'image de Keynes, c'est lui qui a négocié la question des crédits pendant la guerre. Plusieurs fois ministre avant la 1re Guerre mondiale, il revient donc aux affaires à 77 ans et restera ministre des Finances jusqu'en 1936.

À peine installé, il abandonne l'étalon-or et laisse flotter le Yen à la baisse. Celui-ci perdra 40% en un an. Les 100 ¥ sont à près de 50 $ en 1931 (49,85) ils tombent aux alentours de 30 $ en 1932 (31,20 en décembre 1932) et s'y maintiendront malgré la dévaluation du Dollard (30,25 $ après la dévaluation américaine de 1933). Cette dévaluation brutale et sauvage relance immédiatement les exportations et permet le redressement des prix qui retrouvent en 1933 leur niveau de 1930 (près de 20% de hausse).

Sous l'impulsion de l'État, l'appareil industriel se restructure, se redéploye et se concentre. Les modifications structurelles se manifestent par le fait que dans l'entre-deux-guerres, la part du textile chute régulièrement (de la zone des 40% de la valeur de la production industrielle en 1920 à 17,9% en 1940) tandis que celle des industries mécaniques monte de 15 à 24% et celle de la métallurgie de façon encore plus spectaculaire de moins de 5% (4,2) à presque 20% (19,9). Les Zaibatsu se renforcent. Ayant une base ou des intérêts puissants dans l'industrie lourde (et donc l'armement), elles ont souvent été accusées d'avoir pesé d'un grands poids dans la politique japonaise (dès cette époque, on parle largement de la corruption institutionnalisée de la classe politique) et d'avoir entraîné le pays sur la voie du militarisme et de l'expansionnisme agressif. En 1936, sur 88 145 compagnies, 430 détiennent plus de la moitié (55%) du capital industriel. De nouvelles concentrations, telles que celle qui devait donner naissance à Nissan, apparaissent. Le chômage baisse et l'économie semble se redresser en ayant extériorisé ses problèmes.

Les exportations japonaises augmentent de manière qui semble agressive à ses partenaires. Les produits « made in Japan » ont la même image des produits bas de gamme et bon marché que certains produits « made in China » aujourd'hui mais ils pénètrent les marchés occidentaux les mieux protégés. Le Japon arrive ainsi à exporter des montres en Suisse, des spaghetti en Italie, des vélos en Afrique, des stylos en Autriche, etc. Aussi, bien que la part des produits japonais dans le commerce mondial ne dépasse pas les 4%, les pays européens prennent la décision de se protéger et de contingenter les importations nippones.

Les marchés se bouchant, le capitalisme japonais bascule brutalement dans la voie allemande. Le poids de la contrainte a été discuté par des historiens qui repoussent une explication jugée trop « économique ». La thèse est discutée car le poids du Japon dans le commerce mondial serait faible et de nombreux pays étaient autant intéressés par le marché japonais que les japonais l'étaient à exporter. Ainsi la balance commerciale vis-à-vis des États-Unis devient déficitaire pour le Japon à cause de la baisse des ventes de soie (contraction des marchés et développement de la rayonne, c'est-à-dire de soie artificielle) et de l'augmentation des achats de machines nécessaires pour le développement de l'industrie lourde. On ne peut que constater néanmoins que, dans un climat de récession mondiale, de contraction des marchés, la « voie allemande », c'est-à-dire le basculement de l'économie dans l'économie de guerre, la mobilisation de l'appareil industriel et économique du pays pour la conquête forcée de marchés apparaît comme une réponse possible voire cyniquement nécessaire pour la bourgeoisie japonaise. Comme en Allemagne, cette politique agressive implique la mobilisation de la population et le sacrifice de la consommation populaire. C'est l'industrie lourde, base de l'industrie d'armements, et non les industries de consommation qui doit se développer (c'est l'alternative classique : « le beurre ou les canons »).

La situation politique se tend alors et dans ces années 1930, des tentatives de coup d'État se succèdent. Après les assassinats de 1932, il y a des complots éventés. Le poids du budget d'armement dans le budget de l'État ne cesse de progresser : 27% en 1927, 35% en 1933, 46% en 1936. En 1936 on assiste à un véritable coup d'État militaire, l'incident du 26 Février. Au matin, les militaires de la Kodoha investissent les ministères et assassinent Takahashi à son tour ainsi qu'un certain nombre de dignitaires du régime. Ces militaires s'opposent à une faction rivale, la Toseiha, et souhaitent établir une dictature impériale ainsi que l'élimination des conglomérats commerciaux (Zaibatsu). La révolte est matée trois jours plus tard sur ordre personnel de Hirohito, qui menace de prendre la tête de l'armée.

Avec la nomination de Fumimaro Konoe comme Premier ministre, le lobby militaro-industriel prend définitivement le contrôle de la politique interne du pays. En 1937, Hirohito autorise l'invasion de la Chine (Guerre sino-japonaise de 1937 à 1945), qualifiée de « guerre sainte » et constituant la première étape de la politique impérialiste du Japon. Sous Konoe sont alors mis en place le Mouvement National de Mobilisation Spirituelle, la Ligue des Parlementaires adhérant à la « Guerre Sainte » et l'Association d'Aide à l'Autorité Impériale.

En 1941, suite à un embargo américain sur les ressources et matière première, l'Empereur Showa lance la guerre de la Grande Asie orientale (Dai Tô-A senso) qui débute par l'attaque de Pearl Harbour, l'invasion de la Malaisie et celle des Philippines en décembre 1941. Cet événement donne une raison aux États-Unis pour prendre part à la Seconde Guerre mondiale. Le Japon poursuit sa conquête de l'Asie du Sud-Est en envahissant Singapour, les Philippines, l'Indonésie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée jusqu'à la frontière septentrionale de l'Australie et dans les archipels de l'Océan Pacifique. Les Japonais s'installent durablement en Birmanie.

Ce gigantesque empire militaire, appelé officiellement Sphère de coprospérité de la grande Asie Orientale, était destiné à servir de réservoir de matières premières. L'occupation de ces territoires fut marquée par d'innombrables exactions à l'encontre des populations d'Extrême-Orient, crimes pour lesquels les pays voisins du Japon demandent toujours des excuses ou des réparations aujourd'hui.

Avec la bataille de Midway dans le Pacifique, l'expansionnisme nippon est interrompu : 1942 marque le tournant de la guerre du Pacifique.

De 1942 à 1945, la situation militaire japonaise se dégrade dans le Pacifique. Les troupes japonaises sont repoussées progressivement dans les îles Salomon, en Nouvelle-Guinée, en Birmanie et aux Philippines. Le conflit en Chine s'enlise. Une offensive en Inde, en 1944, débouche sur un échec total. L'armée américaine débarque en 1945 sur le sol même du Japon.

Le Japon, dont plusieurs des villes majeures ont été dévastées par les bombardements, est finalement vaincu en 1945. Le largage de deux bombes atomiques, la première sur Hiroshima le 6 août et une seconde le 9 août sur Nagasaki, ainsi que l'invasion de la Mandchourie par l'Union Soviétique, conduisent l'Empereur Hirohito à annoncer lui-même la capitulation.

Une délégation du gouvernement nippon se rend sur le pont du cuirassé américain USS Missouri pour signer, devant les généraux Alliés Macarthur et Leclerc, les termes d'une reddition sans conditions le 2 septembre 1945. Le Japon signera un traité de paix définitif à San Francisco avec les États-Unis en 1950. Le traité de paix avec la Russie est toujours en négociation, en règlement du problème des îles Kouriles du Sud, occupées par cette dernière depuis la fin du conflit.

Plusieurs hauts officiers du régime Showa furent jugés pour crimes de guerre par le Tribunal de Tokyo. À titre de commandant suprême des forces alliées, Douglas Macarthur accorda toutefois l'immunité à l'Empereur Showa et à tous les membres de sa famille impliqués dans la conduite des opérations militaires comme son frère Yasuhito Chichibu, maître d'œuvre de l'opération « Lys d'or », ainsi qu'à ses oncles et ses cousins comme le prince Yasuhiko Asaka, instigateur du massacre de Nankin, le prince Hiroyasu Fushimi, le prince Naruhiko Higashikuni et le prince Tsuneyoshi Takeda. Cette immunité fut également étendue à Shiro Ishii et à tous les membres de ses unités de vivisection humaine.

Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le Japon est devenu un état de puissance économique. La période d'après-guerre se caractérise par la constitution après-guerre et du traité de sécurité entre les Etats-Unis et le Japon.

Depuis quinze siècles, le rôle de l'Empereur était celui d'un dirigeant Impérial. À compter de la restauration Meiji, il était devenu un véritable chef d'État, commandant de l'Armée et de la Marine. Avec la constitution de 1946, l'Empereur Showa renonça à ses pouvoirs exécutifs de droit divin, ne faisant dorénavant que nommer le Premier ministre et le président de la Cour Suprême. Le rôle de l'Empereur est défini dans le chapitre I de la Constitution du Japon de 1947. L'article 1 définit l'Empereur comme le symbole de l'État.

Confiné à l'archipel, le pays demeura sous la tutelle des États-Unis jusqu'en 1951 (traité de San Francisco). Ceux-ci imposèrent une nouvelle constitution, plus démocratique, et fournirent une aide financière qui encouragea le renouveau du Japon.

Après 1952, son économie se rétablit et permit le retour de la prospérité sur les îles dont les Jeux olympiques de Tokyo et le lancement du Shinkansen en 1964 furent les symboles.

Des années 1950 jusqu'aux années 1980, le Japon connaît un apogée culturel et économique et une formidable croissance. Il devint progressivement l'une des principales puissances économiques du monde.

La forte croissance des années 1950 à 1970 a urbanisé le Japon. Entre 1950 et 1965 environ, les trois grandes métropoles, Tokyo, Osaka et Nagoya, ont connu un apport massif de population. À partir du milieu des années 1960 en revanche, ces trois zones apparaissent comme surpeuplées. Le gouvernement encourage alors les relocalisations d'industrie vers d'autres régions. La croissance se rééquilibre sur le plan géographique. L'essentiel de la population est alors intégré d'une manière ou d'une autre dans une métropole.

Dans les années 1970, particulièrement après le choc pétrolier de 1973, les nouvelles technologies se développent au Japon, mais surtout à Tokyo. La capitale renforce alors sa domination. Elle continue à attirer des habitants. Elle devient un grand centre financier international et attire dans le même temps des activités de services très spécialisées dans le secteur de l'informatique.

Nagoya et Osaka connaissent en revanche un solde migratoire négatif. Les petites industries installées dans les villes de moindre importance perdent de leur compétitivité internationale du fait de la hausse du Yen.

En 1989 la mort de l'Empereur Hirohito met fin à l'ère Showa.

Haut de page
Epoque Heisei 1989 -

(source : Wikipedia)

L'ère Heisei, « accomplissement de la paix », est la période actuelle du Japon. Elle a commencé en 1989 avec le début du règne de l'Empereur Akihito. Ainsi 2012 correspond à l'an 24 de l'ère Heisei.

Le « miracle économique » d'après 1973 prend fin au début des années 1990, date à laquelle la bulle spéculative japonaise éclate, marquant le début de la « décennie perdue ». Ces années sont aussi marquées par une certaine instabilité politique (avec la première chute d'un gouvernement par une motion de censure en 1993) et plusieurs catastrophes d'origines humaine (Attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo en 1995) ou naturelle (tremblement de terre de Kobe, également en 1995).

Actuellement, bien que sa part soit relativement faible dans les finances de l'État, le Japon occupe, en matière de budget militaire, la cinquième place dans le monde en chiffres absolus, mais l'importance de ce budget ne fait pas pour autant du Japon une grande puissance militaire. La constitution japonaise interdit en effet le maintien d'une armée, le droit de belligérance et le lancement de toute opération militaire en dehors de ses frontières autre que dans le cadre de l'autodéfense. La « force d'autodéfense » japonaise est un corps militaire professionnel disposant de moyens techniques avancés.

Avec la guerre en Irak en 2003, la Constitution a été aménagée pour pouvoir déployer des troupes hors de son territoire dans le cadre d'opérations à caractère strictement non militaire (reconstruction, aide humanitaire...). De la sorte, le Japon espère acquérir un rôle diplomatique plus en rapport avec sa puissance économique.

Le 11 mars 2011, un grave séisme de magnitude 9, suivi d'un tsunami, frappe l'est du Tohoku autour de Sendai, provoquant la mort de plusieurs milliers de personnes, de très graves dégâts dans toute la partie nord-est de Honshu et l'accident nucléaire de Fukushima...

Haut de page
Terminologie

Ainu : Peuple dont les origines sont quelque peu controversées et qui constituerait le peuple aborigène des îles japonaises. Traités comme des barbares ils ont été repoussés par le clan des «  Fujiwara » vers le nord dans l'île Hokkaido à l'époque Yayoi.

Amida : L'Amidisme fait de bienveillance infinie assure le salut par la seule foi en l'existence du Bouddha Amida « lumière infinie » et la seule invocation de son nom ...
     Le culte d'Amida remonte au milieu du 1er siècle après J.-C. et s'est largement répandu dans les couches populaires du Japon. Le Jodo-shu, «  école de la terre pure », fondée par le Moine Genku en 1174 repose sur la foi du Bouddha Amida. La secte Bouddhique Jodo-shinshu, « nouvelle école de la terre pure », crée par Shinran en 1224, très proche de la précédente, enseignait que le salut ne pouvait s'obtenir que par la pitié d'Amida.

Amaterasu : (ou Amaterasu-O-Kami) Déesse du soleil et de la lumière, dans la religion Shinto, née de l'œil de la Déesse mère : Izanagi. Amaterasu apprit à ses sujets à planter le riz, à tisser et serait à l'origine de toute la lignée des Empereurs du Japon dont le premier, semi-légendaire, s'appelle Jimmu Tenno. Amaterasu apparut sur le sol japonais le jour de la date initiale du calendrier japonais : le 11 février 660 av. J.-C. Le temple construit en son honneur à Ise est le plus ancien et le plus vénéré de tout le pays.

Bakufu : Littéralement « gouvernement sous la tente » en référence aux camps militaires temporaires. Installé par Minamoto no Yoritomo en 1185, il durera jusqu'à la fin du moyen âge japonais en 1868. Le Bakufu avait été nommé ainsi parce que les premiers Shogun, de part leurs expéditions armées, n'avaient pas de résidence fixe et gouvernaient à partir d'un simple camp militaire.

Bushi : Bushi (ou Buke) est un terme d'origine sino-japonais signifiant littéralement « guerrier gentilhomme » en japonais.
     Bushi et Samouraï sont souvent confondus mais ils correspondent à des périodes et des fonctions différentes. A l'origine, Bushi est le seul nom pour désigner les guerriers japonais. C'étaient des chevaliers en armure dont l'arme principale était le Yumi (arc). Ils étaient chargés de la protection des clans familiaux religieux.
     C'est cette proximité avec la noblesse religieuse qui est à l'origine de leur nom de « guerrier gentilhomme ».

Butokuden : « Salle de la Vertu chevaleresque », lieu d'entrainement pour les Arts Martiaux. Le premier Dojo daterait de la première année de l'ère Heïan (794-1185). Il fut construit par l'Empereur Kammu (736-806) dans le parc du Palais Impérial de Heïan Jingu à Kyoto. Le Butokuden, pris forme en l'honneur de Sakanoue Tamuramaro (758-811) revenant victorieux d'une campagne militaire.

Bugyo : Couramment traduit par les termes de « commissaire », « magistrat » ou encore « gouverneur », c'est est un titre porté par des administrateurs au Japon jusqu'à l'époque Meiji. Le titre était souvent complété par d'autres termes afin de décrire plus précisément les tâches ou la juridiction d'un commissaire donné.

Ebisu : Traduit par « barbare ». Nom donné aux aborigènes de l'ancien Japon dans la nord et sur la côte est du pays. Leurs descendants sont les Ainu.

Diète du Japon : La Diète (Kokkai) désigne au Japon, le parlement. La traduction française Diète est employée car le terme est celui utilisé pour la constitution allemande de 1849 (en allemand « Reichstag »), dont la Constitution Meiji est inspirée. Elle fut créée par la Constitution Meiji (1889). La première réunion eut lieu en 1890.
     La Diète est composée de deux chambres élues:
     La chambre basse est composée de 480 membres élus pour quatre ans dont 300 représentants sont élus au scrutin uninominal majoritaire à un tour par circonscription. Les 180 autres sont élus selon un système de proportionnelle par grandes régions.
     La Chambre haute était constituée d'une Chambre des pairs calquée sur le modèle britannique de la Chambre des Lords, et reposant sur la nouvelle organisation aristocratique créée lors de la Révolution Meiji en 1869 par fusion des anciens Kuge (la noblesse de cour) et Daimyo (la noblesse terrienne féodale). Elle est devenue la chambre des conseillers en mai 1947. La Chambre haute, ou plus rarement « Sénat » est composée de 242 membres, élus pour six ans et renouvelés par moitié. Tous les trois ans, 73 conseillers sont élus au vote unique non transférable au niveau des 47 préfectures, et 48 sont élus à la proportionnelle au niveau national.
     Le Premier ministre, qui est aussi le chef du gouvernement, doit être un membre de la chambre des représentants. Le scrutin de désignation du Premier ministre se tient dans les deux chambres, mais c'est le vote de la chambre des représentants qui est décisif. La Diète détient le pouvoir législatif ; le Premier ministre nomme le gouvernement, mais le gouvernement est responsable devant le Parlement (plus précisément devant la chambre des représentants) : c'est un régime parlementaire. Seule la chambre des représentants peut proposer une motion de censure à l'encontre du gouvernement, qui doit alors démissionner ou dissoudre la chambre des représentants, qui est la seule des deux assemblées à pouvoir être dissoute sur décision du Premier ministre.
     La chambre des conseillers détient un pouvoir moins important que la chambre des représentants : en cas de désaccord sur le vote d'une loi, cette dernière peut imposer son avis en confirmant son premier vote à la majorité des 2/3 de ses membres pour tout projet ou proposition de loi ou à la majorité simple pour l'adoption du budget ou la ratification d'un traité. En revanche, toute modification de la Constitution du Japon doit être ratifiée par les deux chambres. Il est cependant rare que la majorité détienne les deux tiers des sièges à la chambre des représentants : depuis la création de la chambre des conseillers, cela n'est arrivé que de novembre 1999 à juin 2000 et de septembre 2005 à mai 2010. En cas de conflit, la Constitution prévoit la tenue d'une commission mixte pour mettre en place un texte de compromis.
     Les membres de la Diète ont développé une diplomatie parlementaire, non gouvernementale, à l'instar des représentants d'autres Parlements du monde. Par exemple, la Ligue d'amitié parlementaire Japon-Corée du Nord traite de questions d'intérêt commun pour les deux pays, en l'absence de relations diplomatiques officielles au niveau gouvernemental.

Genkobori : Le Genkobori est un long mur que les japonais ont érigé sur la partie nord de l'île de Kyushu pour se défendre des tentatives d'invasions venant de la mer. En effet, en 1274 et en 1281, les Mongols tentèrent par deux fois d'envahir le Japon en essayant de débarquer dans cette région. Ce mur est encore visible aujourd'hui à certains endroits, mais d'autres parties n'ont pas été encore découvertes et se trouvent sous le sable des plages de Kyushu. Le mur fait environ 20 km de long et environ 3 mètres de haut.

Genro : Le Genro était une désignation officieuse donnée à certains anciens hommes d'état japonais retirés, considérés comme les « pères fondateurs » du Japon moderne, qui ont servi de conseillers informels de l'empereur, au cours de l'ère Meiji, celle de Taisho et au début de celle de Showa de l'histoire japonaise.
     L'institution des Genro a commencé avec le conseil traditionnel des anciens (Roju) de l'époque Edo ; cependant, le terme de Genro semble avoir été inventé par un journal en 1892. Ce terme est parfois confondu avec le Genroin (chambre des anciens), un corps législatif qui a existé de 1875 à 1890 ; cependant, les Genro n'étaient pas liés à la fondation de ce corps ou à sa dissolution.
     Des chefs expérimentés de la restauration de Meiji ont été choisis par l'empereur comme Genkun, et invités à agir en tant que conseillers impériaux. Excepté Kinmochi Saionji, tous les Genro venaient des familles Samouraï de rang moyen ou inférieur, quatre de Satsuma et quatre de Choshu, les deux anciens domaines qui avaient aidés au renversement de l'ancien Shogunat Tokugawa pendant la guerre de Boshin de 1867-1868. Le Genro avait le droit de choisir les Premiers ministres de l'empereur avec son approbation.
     Les sept premiers Genro étaient des anciens membres du Conseil impérial qui fut supprimé en 1885. Ils sont connus également des historiens sous le terme de l'oligarchie de Meiji, bien que tous les oligarques Meiji n'aient pas été Genro.
     L'institution a pris fin en 1940, avec la mort du dernier Genro, Kinmochi Saionji.

Gokajô no Goseimon : « Le Serment en cinq articles » fut promulgué lors de l'intronisation de l'Empereur Meiji du Japon le 7 avril 1868. Il s'agit d'une description des objectifs à atteindre pendant le règne de l'Empereur, ouvrant ainsi officiellement le début de la modernisation du Japon.
     Elle est très importante dans l'histoire japonaise car c'est par elle que le gouvernement japonais a définitivement décidé d'abandonner la société traditionnelle et d'adopter les façons de faire occidentales pour éviter que le Japon ne devienne l'une des nombreuses colonies européennes. Elle peut être considérée comme la première constitution du Japon moderne.

En voici les cinq clauses :

 

Hinin : Littéralement « non humain ». Désignation de ceux qui formaient la plus basse couche de la société de l'ancien Japon : mendiants, vagabonds et aussi Ninja. Le terme fut supprimé en 1871, dès le début de l'ère Meiji et cette classe sociale rejoignit officiellement celle de la classe moyenne.

Jimmu Tenno : Originaire du Sud de Kien-siou, Kami-yamato-no-Iware-biko serait son vrai nom. Selon les récits semi-légendaires, il serait le premier Empereur du Japon. Il chassa, dit-on, le peuple primitif du pays, représenté comme un peuple chevelu et sauvage, ressemblant aux Ainu qui habitent aujourd'hui Hokkaido. C'est sous le nom de Jimmu Tenno qu'il prit le titre d'Empereur en 660 avant J.C. et choisit Yamato pour Capitale. Il mourut en 585 avant notre ère.

Junshi : C'est un suicide rituel effectué par fidélité, pour suivre son maître ou un supérieur dans la mort. Un Samouraï, ne servant en principe qu'un seul maître au cours de sa vie, accomplissait ce rituel à la mort de son seigneur. Cette pratique fut interdite par le Shogun Tokugawa Ieyasu (1543-1616). L'autre nom du Junshi est le Seppuku ou « Art » de se donner la mort par ouverture de l'abdomen au moyen d'un poignard selon un rituel précis.

Kami : Dieux et Déesses de la religion Shinto. Parmi les plus connus de la mythologie japonaise : Izanagi et Izanami qui seraient à l'origine des îles de l'archipel. Les Kami, forces de la nature, possèdent des vertus et des pouvoirs considérés comme exceptionnels. Certains hommes possédant ces qualités ont été respectés comme des Kami.

Kampaku : Grand Chancelier, Régent. C'est une très haute fonction créée en 882 à la cour Impériale du Japon. Le poste assurait l'exercice d'un pouvoir parfois plus grand dans les faits que celui de l'Empereur qu'il représentait quelque fois.

Kenseikai : Le Kenseikai état un Parti Constitutionnel japonais actif pendant l'ère Taisho et le début de l'ère Showa.
     Il a été fondé en octobre 1916, par la fusion du Rikken Doshikai (Association des amis constitutionnels), du Chuseikai (parti de M. Ozaki) et du Koyu Kurabu (club des amis). Cette fusion lui a donné un total de 197 sièges dans la Chambre basse de la Diète du Japon, formant de ce fait une majorité.
     Le parti était soutenu par le Zaibatsu Mitsubishi, grâce aux liens familiaux de Takaaki Kato, président du parti. Ce dernier visait le poste de Premier ministre du Japon.
     Cependant, à la surprise générale, le Genro a nommé le Général Masatake Terauchi pour le poste de Premier ministre à sa place. Le Kenseikai a alors lancé une motion de censure, qui a fait plus tard dissoudre le gouvernement et a mené à l'isolement la politique du Kenseikai pendant presque une décennie.
     En 1924, le Kenseikai s'est allié avec le Rikken Seiyukai (Association des amis du gouvernement constitutionnel ) et le Kakushin Kurabu pour former une majorité de plus de 150 sièges à la Diète, dans le but de faire tomber le gouvernement de Keigo Kiyoura. Takaaki Kato a été finalement nommé premier ministre, et sa coalition de trois parties (Goken Sampa Naikaku) s'est portée sur une réforme politique intérieur et une politique extérieure modérée. Il a fortement insisté pour gouverner selon la constitution de Meiji, sans influence d'aucune sorte du Genro. Il a également favorisé le suffrage masculin universel et les réformes si nécessaires dans la législation du travail et la situation économique des fermiers.
     Le Kenseikai a fusionné avec le Seiyu Honto en juin 1927 pour former le Rikken Minseito (Parti Démocratique Constitutionnel).

Kodoha : Créée par Sadao Araki, la Kodoha était une faction politique extrémiste et ultranationaliste de l'armée impériale japonaise active dans les années 1920 et 1930. Elle était le principal soutien de la stratégie d'attaque préventive contre l'Union Soviétique et souhaitait établir une dictature impériale ainsi que l'élimination des conglomérats commerciaux (Zaibatsu).

Koku : Unité de mesure pour les grains comme le boisseau. Il servait dans l'ancien Japon à définir les revenus des Daimyo et les salaires versés par l'administration Impériale. Sous Ieyasu Tokugawa le Koku valait 180,3 litres, le valait environ 18,03 litres, le Taka était le prix, et le Chô un peu moins d'un hectare.

Qin Shih Huang Di : (258-210 av. J.-C.) Premier Empereur souverain de la maison de Ch'in. Il régna sur l'ensemble des pays chinois de 221 à 210 av. J.-C. On lui doit le vaste réseau routier et la grande muraille de Chine sur 3000 km. Il est connu pour avoir laissé à sa mort un immense tombeau sur le mont Li, près de la ville de Xian, avec une gigantesque armée de guerriers en terre cuite, grandeur nature. Il est à l'origine de la dynastie Qin.

Rokuhara Tandai : Ce sont les chefs du Shogunat de Kamakura à Kyoto dont l'organisation est responsable de la sécurité dans la région du Kansai et les affaires judiciaires dans l'ouest du Japon et qui négocie également avec la cour impériale. Bien qu'ils maintiennent la sécurité, ils agissent également comme espèce de police secrète et sont très redoutés.
     La fonction de Rokuhara Tandai est mise en place après la révolte de Jôkyû en 1221. Les deux chefs sont appelés Kitakata et Minamikata, Kitakata étant de rang supérieur à celui de Minamikata. Comme pour les Régents des Shogun et leurs assistants, les deux postes sont monopolisés par le clan Hôjô.
     L'organisation est dissoute après la chute du Shogunat de Kamakura suite au siège de Kamakura en 1333.

Ronin : « Homme de la vague ». Au Japon du Xème siècle ce terme désignait des paysans qui s'étaient établis, pour fuir les taxes, sur des terres dont personne n'était encore propriétaire, ni monastère, ni nobles. A l'époque des Tokugawa (1603 - 1868), cette expression désignait un guerrier professionnel (Samouraï) resté sans maître pour diverses raisons : exclu du clan pour faute, n'y trouvait plus d'emploi, à la suite de la destruction de la famille de son Seigneur. Alors libéré de ses engagements, ce guerrier devenait errant, se lançant sur la route ou il pouvait tout aussi bien devenir brigand, donnant du fil à retordre aux forces de police du Shogun, ou redresseur de tort au service des faibles ou encore danger permanent pour les experts d'Arts Martiaux auxquels ils lançaient des défis souvent fatals au cours de leur périples. Certains étaient utilisés pour renforcer les troupes des guerriers à la solde de puissants Seigneurs, d'autres formèrent leur propre école d'art militaire et de combat, d'autres encore devenaient gardes du corps ou gardiens de temples ou villages qui avaient la possibilité de les rémunérés. Les plus célèbres sont les 47 Ronin d'Ako qui se termina tragiquement par le suicide collectif de ces héros, par ordre Impérial le 4 février 1702.

Ryô : Le Ryô est le nom d'une ancienne unité monétaire japonaise précédant le Yen, dérivée du Tael chinois. C'est aussi le nom donné à une ancienne pièce de monnaie japonaise en or pré-Meiji d'une valeur d'un Ryô.
     Son remplacement par le Yen fut décrété par la loi du 10 mai 1871 par l'Empereur Mutsuhito (1852-1912) au début de l'ère Meiji (1868-1912).

Sakoku : (littéralement « fermeture du pays ») est le nom donné à la politique isolationniste japonaise, instaurée lors de la période Edo par le Shogun Iemitsu Tokugawa en 1641 et qui se terminera en 1853 par la convention de Kanagawa sous les pressions du Commodore Matthew Perry. Le terme de « Sakoku » ne fut cependant créé qu'au XIXe siècle.
     La politique d'isolement commença par l'expulsion des ecclésiastiques, puis par la limitation des ports ouverts aux étrangers, l'interdiction d'entrer ou sortir du territoire pour tout japonais sous peine de mort, l'expulsion de tous les étrangers et la destruction des navires capables de naviguer en haute mer.
     La politique d'isolement était aussi bien un moyen de contrôler le commerce avec les autres nations qu'une façon d'affirmer la place du Japon dans une nouvelle hiérarchie en Asie Orientale, s'affranchissant des relations tributaires que le pays entretenait avec la Chine depuis des siècles. Plus tard le Sakoku fut le principal rempart contre l'exploitation des ressources minérales (telles que le cuivre et l'argent) japonaises par les nations étrangères. Bien que l'exportation d'argent via Nagasaki fût stoppée par le Bakufu, l'exportation d'argent vers la Corée continua dans des proportions relativement élevées. Pendant le Sakoku, le Japon continua à se tenir au courant des avancées technologiques occidentales en étudiant les traités médicaux et autres documents néerlandais.

Seiyukai : L'Association des amis du gouvernement constitutionnel fut l'un des deux principaux partis politiques à la Diète du Japon entre 1900 et 1940. Formée le 15 septembre 1900 par le prince Hirobumi Ito, elle se partage le pouvoir jusqu'en 1932 avec successivement le Rikken Doshikai, le Kenseikai puis le Rikken Minseito, lors de la première réelle expérience de gouvernement parlementaire au Japon. Le Rikken Seiyukai a pour base électorale essentiellement les grands entrepreneurs des Zaibatsu, les hauts-fonctionnaires et les grands propriétaires terriens. Elle est conservatrice sur le plan social, protectionniste sur le plan économique et défend une politique étrangère nationaliste, expansionniste en Asie et agressive à l'égard de la Chine. Après l'incident du 15 mai 1932, la prise en main progressive de l'État japonais par les militaires et la division de plus en plus forte du parti en factions limite nettement son influence. Il se dissout définitivement en juillet 1940, pour rejoindre en octobre suivant l'Association de Soutien à l'Autorité Impériale (Taisei Yokusankai), nouveau parti unique créé par le prince Fumimaro Konoe afin de soutenir la politique expansionniste, nationaliste et totalitaire Showa.

Shinkansen : Le Shinkansen, « nouvelle grande ligne », est le système de train à grande vitesse en service au Japon. Ce nom désigne aussi bien les trains que l'infrastructure.
     L'utilisation d'un ensemble de lignes réservées et les technologies employées ont fait du Shinkansen un précurseur et du Japon le pionnier de la grande vitesse ferroviaire lors de sa mise en service en 1964. Ses lignes ont occasionné la construction de multiples ouvrages d'art, à l'image des tunnels et autres viaducs pour franchir les obstacles tout en limitant les courbes à des rayons de 2 500 mètres et les pentes à 1%.
     Son succès commercial a poussé le Japon à développer rapidement le réseau de lignes Shinkansen, qui de nos jours relie les plus grandes villes des îles de Honshû et Kyushu. La vitesse commerciale a également connu une augmentation en passant de 210 km/h à 300 km/h.

Shoen : Domaines donnés en fiefs par l'Empereur à certains nobles, à partir du VIIIème siècle. Ces fiefs finirent par devenir héréditaires et constituaient de véritables États dans l'État exemptés d'impôt.

Shogun : Originellement Sei-i-tai-Shogun, « général en chef contre les barbares ». Titre donné par l'Empereur au VIIIème siècle à des chefs militaires dont le rôle était de repousser les « barbares vers le Nord et l'Est du Japon. D'après l'histoire japonaise, est mentionné pour la première fois en 720, mais porté que temporairement pendant la durée d'une expédition. Le quartier général du Shogun était le Bakufu. Jusqu'en 1868, les Shogun étaient les véritables maître du Japon.

Tang : Dynastie chinoise qui régna de 618 à 906. « Tang » ou « To » est également la traduction de Chine en japonais.

Toseiha : La faction du contrôle, ou Toseiha était une faction politique de l'armée impériale japonaise active dans les années 1920 et 1930. Menée par le général Kazushige Ugaki, assisté de Hajime Sugiyama, Kuniaki Koiso, Yoshijiro Umezu, Tetsuzan Nagata et Tojo Hideki, la Toseiha était un groupe d'officiers unis par leur opposition à la faction Kodoha menée par le général Sadao Araki.
     La Toseiha a essayé de représenter politiquement les éléments conservateurs de l'armée. Beaucoup de membres étaient des diplômés prometteurs de l'école de l'Etat-Major et de l'académie militaire qui étaient préoccupés par l'emphase de la Kodoha dans l'élan de l'armée dans la modernisation et la mécanisation. La Toseiha a encouragé une expansion défensive plus prudente et prévoyait qu'une future guerre serait une guerre totale, et exigerait la coopération de la bureaucratie et des Zaibatsu pour maximiser la capacité industrielle et militaire du Japon.

Ukiyo-e : Mot japonais signifiant peinture du monde qui passe, image du monde flottant, et qui désigne une école picturale et graphique.

Zaibatsu : Définit un grand groupe d'entreprises japonaises, présent dans presque tous les secteurs de l'économie. Ces entreprises entretenaient des participations croisées.
     Ils constituèrent l'épine dorsale du complexe militaro-industriel japonais lors de l'expansion de l'Empire du Japon pendant l'ère Showa (du 25/12/1926 au 7/01/1989). Des Zaibatsu comme Mitsubishi et Nissan furent notamment impliqués dans la fabrication de l'armement et des appareils militaires de même que dans les usines implantées dans les colonies comme le Manchukuo où elles eurent recours à des travailleurs forcés.
     Lors de l'occupation du Japon, entre 1945 et 1947, les Américains voulurent les démanteler pour leur rôle actif dans la Seconde Guerre mondiale. Les Zaibatsu ne disparurent pas, mais prirent une autre structure que l'on nomme maintenant Keiretsu. D'autre part, tous leurs dirigeants ont été exonérés de poursuites criminelles par Douglas Macarthur.

Opération « Lys d'or » : À partir de la fin des années 30, alors que l'armée impériale japonaise pille le Sud-Est asiatique, l'empereur Hirohito lance « l'Opération Lys d'or » (nom de code « Kin No Yuri ») dont l'objectif est la récupération, puis la dissimulation, de son butin de guerre.
     Ce pillage de l'Asie a été conduit par le Prince Chichibu, frère de l'Empereur Hirohito. En octobre 1945 des caches sont découvertes, notamment après l'arrestation du Général Yamashita interrogé par le Capitaine Landsale. L'extraordinaire importance de ces découvertes portée à la connaissance de Macarthur et du Président Truman va jouer un grand rôle pendant la guerre froide. Les trésors découverts, essentiellement des lingots mais également des œuvres d’art, des manuscrits, des pierres précieuses, vont être transférés sous contrôle américain sur 172 comptes en banque répartis dans 42 pays. Sur cette affaire, l'opacité règne et les archives américaines comme japonaises restent secrètes.
     Or le Japon a pillé de manière encore plus organisée, plus systématique, plus vicieuse que les nazis car, de 1895 à 1945, les actes commis par ce pays ne sont pas des pillages et des destructions perpétrés par une soldatesque mais l'utilisation par le « Lys d'Or » des triades, sectes, gangsters et réseaux de distribution de stupéfiants, pour extorquer, kidnapper, violer, mutiler femmes et enfants en vue d'obtenir la soumission des familles. Mais en signant le traité de Paix de 1951, les Alliés ont « renoncés (pour eux et leurs ressortissants) à toutes réparations pour les actes commis par le Japon » Aujourd'hui, des victimes des japonais s'éveillent. Des poursuites collectives, jusqu'ici inimaginables, de la part d'anciens prisonniers de guerre, travailleurs forcés, femmes de « réconfort », victimes civiles, existent et réclament des milliards de dollars. Mais, s'appuyant sur le traité de 1951, le Japon, comme le gouvernement des Etats-Unis, refusent tout dédommagement. Par contre, le Congrès des Etats-Unis commence à soutenir ces plaintes, surtout celles mettant en cause les entreprises ayant profité du travail forcé.

Haut de page
Plan du Site   /   Contact



Nombre de visites : 3 376 120Réalisation (Décembre 2012) et Mises à jour effectuées par Claude Vuichoud(Date de Modification : 19/03/2024)